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L'inquiétude des étrangers de ce qui se passe en Tunisie est légitime
Publié dans Business News le 02 - 08 - 2021

C'était une folle semaine. Depuis l'annonce des décisions du président de la République de limoger le chef du gouvernement, de geler les travaux de l'assemblée et de lever l'immunité des parlementaires, les Tunisiens respirent. Selon le dernier sondage d'Emrhod Consulting, commandé par Business News et Attessia et publié mercredi 28 juillet 2021, 87% des Tunisiens affirment approuver les décisions du président de la République.
86% sont favorables au gel du parlement et 88% sont favorables à la levée de l'immunité des députés.
Pourquoi cet emballement bien palpable dans la rue et sur les réseaux sociaux ? Les députés ont fortement abusé, ces vingt derniers mois, de leur immunité, on ne compte plus les lois violées et les sentences judiciaires ciblant des députés en attente d'exécution.
L'un a une radio pirate qu'il utilise à des fins politiques, l'autre accuse le président de la République de haute trahison et diffuse des vidéos-montages d'adversaires politiques dénudés, un autre multiplie les vidéos défiant le président de la République avec des « je t'emmerde, tu ne peux rien faire », un autre encore use de son statut pour imposer le transport du phosphate à des prix vertigineux, d'autres agressent les forces de l'ordre dans l'exercice de leurs fonctions, un autre agresse physiquement des collègues députées dans l'enceinte même du parlement...
Ceci pour le parlement. Quant au gouvernement, c'est la débâcle totale et les situations économique et sanitaire en témoignent amplement. Nous étions au fond du gouffre sans même une lueur d'espoir.
Ça fait des mois que, sur ces mêmes colonnes, on crie au scandale, au crie au secours, on constate et on prend à témoin nos lecteurs de la déliquescence de l'Etat. Nos archives sont encore là. Les dernières semaines étaient particulièrement dures et on parlait carrément de somalisation et de libanisation du pays. Trop, c'est trop.
Le 25 juillet 2021, les Tunisiens sont sortis en masse exprimer leur ras-le-bol d'une classe politique totalement déconnectée de leurs préoccupations. La cocotte commençait à bien bouillir.
Le soir même, le président de la République a réagi du tac au tac en prenant ses décisions historiques, qualifiées par beaucoup (dont Business News) de coup d'Etat. Salutaire, certes, mais coup d'Etat.

Comme nous l'avons indiqué précédemment, ce coup d'Etat peut être assimilé à un automobiliste transportant en urgence absolue un blessé à l'hôpital. Cette urgence l'autorisait à ses yeux à griller tous les feux rouges, puisque l'objectif étant de sauver le blessé coûte que coûte.
Notre Etat en déliquescence, nos institutions qui ressemblent à un cirque, sont ce blessé pour lequel Kaïs Saïed a grillé le feu rouge de la constitution. C'est pour cela que 87% des Tunisiens l'approuvent et c'est aussi pour cela que la communauté internationale s'est refusée de qualifier son acte de coup d'Etat.

Cela dit, il y a des inquiétudes que nos partis, nos ONG, nos médias et nos partenaires étrangers ont exprimées clairement. Ils ne veulent pas que l'expérience démocratique tunisienne échoue et ont appelé le chef de l'Etat à renouer le plus rapidement possible avec l'Etat de droit. Il leur a promis que tout reviendra en ordre dans un délai d'un mois.
Réagissant à ces réactions, une trentaine de personnalités ont publié une lettre ouverte appelant les puissances étrangères à éviter toute ingérence dans les affaires internes de la Tunisie et toute tentative d'imposer l'islam politique à la société tunisienne.
Elles ont, également, appelé les pays frères et voisins à appuyer la volonté du peuple tunisien et ses choix.
Peut-on demander à nos partenaires étrangers de s'abstenir de s'ingérer dans nos affaires intérieures, alors que, de l'autre côté, on n'a pas cessé de leur demander secours tout au long de ces dix dernières années ? Allons donc ! Soyons sérieux ! On ne peut pas, d'un côté, demander des crédits au FMI et aux pays, puis leur demander d'apposer leurs garanties à nos crédits, puis leur demander de l'oxygène et des vaccins et venir ensuite leur dire : « ne vous immiscez pas dans nos affaires intérieures ! ». Quand on a mené une politique de mendicité depuis dix ans, quand on a vendu à souhait l'expérience démocratique tunisienne pour obtenir des dons et des crédits, on ne peut pas dire du jour au lendemain que l'on a fini avec cette expérience démocratique. Il faut rester cohérent et conséquent avec soi-même mesdames et messieurs les « personnalités » !
Les partenaires étrangers ont raison de s'immiscer dans nos affaires puisqu'on leur a ouvert la porte depuis 2011. Ils ont également raison puisque ce qui se passe en Tunisie a des incidences directes sur la région, à commencer sur nos chers voisins algérien et libyen. La Tunisie n'est pas une île coupée du monde pour que ses gouvernants fassent ce qu'ils veulent sans rendre de comptes.
Si la Tunisie s'embrase, si les islamistes décident de passer à la violence, comme l'a suggéré leur gourou Rached Ghannouchi, les Algériens et les Libyens seront les premiers à payer la facture. L'Italie et la France paieront inévitablement une partie de cette facture.
Alors plutôt que d'être arrogants envers nos partenaires historiques et véritables amis (je pense notamment à l'Algérie, la France et l'Italie), tentons de leur expliquer où nous en sommes.

