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Dans sa guerre contre les islamistes, Kaïs Saïed gagne haut la main
Publié dans Business News le 06 - 04 - 2021

La hache de guerre est déterrée, les combats sont déclarés et on en est à compter les coups entre le Parlement du Bardo que préside l'islamiste Rached Ghannouchi et le palais de Carthage que préside le constitutionnaliste Kaïs Saïed. On n'en est plus dans les déclarations à droite et à gauche, on est dans le réel. Tunisiens, à vos pop corn.
Cette guerre, on sait quand elle a commencé et on ne sait pas quand, ni comment, elle va finir.
Parce qu'il sait que les islamistes sont des menteurs, des tricheurs et des voleurs (il l'a insinué à plusieurs reprises), Kaïs Saïed a ouvert les hostilités l'hiver dernier en désignant à la Kasbah un candidat venu d'ailleurs.
La constitution est claire. Celui qui gagne les élections législatives doit choisir un candidat parmi ses rangs. Ennahdha a choisi Habib Jamli, mais ce dernier n'a pas obtenu le vote de confiance. Dans ce cas, ce n'est plus le parti vainqueur aux élections qui choisit, mais le président de la République qui nomme un chef du gouvernement après concertation avec les partis représentés au parlement.
Kaïs Saïed a respecté la forme, mais pas le fond, ni l'esprit démocratique en choisissant Elyes Fakhfakh dont le nom n'était cité que par deux partis. Rapidement éjecté de la Kasbah, à la suite d'un scandale lié à un conflit d'intérêts, M. Fakhfakh n'est pas resté longtemps à son poste. Kaïs Saïed devait choisir quelqu'un d'autre. Bis repetita, il respecte la forme en consultant les partis (à qui il a demandé de déposer une lettre avec leurs recommandations dans la guérite de permanence de la garde présidentielle), mais choisit un candidat ne faisant aucune unanimité. Il devait, pensait le président, être l'exécutant de sa politique.
Aussitôt proposé à la Kasbah, Hichem Mechichi trahit Kaïs Saïed et conclut des accords avec les partis majoritaires au Parlement pour obtenir le vote de confiance. Mission accomplie pour lui, mais son succès fut de courte durée, puisqu'il s'est mis à dos le président de la République qui jure sa fin. Ce dernier a tenté de conclure un accord avec Rached Ghannouchi pour renvoyer le « traître », mais le parti islamiste a refusé net. Le soutien du parti islamiste Ennahdha (et ses deux pare-chocs Karama et Qalb Tounes) au chef du gouvernement est périodiquement renouvelé. Jusqu'à hier lundi 5 avril.
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C'est le début de la guerre. Kaïs Saïed a désormais un front face à lui et il est le seul à le combattre. Seul ? Pas vraiment. Kaïs Saïed est convaincu d'avoir raison et d'avoir le peuple à ses côtés. Les sondages (qui lui accordent près de 50% d'opinions favorables) ne peuvent que le réconforter dans sa position. Ce peuple, il le prend régulièrement à témoin à travers des discours enflammés dans lesquels il traite ses adversaires de traitres, de voleurs, de corrompus, de repris de justice…
En dépit du vote de confiance obtenu au Parlement, le président de la République refuse d'organiser la cérémonie de prestation de serment du nouveau gouvernement en se basant sur un texte de la constitution qu'il interprète à sa guise. Et c'est là le nœud du problème, car Kaïs Saïed tord les textes de la constitution de telle sorte qu'ils servent sa cause.
Cette arrogance présidentielle dérange les islamistes qui le font savoir, quasi quotidiennement, à travers des posts injurieux sur les réseaux sociaux. Sur ce registre, Rafik Abdessalem, gendre du président du Parlement, donne le la aux troupes islamistes qui s'exécutent immédiatement pour insulter et injurier le président de la République. Ce dernier voit tout et ne rate rien.
Les islamistes tentent une autre approche, la victimisation, en dévoilant la stratégie du président pour faire éjecter le président du Parlement de son perchoir. Ce fut leur « toutou » Rached Khiari aux manettes qui a fait fuiter des enregistrements d'une conversation confidentielle avec un député réputé proche du président. La tentative a fait pschitt, elle n'a pas mobilisé l'opinion publique contre le président. Mieux encore, la justice a ordonné l'arrêt des fuites.
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Il fallait tenter une nouvelle approche pour isoler le président et lui faire cesser ses manœuvres. C'est ainsi que les islamistes se sont rendus compte que la Tunisie n'a pas encore de cour constitutionnelle. C'est-à-dire pas d'arbitre pour trancher les institutions de l'Etat. Une cour qui aurait dû voir le jour depuis 2015 d'après la constitution.
