La première tranche de la finale de la Ligue Africaine s'est soldée dimanche soir à Casa par une parité blanche entre le WAC et l'EST. Un résultat qui laisse les pronostics ouverts dans la mesure où les deux équipes auront une seconde explication, samedi prochain à Radès. Dans un stade archicomble, l'Espérance est parvenue à tenir son vis-à-vis en respect, grâce à une très bonne préparation tant mentale que physique. Le mérite revient en premier lieu, à Nabil Maâloul qui a pu, dans quelque mois, transcender un ensemble espérantiste et le rendre hautement compétitif. Après le doublé, le coach « sang et or » a toute la légitimité de rêver du Grand Chelem, pour offrir à l'Espérance un titre continental convoité depuis dix-sept ans. En effet, sa touche est nettement perceptible sur ces performances qui ont hissé le club sur l'échiquier arabe (1er au classement) et pourquoi pas très bientôt, sur l'échiquier africain. Après avoir su soustraire la furia des Marocains durant le premier half, les coéquipiers du merveilleux Ben Chérifia sont passés à la vitesse supérieure et la machine espérantiste de carburer à plein gaz, laissant les dizaines de milliers de marocains dans les gradins, pantois. D'ailleurs ces derniers devaient quitter le stade complexe Mohamed V avec des sentiments mitigés, car Mouelhi à quelques minutes de la fin, aurait pu et dû transformer le stade en «cimetière». Nettement supérieure sur tous les plans, l'Espérance a légitimé son accession au stade final. Il ne lui reste plus qu'à terminer sa mission en toute beauté. D'ailleurs, elle jouit d'une confiance unanimement reconnue comme celle dont jouit Nabil Maâloul qui a réussi dans tous ses duels avec ses homologues. Ni Abdelhak Benchikha, ni José Manuel, ni encore Michel Decastel ne peuvent prétendre le contraire !! Raouf CHAOUACHI
•De notre envoyé Rafik BEN ARFA Hamdi Meddeb: Appel à notre public pour nombreux à Radès, et discipliné comme de coutume Le Temps : Vos impressions à chaud après ce nul récolté en déplacement face au Wydad ? Meddeb : Je pense que l'Espérance méritait un résultat meilleur rien qu'au vu d'une seconde mi-temps qu'elle a contrôlée de bout en bout et ces nombreuses opportunités de marquer. Toujours est-il que ramener le nul de Casablanca est un tant soit peu rassurant et je tiens à féliciter les joueurs et le staff technique pour ce résultat qui constitue néanmoins une performance Comme je tiens à saluer nos supporters et ils sont très nombreux qui sont venus soutenir par centaines leur équipe en dépit des fêtes de l'Aïd. •Ce nul laisse-t-il supposer que l'Espérance est en mesure de toucher au but ? -Je ne suis pas de cet avis. Ils nous reste un match à jouer devant une équipe du Wydad qui affiche les mêmes ambitions. Je dis et je le ne répéterais jamais assez ; rien n'est encore joué. Personnellement, je n'y croirais qu'au coup de sifflet final. Cela ne m'empêche de dire que j'ai une totale confiance en mes joueurs qui savent qu'à travers l'Espérance ils défendent les couleurs nationales. •Vous venez d'évoquer le rôle des supporters présents à Casablanca. Vous ne pensez pas qu'ils ont été d'une conduite irréprochable ? -En effet et cela n'a pas constitué une surprise pour moi. Je sais que l'Espérance dispose d'un public discipliné, conscient de la réputation de son équipe. Il suffit de l'encadrer et de lui rappeler le rôle qu'il est censé de jouer auprès des joueurs. C'est ce que nous avons fait et continuer à faire, ce soir ( dimanche) il a été exemplaire •Sera-t-il présent samedi prochain ? -Je l'espère. Je profite de l'occasion pour lancer un appel à qui de droit pour permettre à notre nombreux public d'être au rendez-vous. L'Espérance va également défendre le football national, elle a donc besoin de toutes ses forces vives pour être sacrée sur le toit de l'Afrique et aller représenter le football tunisien en Japon.
