La problématique de la passation des marchés publics en Afrique a rassemblé, ce lundi 16 novembre 2009 à Tunis, politiciens et stratèges africains en vue de discuter des solutions à mettre en oeuvre pour promouvoir la croissance économique dans le continent. Organisé par la Banque africaine de développement, ce forum de "haut niveau" sur les réformes des marchés publiques en Afrique a pour thème «la contribution au développement économique et à la réduction de la pauvreté dans le contexte de la crise économique». «Notre objectif, par la tenue de ce forum, est d'identifier les différents défis auxquels font face les pays africains pour la passation des marchés. Il s'agit de déterminer des stratégies efficientes et d'aider les institutions financières partenaires à bien désigner leur support», a précisé M. Gabriel Negatu, directeur du département de la gouvernance et des réformes économiques et financières à la BAD. La vraie problématique réside, en fait, dans les lois et les réglementations elles-mêmes et la capacité à les implémenter. Il est aussi question de la disponibilité des ressources humaines et des moyens financiers, qui sont deux obstacles majeurs. M. Negatu ajoute à ces obstacles le manque d'harmonie entre les pays africains, ce qui pose beaucoup de problèmes vus la non concordance des législations, estime-t-il. De son côté, M. Vinay Sharma, directeur du département des acquisitions et des services fiduciaires à la BAD, a évoqué le rôle du secteur privé, mettant en exergue l'absence d'un cadre légal pour l'encourager à se présenter dans les marchés publics. «Très souvent, les mécanismes de contrôle ne sont pas suffisamment indépendants. Il faut mettre en place un système très fort pour encourager le secteur privé et permettre l'intervention de la société civile. D'ailleurs, il est commun de lier la passation des marchés publics aux lois et réglementations. Et on oublie toujours qu'il faut prendre en compte le contexte économique et de mettre en place un mécanisme de gestion des finances publiques. Le mécanisme de passation n'est pas un système en soi, mais un système dans une perspective globale», a-t-il expliqué. L'avantage de la mise en place d'un système de passation des marchés réside dans la réduction de la pauvreté et dans la stimulation de la croissance économique. «C'est un système qui permet la transparence. De surcroît, ceci permet d'éradiquer la corruption et d'économiser l'argent ; ce qui équivaut à réduire la pauvreté», indique M. Negatu, en ajoutant que les recommandations du forum de Tunis porteront sur les moyens à développer des stratégies efficientes pour les pays africains. Pour les partenaires de la BAD, à l'instar de l'ONU et de la Banque mondiale, il s'agit de déterminer les moyens d'aide et de soutien à ces pays. Ouvrant le forum, M. Abdelhamid Triki, secrétaire d'Etat auprès du ministre du Développement et de la Coopération internationale, a souligné que le volume de la commande publique, en Tunisie, a évolué parallèlement à l'augmentation du PIB, soit 18% de celui-ci. Il a ajouté que le cadre réglementaire des marchés publics se caractérise par la consécration du recours à la concurrence, l'égalité des candidats devant la commande publique et la transparence des procédures à travers la création d'organismes chargés de veiller au respect de ces procédures, par le contrôle a postriori. Il faut rappeler qu'un premier forum sur ce thème avait été organisé, en décembre 1998 à Abidjan, discutant des défis majeurs de la modernisation des systèmes de passation de marché en Afrique. Le présent forum se propose de réaliser un consensus africain sur une stratégie commune pour la passation des marchés publics en Afrique, qui sera couronné par une "déclaration de Tunis sur les réformes des marchés publics en Afrique pour soutenir la croissance économique et réduire la pauvreté", le 17 novembre 2009.