« Il vaut mieux tard que jamais », ont pensé les islamistes pressés d'en finir avec le président de la République. Ils agissent dans l'urgence et concoctent un projet de loi ad-hoc de sorte à obliger la présidence de la République, le conseil supérieur de la magistrature et l'assemblée à élire les membres de la cour constitutionnelle. Parmi les membres de cette cour, on retrouve deux enseignants de la chariâa à l'Université de la Zitouna.
Kaïs Saïed voit le piège de loin. Non seulement, il refuse de voir des experts en la chariâa s'infiltrer dans la cour constitutionnelle et s'immiscer dans la constitution, mais il refuse que les islamistes nomment les leur dans cette cour. Car l'étape d'après, pense-t-il, serait de l'éjecter du palais de Carthage et ceci n'est possible que s'il y a une cour constitutionnelle.
Il renvoie donc le projet de loi à ses expéditeurs en se basant sur un détail obsolète qui a échappé à tous les députés. Il rappelle l'article 148, paragraphe V de la constitution, selon lequel la cour devait être créée en l'espace d'un an après les élections de 2014. Comme elle n'a pas été créée en 2015, elle ne peut pas être créée maintenant. C'est sa lecture de la constitution et elle fait foi, pense-t-il.
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Samedi 3 avril, il envoie un long courrier au président du Parlement rempli de messages entre les lignes. Les accusations de corruption et de trahison et les procès d'intention caractérisent ce courrier hors du commun.
Mardi 6 avril 2021, il remet une couche à l'occasion d'un discours prononcé en marge de la célébration du 21ème anniversaire du décès du leader Habib Bourguiba.
Il accuse ses adversaires de tous les maux, il épingle leur corruption, il évoque l'argent sale, il les traite de lâches et de voleurs.
Sans aucun doute, ce discours du 6 avril 2021 est le plus offensif que Kaïs Saïed ait jamais prononcé.
Comme dans tous ses précédents discours, il jure de respecter à la lettre la constitution et il prend le peuple à témoin.
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Les islamistes ont beau crier au scandale et dire que l'interprétation présidentielle propre et unilatérale de la constitution ne représente pas forcément la vérité, ils sont inaudibles.
Avec ses 2,7 millions d'électeurs, ses plus de 50% d'opinions favorables et l'animosité contre les islamistes qui caractérise les médias et l'opinion publique, Kaïs Saïed bat ses adversaires à plate couture.
Il a appris à jouer sur les cordes sensibles qui font vibrer les masses. Il rappelle ainsi qu'il est musulman croyant et pratiquant leur enlevant ainsi leur principal fonds de commerce. Il exploite même le filon pour les tacler en rappelant que le bon musulman ne ment pas. Il rappelle aussi que la Tunisie ne manque pas d'argent, la preuve les millions de dinars dépensés, en devises, lors de leurs campagnes électorales.
Ils veulent la cour constitutionnelle pour servir leurs desseins ? Tant qu'il est là, celle-ci ne verra pas le jour.
Ils infiltrent le gouvernement ? Tant qu'il est là, celui-ci sera affaibli.
Ils infiltrent la justice et les institutions de l'Etat ? Il a suffisamment de prérogatives pour déjouer leurs manœuvres.
Ils volent l'argent de la Tunisie ? Il est là pour les dénoncer.
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On ne sait pas si la guerre entre Kaïs Saïed et les islamistes a atteint ou pas son apogée, mais les combats ne manquent pas entre les deux parties pour le plus grand bonheur (ou désarroi) des observateurs tunisiens.
La cour constitutionnelle, l'économie, le pouvoir d'achat, la situation sanitaire ? Ce n'est pas important, nos gouvernants sont en train de s'entretuer et ce n'est pas plus mal. Cette guerre contre les islamistes devait avoir lieu depuis 2011 et on ne cesse de la reporter. Peut-être qu'il faudrait la mener une bonne fois pour toutes avant de passer à la véritable construction de la Tunisie postrévolutionnaire. Car si Kaïs Saïed a raison sur une chose, c'est bel et bien celle-ci : la Tunisie postrévolutionnaire ne peut pas être construite avec ceux qui n'ont pas cessé de déconstruire et de voler l'Etat depuis qu'ils sont là.

Nizar Bahloul


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