Le 25 juillet, dans une déclaration, le Président Kaïs Saïed a réagi positivement face au grand soulèvement populaire précédé par une forte mobilisation sur les réseaux sociaux et qui exprimait une triple exaspération : -Face à la gestion catastrophique de la pandémie d'où la colère exprimée contre le gouvernement Mechichi et l'exigence de son départ. -Face à l'incurie parlementaire avec son spectacle tragi-comique, déconcertant où la violence verbale et physique est banalisée où l'inefficacité est notoire avec un président dont l'incompétence a été aussi notoire et de plus, il est honni par la quasi-totalité de la population. Sa présence à la tête du parlement est ressentie comme une marque d'insolence et de défi contre l'appréciation très négative par la population. -Enfin l'exacerbation face à la nocivité de la particratie dont l'épicentre est Ennahdha. Particratie, ou la corruption l'avidité du butin et le sentiment d'impunité sont dominants. En effet, Ennahdha et son chef pour les contestataires, sont tenus pour redevables du dévoiement du processus démocratique issu de la révolution et des échecs des gouvernements successifs qu'ils ont marqué de leur empreinte et qui par leurs politiques ont entraîné la détérioration économique et aiguisé les conflits sociaux Enfin et c'est essentiel , la demande de la population révoltée est l'avènement d'un nouveau régime politique susceptible de faire sortir le pays du marasme politique prolongé et ses conséquences négatives aux plans économiques et sociaux. A ces revendications populaires légitimes, Kais Saïed par sa déclaration au soir du 25 juillet a répondu positivement et il a été en phase avec la demande de la population et endossé ses exigences. De la sorte il a contribué aussi à faire du 25 juillet un évènement historique avec un avant et un après cette date Le défi pour le Président est de construire l'après ce 25 juillet 2021. D'abord la gestion de la pandémie une demande immédiate et urgente Ensuite, la remise en marche de l'économie avec le déficit des finances publiques et l'endettement (négociations avec les institutions internationales et européennes..) Enfin et c'est essentiel pour lui , l'engagement du processus de révision constitutionnel par référendum et de la mise en place du nouvel ordre politique basé sur le renversement de la pyramide délibérative et la mise effective du contrôle populaire local. La constitution d'un nouveau gouvernement qu'il dirigera sera décisif car c'est à l'aune de sa réussite que Kais Saied pourra se prévaloir d'une légitimité renforcée. Le Président a-t-il une vision d'ensemble une stratégie déclinée en étapes avec des objectifs précis? Cette question est légitime et appelle une réponse. C'est une vraie course contre la montre pour lui. Les mesures exceptionnelles ne peuvent perdurer sans risque de remettre en cause les libertés et l'Etat de droit. L'avantage qu'a Kais Saied est sa grande légitimité populaire qui lui procure une grande marge de manœuvre Toutefois ce stock de légitimité peut s'éroder dans le temps si les réalisations tardent ou viennent à manquer.
Il y a par ailleurs dans l'avant et l'après 25 juillet 2021 le sort de l'islam politique incarné par Ennahdha et ses alliés idéologiques. Est-ce la fin de l'islam politique en Tunisie ? Nombre d'analystes abondent dans ce sens. En effet, d'après ces spécialistes avec la chute probable d'Ennahdha, c'est le dernier bastion de la confrérie qui connaît sa fin. De fait la confrérie a partout dans les pays arabes connu des échecs qui ont précipité sa chute et l'a réduit au silence. Plusieurs coups durs ont été portées aux tenants de l'islam politique. De plus les échecs dans leur exercice du pouvoir s'expliqueraient pour ces spécialistes par leur impossibilité à partager vraiment le pouvoirالمغالبة لاالمشاركة) ال) en plus leur incompétence dans l'exercice du pouvoir s'est traduite par des échecs patents aux plans économique et social. Ça serait effectivement le cas en Tunisie pour Ennahdha qui pendant ces 10 dernières années où elle a d'une manière ou d'autre gouverné, on a assisté à la détérioration économique et à la recrudescence des tensions sociales D'où les griefs populaires le 25 juillet dernier et la vindicte des contestataires à leur égard tenus pour responsables. Ainsi le 25 juillet il y a un avant islam politique incarné par Enbahdha et un après c'est-à-dire sa chute probable, d'après ces spécialistes. Finalement ce 25 juillet 2021 constituera un double évènement historique combinant à la fois un ordre ou régime politique et un islam politique d'avant et un possible nouveau régime politique esquissé par le Président et un avant islam politique d'avant et sa chute probable après.