En l'espace de deux mois, deux rapports, qui font autorité dans le monde de l'investissement en Tunisie, s'accordent pour admettre que les problèmes financiers rencontrés par les entreprises et les PME tunisiennes sont d'ordre structurel. Le premier rapport est élaboré par la Banque mondiale sur le cadre de partenariat stratégique (2010-2013) avec la Tunisie, tandis que le second est confectionné par le ministère de l'Industrie et de la Technologie avec le concours de l'Union européenne sur l'évaluation de la mise à niveau en Tunisie En vertu de conclusions d''enquêtes faites auprès d'entreprises tunisiennes et reproduites par les rapports, les deux problèmes majeurs qui entravent la croissance des entreprises ont trait aux difficultés d'accès au crédit bancaire et à son coût estimé très élevé. Selon les deux documents, en moyenne, les banques tunisiennes exigent des garanties «sévères» variant entre 155% et 167% du prêt garanti. Pour la Banque mondiale, la contribution du secteur bancaire demeure modérée. En fonction du secteur, le secteur bancaire apporte entre 11 et 24% du financement à long terme. Les deux rapports sont unanimes pour souligner, également, la faible part que détiennent les institutions financières autres que les banques dans le financement des investissements (la Bourse 0,67%, les SICAR 1,5%, le leasing 3%...). Pour mémoire, les principaux types de financement disponibles pour les PME en Tunisie sont : le financement bancaire qui peut aider les PME lors de la phase opérationnelle (besoins de fonds de roulement, investissement ), le factoring et leasing qui peuvent aider à financer les opérations (et, dans le cas du leasing, constitue parfois une alternative à l'investissement), le marché boursier qui apporte des financements à moyen et long terme, et le capital-risque destiné aux entreprises dans leur phase de démarrage. Le ministère de l'Industrie et de la Technologie relève dans son rapport «qu'une part importante des projets d'innovation n'est pas finalisée à cause, essentiellement, du manque de financement». Le même rapport ne se contente pas de relever les insuffisances. Il prescrit une recette en quatre points pour pallier le faible apport des institutions financières locales en matière de financement de l'investissement. Il s'agit d'inciter les entreprises à s'introduire en Bourse pour consolider leur assise financière. Cette introduction, précise le rapport, permettra de hisser le marché financier au niveau des marchés des pays émergents et de renforcer sa capacité d'attirer l'épargne des investisseurs tunisiens et étrangers. Les SICAR sont appelées, quant à elles, à prendre plus de risque et à jouer pleinement leur rôle en tant qu'associés en limitant le recours au partage comme élément de financement des entreprises. L'accent doit être mis sur la réduction du coût du crédit bancaire et sur la facilitation de son accès. Enfin, le rapport recommande de développer et de diversifier les mécanismes de financement des projets d'innovation.