Selon le recueil des statistiques de 2011 de la Banque mondiale sur les migrations et leur apport financier dans la consolidation des équilibres macroéconomiques de leur pays respectifs (Migration and Remittances Factbook 2011), les montants déclarés à ce titre devraient atteindre 325 milliards de dollars en 2010, contre 307 milliards de dollars en 2009, ce qui constitue, d'après le rapport, une source de revenus considérable et un matelas de devises à même de permettre aux pays en développement de faire face, tant bien que mal, à la crise actuelle, de boucler des budgets en souffrance et de préserver les investissements prévus dans le domaine social (éducation, santé, formation professionnelle, infrastructures). "Les principaux pays à l'origine, en 2009, des envois de fonds des différentes diasporas étaient les Etats-Unis d'Amérique, l'Arabie Saoudite, les émirats du Golfe, la Suisse et l'Allemagne", déclare Hans Timmer, directeur du Groupe des perspectives de développement de la Banque mondiale, pour qui, ces entrées massives de capitaux ont représenté, l'an dernier, 25% du PIB des pays bénéficiaires de cette manne, favorisé l'essor des petites et moyennes entreprises, gisements de l'employabilité de demain, fixé sur place, grâce à des programmes d'emploi volontaristes, des pans entiers d'une population juvénile en quête d'intégration sociale et entretenu un niveau de vie respectable chez les familles des migrants. Flux et reflux de la carte migratoire En 2008 et 2009, précise Dilip Ratha, chef de l'unité Migrations et envois de fonds à la Banque mondiale, l'argent frais en provenance des pays à revenu élevé, tentés en temps de crise, de faire barrage à la circulation des personnes, a constitué un filet de sécurité pour les pays pauvres, confrontés à l'effondrement des flux de capitaux privés provoqué par la descente aux enfers des principales places financières de la planète. Toutefois, d'après certains experts, en dépit du chômage, de la déprime, du marasme économique, qui sévit dans plusieurs pays occidentaux et du tassement de la croissance dans les pays d'accueil, les envois de fonds continueront d'augmenter en 2011 et 2012 et pourraient même dépasser 370 milliards de dollars dans deux ans. Une aubaine. A condition de démultiplier leur impact, affirment des analystes. Au fait, au niveau de la carte du marché mondial des envois de fonds, les fluctuations font partie intégrante d'un ordre capitaliste international financiarisé à l'excès, dérégulé, multipolaire et en formation concurrentielle féroce. A cet effet, l'Afrique du Nord et subsaharienne, l'Amérique latine, le Moyen-Orient, l'Asie centrale et les Caraïbes ont enregistré, en 2009, une baisse plus accentuée que prévu de l'argent des communautés expatriées. En revanche, les transferts monétaires des travailleurs migrants en direction de l'Asie du Sud et de la région du Pacifique ont considérablement progressé durant la même année, ce qui donne un nouvel éclairage sur les rapports marchands de la planète, la marche générale du libre-échangisme et les futurs centres de la croissance mondiale. In fine, d'après le Factbook 2011, si l'Amérique du Nord, la Russie, l'Allemagne et la Scandinavie demeurent une destination prisée pour tous les candidats potentiels à l'émigration, à la recherche de nouveaux horizons, les premiers pays d'immigration, en pourcentage de population, sont le Qatar (87%), Monaco (72%), les Emirats arabes unis (70%), le Koweït (69%) et Andorre (64%). Cela dit, le plus important couloir migratoire du monde cette année, indique l'étude de la Banque mondiale, est la rivière mythique du Rio Grande, frontière naturelle entre le Mexique et les Etats-Unis d'Amérique, hantise des autorités yankees et objet de tous les fantasmes chez les Latinos du sud. Viennent ensuite les couloirs Inde- Bengladesh et Russie-Ukraine.