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La faiblesse du gouvernement Mechichi est à inscrire dans les annales
Publié dans Business News le 12 - 04 - 2021

Il est jeune, il est issu de la classe moyenne qui s'est battue pour réussir, il est un parfait produit de l'administration tunisienne et il a tout pour réussir. Pourtant, et avec grand regret, force est de constater que notre chef du gouvernement Hichem Mechichi est le plus faible chef du gouvernement / Premier ministre de l'Histoire de Tunisie. Encore plus faible que Hamadi Jebali qui cherchait son gouvernement et de Ali Laârayedh qui fut surpris par derrière quand il attendait ses adversaires par devant.
Plusieurs de nos proches amis (lecteurs, lobbys, clients) nous ont reproché notre sévérité vis-à-vis de Hichem Mechichi en nous invitant d'être plus cléments envers lui, de le laisser travailler et de l'encourager à aller de l'avant. Il fallait comprendre, argumentent-ils, qu'il a pris la commande d'un pays au bord de la faillite, en pleine crise politique, économique et sanitaire, qu'il n'avait d'autre choix que de trahir le président et de s'allier aux blocs majoritaires du Parlement, qu'il n'avait pas de background politique, etc.
Tout ceci est vrai et à prendre en considération dans toute analyse sur les performances et les contreperformances du chef du gouvernement. Sauf qu'il est des moments où l'on se doit, en tant que média responsable, de tirer la sonnette d'alarme, voire de crier stop, basta, ça suffit.
Hichem Mechichi a montré qu'il est limité et irréfléchi et est une marionnette entre les mains des lobbys islamistes. On a beau lui chercher des excuses pour certains de ses actes, on ne lui en trouve pas.

Pour justifier ce triste constat, je rebondis sur trois événements qui ont eu lieu cette semaine.
Le premier est cet huissier envoyé par la CNSS pour saisir des biens de la radio Shems FM pour défaut de paiement des cotisations sociales.
Cette radio, fondée par Cyrine Ben Ali fille de l'ancien président de la République, a été confisquée en 2011. Elle a toujours figuré parmi les radios les plus écoutées du pays. Sauf qu'elle a toujours été déficitaire, demandant régulièrement le secours de la holding de l'Etat, El Karama. Comment se fait-il qu'une radio de l'Etat ne paie pas les cotisations sociales de ses employés ? Allez comprendre ! On ne compte plus les entreprises privées lynchées sur la place publique pour les mêmes faits et dont les patrons sont systématiquement qualifiés de voleurs et de corrompus.
Les précédents gouvernements ont essayé de vendre cette radio à des privés, mais ils se sont cassé les dents, car l'Etat surévalue ce bien. Il veut vendre Shems avec ses créances abyssales, chose que les investisseurs refusent. En dépit de son audience, son déficit ne fait que se creuser d'un mois à l'autre.
Pour résoudre le problème de Shems, il n'y a pas 36.000 solutions, il faut rééquilibrer ses comptes. Il faut donc un bon manager. Son business model est basé essentiellement sur les recettes publicitaires, il lui faut donc quelqu'un capable de lui générer de la publicité en adéquation avec sa formidable audience.
Au lieu de trouver ce bon manager expérimenté en la matière (une perle rare, à vrai dire), Hichem Mechichi a nommé à la tête de Shems une journaliste sans expérience aucune dans la direction des médias !
Si l'on ramène un journaliste pour diriger un média, c'est que l'on cherche à résoudre un problème avec le contenu. Or il n'y a pas de souci particulier avec la programmation et la rédaction de la radio, la preuve son audience. Pourquoi donc nommer une journaliste ? Sans faire de procès d'intention, disons que Hichem Mechichi donne l'impression qu'il veut changer la ligne éditoriale de la radio. Ceci sur le fond. Sur la forme, et alors que la radio est gérée par l'Etat, Hichem Mechichi n'a consulté personne avant de nommer la nouvelle directrice générale, alors qu'il devait obligatoirement obtenir l'avis conforme de la Haica, gendarme de l'audiovisuel, comme le mentionne le décret-loi 116.