Nabil MAALOUL - "La stratégie mise en place a été une réussite" - "Je reste confiant, le sacre est au bout de notre parcours" Le Temps : Déjà à la veille de la rencontre vous avez fait part de votre totale confiance quant au résultat final. N'est-ce pas un peu de l'autosatisfaction ? N. Maaloul : C'est plutôt une confiance totale dans mes joueurs. Leur motivation était visible à l'œil nu. La perte du sacre l'année dernière les a marqués à tel point qu'ils tiennent à prendre leur revanche sur le mauvais sort. •Ce ne fut pas, malgré tout, le résultat que vous attendiez. Une victoire pour être plus clair, -Ecoutez, venir à Casablanca jouer dans une ambiance quasiment intenable n'est pas une sinécure. Et l'Espérance rencontre un Wydad de Casablanca qui affiche les mêmes motivations. Enfin, nous aurions pu marquer au moins un but. Ce n'est pas grave, l'Espérance est sur le point d'atteindre l'objectif visé en début de saison. Maintenant il faut garder les pieds sur terre, rester concentrés tout le long des six jours qui nous séparent de la finale retour. •Comment expliquez-vous cette première mi-temps qui a été à 90% à l'avantage du Wydad ? -C'est la stratégie qui a été mise en place pour contrer notre adversaire, le neutraliser et isoler autant que Fabrice et Ajdou. Déjà avec trois pivots, Decastel nous a surpris, toujours est-il que cela était parmi les scénarii que j'avais prévus. •Toujours est-il que les balles longues et les diagonales ont facilité en grande partie la tâche de vos défenseurs ? -Vous savez sans aucun doute que le jeu du Wydad est technique et se base sur les passes courtes. Alors pourquoi ses joueurs ont-ils opté pour ces balles longues ? Pour la simple raison que nous les avons privés de ballons, que notre pressing a réussi. Ils n'avaient donc plus d'autre alternative pour créer des occasions nettes pour marquer. •Ils ont failli le faire à deux reprises sans ces deux réflexes de Ben Chérifia ? -Oui, mais pas sur des attaques placées mais une fois sur corner et une autre sur coup franc. •Alors comment expliquez-vous cette seconde période totalement réussie et à laquelle il n'a manqué que les buts ? -Pour moi, il était clair que les joueurs du Wydad n'étaient plus physiquement au top. Nous avons alors opté pour notre jeu fait d'une seule touche, voire de deux au maximum, nous avons fait courir l'adversaire et créé de nombreuses occasions de buts. En donnant plus de liberté d'actions à Mouelhi, le but était à trois reprises possible. •Ne pensez-vous pas que Mouelhi aurait dû s'y prendre autrement pour loger le ballon là où il fallait ? -Mouelhi a repris le ballon en pleine course, il ne pouvait faire autrement. •Maintenant pensez-vous que le plus dur a été fait et que cette fois-ci sera la bonne pour l'EST ? -Non. Rien n'est encore joué. Le Wydad nous a déjà tenus en échec à Radès en phase des poules. Le souvenir d'une certaine finale contre le Raja est encore dans nos "têtes". C'est pourquoi, je tiens à ce que nos joueurs restent vigilants, concentrés et totalement tout le long de cette semaine qui les sépare du match retour. Il n'empêche. Je reste confiant et optimiste comme je l'ai toujours été d'autant plus que je dispose d'un groupe de joueurs qui allie solidarité, ambition et amour des couleurs.
Les choix de Decastel fortement critiqués Les choix tactiques du coach du Wydad n'ont pas fait l'unanimité au sein des supporters casablancais. Mais Decastel est loin de partager l'opinion d'une grosse partie des aficionados wydadis ? Qu'est-il donc reproché au coach des Rouge et Blanc lors de la manche aller de la finale de Ligue des Champions ? En fait, nombre de supporters marocains ont été surpris par la frilosité tactique du Suisse. Ce dernier avait décidé d'aligner trois milieux défensifs en incorporant Yassine Rami (ex HUSA) en milieu de terrain, en lieu et place d'un attaquant. L'objectif était clair : remporter la bataille du milieu face à une équipe tunisienne qui évoluait avec le seul Ndjeng sur le front de l'attaque. Résultat des courses: le Congolais Fabrice Ondama s'est retrouvé complètement isolé sur le front de l'attaque marocaine, Yassine Lekhel et Ahmed Ajeddou se montrant incapables d'animer le jeu à bon escient. Alors comment expliquer pareille frilosité ? Michel Decastel l'avait clamé haut et fort. L'objectif de cette manche aller était de ne surtout pas encaisser de buts. L'objectif est atteint. Mais cela sera-t-il suffisant au match retour ? Le Suisse s'est également plaint des nombreuses défections qu'il a eues à déplorer, avec notamment le forfait d'El Khalliqui et la blessure de Yajour. Comble de malchance, les Marocains seront peut être privés des services du défenseur Hicham Lamrani, qui s'est blessé hier. Si le stoppeur Benkejjane ne se rétablit pas à temps, Decastel n'aurait qu'un arrière central valide pour la rencontre retour face à l'EST ! C'est dire l'anxiété des supporters marocains qui reprochent également à Michel Decastel son mauvais coaching. L'attaquant Keddioui n'a été incorporé que dans le dernier quart d'heure de la rencontre alors que les Marocains étaient en grosses difficultés dans le compartiment offensif. Désormais, les yeux des supporters casablancais sont rivés sur le stade Radès à Tunis, qui abritera la manche retour de la finale de Ligue des Champions. Si le Wydad venait à échouer si près du but, nul doute que la frilosité tactique de Decastel hier pourrait lui valoir bien des tracas…
