Dans le cadre du programme des conférenciers éminents de la Banque africaine de développement, M. Ha-Joon Chang, professeur à l'université de Cambridge, a présenté une intervention sur «l'histoire économique du monde développé : leçons pour l'Afrique», et ce le 26 février 2009 à Tunis. Les politiques néolibérales que prônent les économistes du monde développé ont eu un impact négatif, voire «des résultats désastreux en Afrique», souligne M. Chang. En effet, en Afrique subsaharienne, le taux de croissance du revenu par habitant a chuté pour atteindre 0,3% entre 1980 et 2004 alors qu'il était de 1,6% dans les années 60 et 70. Le redressement que vit certains pays africains, depuis quelques années, serait dû à l'envolée des cours de matières premières. «Mais en l'absence de la stratégie industrielle systématique qu'exige le néolibéralisme, très peu de ces résultats positifs se sont traduits par la transformation structurelle et les améliorations technologiques nécessaires pour une croissance autonome», a insisté M. Chang. Il est clair, donc, que l'échec du néolibéralisme serait dû à l'absence d'une politique stratégique de développement. Loin donc des spéculations sur les conditions climatiques et sur les tensions ethniques, qu'une majorité adopte pour justifier le retard de l'Afrique. Bien que ces facteurs jouent un rôle dans le ralentissement de la croissance, mais ils ne sont nullement un handicap au développement. «De mauvaises conditions climatiques n'entraînent pas le sous-développement ; au contraire, l'incapacité d'un pays à surmonter les mauvaises conditions climatiques n'est qu'un symptôme du sous-développement», a expliqué M. Chang. Pour le conférencier sud-coréen, il suffirait juste de faire preuve d'imagination, de pragmatisme et d'innovation dans la mise en place de politiques économiques efficientes. M.O