Le deuxième événement de la période passée est la nomination du journaliste Kamel Ben Younes à la tête de l'agence de presse publique Tunis Afrique Presse (Tap). Une nomination qui a déclenché l'ire du personnel, en sit-in lui aussi.
La Tap n'est pas déficitaire, mais son aura d'antan a disparu. Un journaliste à sa tête pourrait la revigorer et c'était l'objectif de l'ancienne PDG, la journaliste Mouna Mtibâa. Pourquoi la remplacer alors qu'elle n'a pas encore un an à ce poste ? Allez comprendre ! Remplacer une journaliste par un autre n'est pas critiquable en soi, sauf que Kamel Ben Younes n'est pas la bonne personne. Son pédigrée ne lui permet pas de diriger une agence publique, lui qui a toujours été un journaliste politisé. Il était islamiste, quand il était étudiant, proche du RCD et des sphères du pouvoir sous Ben Ali et, depuis la révolution, proche d'Ennahdha et des sphères du nouveau pouvoir. Il est libre de ses choix politiques, mais il doit assumer leurs conséquences. En aucun cas, il ne peut diriger une agence publique, dont la neutralité et l'équidistance avec toutes les tendances politiques est une exigence.
En nommant Kamel Ben Younes, Hichem Mechichi donne l'impression qu'il a répondu favorablement à une demande d'Enanhdha, le parti islamiste qui n'a jamais caché sa volonté de faire main basse sur toutes les structures de l'Etat, dont les médias, surtout les médias. Cette génuflexion devant Ennahdha est juste insupportable.

Le troisième événement est ce couvre-feu de 19 heures proposé par le comité scientifique de lutte contre le Covid-19 et validé par Hichem Mechichi.
Comme chacun sait, ce type de décision est impopulaire. Les gens sont lassés, exténués, appauvris par ces mesures sanitaires. Un peu partout dans le monde, on observe des manifestations pour protester contre les décisions gouvernementales de restrictions liées au Covid-19. Sauf que voilà, on n'y peut rien, ces mesures sont nécessaires, surtout quand le taux de contamination est élevé et que les lits d'hôpitaux se font rares. C'est le cas de la Tunisie et la décision de Mechichi est sensée. Elle est liberticide et impopulaire, mais elle porte un sens.
Ce qui n'a pas de sens, en revanche, c'est qu'une telle décision n'a pas été accompagnée par les mesures économiques nécessaires. Il fallait que les syndicats représentatifs des cafés et restaurants crient au scandale et au secours pour que Mechichi se rappelle de l'existence de ces gens que le couvre-feu va mettre sur le tapis. Bon à rappeler, le chiffre d'affaires généré par les cafés durant le mois de ramadan est équivalent au chiffre généré durant les onze autres mois de l'année. Si l'on prive de travail nocturne les cafés, pour la deuxième année de suite, cela signifie la banqueroute pour eux et le chômage pour les dizaines de milliers de leurs personnels.
Hichem Mechichi devait obligatoirement penser aux conséquences économiques de sa décision politique avant de décider le couvre-feu et les nouvelles mesures.
Rebondissement le 9 avril, au matin, quand Kaïs Saïed rencontra Hichem Mechichi. Le président de la République a quasiment sermonné le chef du gouvernement à propos des nouvelles mesures sanitaires. Plutôt que de défendre son choix, éminemment politique et faisant partie totale de ses prérogatives, Hichem Mechichi s'est réfugié derrière le conseil scientifique. « Le choix est politique », réplique le président du tac au tac.
Rétropédalage immédiat, le chef du gouvernement décida enfin de retarder le couvre-feu à 22 heures le lendemain.
S'il faut une preuve pour démontrer la faiblesse de Hichem Mechichi, c'est bien celle-là !
S'il était sûr de la justesse de ses choix et s'il voulait jouir de toutes ses prérogatives, gravées dans la Constitution, Hichem Mechichi ne devait en aucun cas rétropédaler devant le président. Il se devait de dire au président que l'instauration du couvre-feu à 19 heures est une nécessité sanitaire et lui rappeler que les taux d'occupation des lits d'hôpitaux étaient à 100% dans certaines régions. Il se devait de demander au président de ne pas piétiner ses prérogatives.
Sauf que Hichem Mechichi a été faible et a préféré rétropédaler devant un président de la République populiste à jamais.

La vérité est que le couvre-feu à 19 heures est une aberration. Les bus et métros sont bondés tout au long de la journée, ce ne sont pas les sorties nocturnes qui vont changer grand-chose. Sa décision première étouffe l'économie et la société et il l'a prise sans penser aux conséquences et sans prendre les mesures d'accompagnement adéquates.
A la base, Hichem Mechichi était faible devant le conseil scientifique en suivant, sans réfléchir, leurs recommandations. En cédant aux directives du président de la République, il n'a fait que corriger sa faute par une autre faute.
Cette faiblesse de Hichem Mechichi s'accompagne par la faiblesse de tout son gouvernement. Comme chacun sait, la moitié des ministres chapeaute deux ministères par intérim. C'est juste inhumain ! Un département ministériel exige la présence totale et permanente d'un ministre. Des départements qui fonctionnent, depuis des mois, avec des ministres présents la moitié du temps, ne peuvent en aucun cas fonctionner normalement.
Hichem Mechichi est faible, il est fatigué, il prend de mauvaises décisions, il hésite, il rétropédale, il ne défend pas ses prérogatives, il se fait manipuler. C'est un triste constat pour ce jeune quadra qui a raté son rendez-vous avec l'Histoire.


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