En direct de Casablanca Décrassage et thalasso Tout juste après le coup de sifflet final, les joueurs ont été soumis à une séance de décrassage d'une durée de trente minutes. Une fois à l'hôtel et après le dîner, cap sur un centre de thalassothérapie dont le directeur est un ancien international marocain. L'ambiance était belle à voir. Et ce même directeur de faire part de sa surprise de voir une équipe africaine se comporter de la sorte à travers ses joueurs et son encadrement. Pour conclure il a dit que le mot Espérance lui va comme un gant. L'apport de la paire Ben Abdallah-Dridi Encore une fois et ce n'est plus surprenant, les deux envoyés de l'Espérance ont effectué un travail de pro. D'ailleurs Walid Ben Adballah et Khémaïs Dridi le sont dans le sens propre du mot. Ils étaient non seulement au service de la délégation mais également au service des supporters venus de Tunis et d'ailleurs ; transport, hébergement, billets d'accès au stade… Rien n'a été laissé au hasard. Prise en charge Trente et un supporters ont été totalement pris en charge par l'Espérance. Hamdi Meddeb a donné des consignes strictes pour que ces supporters ne manquent de rien : transport par avion gratuit au même titre que le séjour à l'hôtel avec pension complète. Accueil mi-figue, mi-raisin L'accueil des responsables du Wydad n'était pas à la mesure des espérances mises en eux, et encore moins à la mesure de l'événement. Les membres du comité directeur de l'EST ont été ballottés d'un bout à l'autre d'une partie des gradins pour leur trouver des places assises. Seules cinquante billets d'accès au stade ont été délivrés à la délégation. Quant au comportement du public, il a été bien mauvais : jets de bouteilles et d'autres projectiles divers sur les supporters de l'Espérance outre les jets de fumigènes. Et aucune réaction de la part de ces derniers. Mais bravo pour le service d'ordre marocain qui a été à la hauteur 300 supporters Peut être un peu moins, peut être même un peu plus. Ils sont venus de partout de Tunisie bien sûr, mais également d'Algérie, d'Allemagne, de France. Avec promesses d'être présents samedi prochain à Radès Surprenantes présences Il y a des années que nous n'avons pas noté la présence d'anciens responsables de l'Espérance. Cette fois-ci notre surprise était grande de voir Ahmed Hidadane accompagner l'Espérance à Casablanca accompagné d'un autre supporter incontournable en la personne de Mourad Boumaizi, Ahmed Hedidane a encadré les cadets et les juniors de l'Espérance de 1960 à 1973 L'aveu de Mohamed Fakher L'ex-entraîneur de l'ESS et du Raja a fait de la déclaration suivante : « le 5 à 1 concédé par l'Espérance devant l'Etoile a été le déclencheur de la montée en puissance de l'équipe. Et pour cause : un entraîneur de haut niveau, un encadrement de grande qualité et des joueurs de valeur. Aucune équipe autre que l'Espérance ne mérite le titre de champion d'Afrique". A propos de l'Etoile, il dira : "Une grande équipe, des supporters omniprésents et attachants. L'équipe est victime du comportement de Chokri Laâmiri et Ziad Jaziri, lesquels s'immisçaient dans mes choix tactiques. Ceci a précipité mon départ de l'Etoile".
Le jeu et les joueurs Le phénomène Ben Chrifia Les Sang et Or peuvent dire un grand merci à leur jeune gardien de but, qui s'est montré décisif à trois reprises en l'espace de 2 minutes aux alentours de la demi-heure de la première période. Mais que dire également de la très belle tenue des deux défenseurs africains : le Camerounais Banana et le Malien Coulibaly ont été des remparts quasi infranchissables pour les attaquants marocains. En milieu de terrain, Majdi Traoui et Khalid Korbi ont étouffé les velléités offensives des Rouge et Blanc. Pour leur part, Msakni et Ndjeng ont joué un rôle des plus ingrats, en participant également à l'effort défensif collectif de l'Espérance. Wydad Ondama livré à lui-même Côté marocain, c'est l'attaquant congolais Fabrice Ondama qui a véritablement tiré son épingle du jeu. Le joueur a importuné la défense de l'Espérance grâce à sa vitesse de course et à sa belle technique en mouvement. Seul petit bémol : le Congolais était livré à lui-même sur le front de l'attaque marocaine, ce qui a considérablement réduit son pouvoir de nuisance. Pour sa part, le gardien de but Lemyaghri s'est montré fidèle à lui-même en étant décisif quand les Rouge et Blanc le nécessitaient le plus. L'une des grosses révélations de cette confrontation restera sans conteste Yassine Rami. L'ancien joueur du Hassania Agadir, qui était plutôt attendu sur le côté droit de la défense, a été incorporé en tant milieu défensif. Il a accompli sa tâche avec un sang froid étonnant, se montrant même dangereux sur les coups de pied arrêtés marocains.