Où en sommes-nous en fait ? Après huit jours du coup d'Etat qui ne dit pas son nom, à J-22 de deadline auto-fixé par le président de la République, nul n'est capable de répondre à cette question.
La Tunisie n'a toujours pas de chef du gouvernement, alors qu'il aurait dû être nommé le jour même de l'annonce des décisions. On ne sait pas si le parlement va revenir comme il l'était ou pas. On ne sait pas si le président de la République va faire de telle sorte de mettre tous les voyous de cette assemblée en prison ou pas.
Ce que l'on sait, c'est que depuis vendredi dernier, la machine judiciaire a recommencé à fonctionner. Elle a arrêté le député Yassine Ayari en exécution d'une sentence de deux mois de prison datant de 2018. Une sentence jamais exécutée puisque le député bénéficiait de l'immunité. Quand on lit les agences de presse étrangères, on suggère que Yassine Ayari a été arrêté parce qu'il s'opposait à Kaïs Saïed. Ceci est juste faux. Nonobstant ces deux dernières années, le député a toujours agi comme un voyou n'hésitant pas à mentir, à injurier les opposants, à salir l'honneur des journalistes qui sont hostiles à son camp politique (celui de Moncef Marzouki), à brandir à son époque le drapeau de Daech et à enfreindre les lois. Même s'il s'est fortement assagi ces 24 derniers mois, Yassine Ayari devait passer par la case justice. Ce n'est que justice. Il n'a pas à être au dessus de la loi, il n'a pas à se cacher derrière son immunité pour des faits qui n'ont rien à voir avec le travail parlementaire.
On sait aussi qu'on a arrêté le député islamiste radical Maher Zid. Lui aussi, c'est un voyou qui a toujours défendu les terroristes. Il se trouve que Maher Zid a été relâché le lendemain pour être arrêté de nouveau, quelques minutes après sa libération. Comment se fait-il qu'il ait été relâché ? Ses avocats ont présenté une attestation invalidant son avis de recherche, parce qu'il a régularisé sa situation judiciaire ? Comment a-t-il pu régulariser une situation, alors qu'il était condamné à de la prison ferme et qu'il est impliqué dans plusieurs affaires ? Avant qu'il ne se cache derrière son immunité parlementaire, cet islamiste radical profitait pleinement des accointances que lui offrait son protecteur ancien ministre de la Justice, le député nahdhaoui Noureddine Bhiri. On a glosé longuement sur cette justice de Bhiri qui applique clairement la politique de deux poids deux mesures.
Autre bénéficiaire de la justice de Bhiri, le député islamiste radical Seïf Eddine Makhlouf qui, lui, était condamné à vingt mois de prison par contumace pour outrage et diffamation de magistrat. Le député a fait opposition au jugement l'invalidant du coup et, grâce aux miracles de la justice de Bhiri, il a réussi à faire retarder la date du procès à décembre 2021, c'est-à-dire près de trois ans après les faits qui lui sont reprochés. On nage en plein délire ! Ailleurs, dans les démocraties, les outrages à magistrat sont jugés en comparution immédiate. Chez nous, les procès de première instance se tiennent trois ans après les faits !
On note également des mandats d'amener visant des députés islamistes radicaux, tels Abdellatif Aloui, Rached Khiari, Mohamed Affes impliqués dans plusieurs affaires, etc.

La question que l'on se pose, et que posent nos partenaires étrangers, s'agit-il d'affaires en bonne et due forme ou de règlement de comptes politiques avec un président de la République en train d'éliminer ses adversaires les uns derrière les autres ?
J'ai tendance à privilégier la première option, car elle est plus confortable à admettre et parce qu'elle répond à une aspiration profonde du peuple.
Le régime né des élections de 2019 ne fait que multiplier les violations de la loi en toute impunité. Le Tunisien en a ras-le-bol de voir des députés faire ce que bon leur semble, sans passer par la case justice, parce qu'ils bénéficient de l'immunité parlementaire. L'immunité, prévue par la constitution, a été détournée de son objectif originel et de sa nature. L'immunité ne s'exerce que pour le travail parlementaire, sauf que nos députés l'utilisaient à tout bout de champ. En levant cette immunité et en poussant l'appareil judiciaire à agir contre ces députés, on n'a fait qu'appliquer la justice.
Il n'y a pas de raison que certains citoyens soient justiciables et d'autres au dessus de la loi.
Contrairement à ce que disent les islamistes, il n'y a pas eu de répression cette semaine, ni de chasse aux opposants de Saïed, il y a eu un rétablissement du droit, une résurrection d'une justice juste. Faire arrêter des députés hors la loi n'est pas un règlement de comptes, c'est mettre sur le même pied d'égalité tous les Tunisiens.
Cette suprématie de la justice, cette égalité de tous devant la justice, c'est notre aspiration à tous.

Avant le 25 juillet 2011, nous étions au fond du gouffre sans lueur d'espoir. Après le 25 juillet, on ne voit toujours pas la porte de sortie, mais on observe au loin une toute petite lueur d'espoir. C'est cette lueur qui a fait que 87% des Tunisiens approuvent les décisions du président. C'est cette lueur qui nous autorise à approuver, du bout des lèvres, la violation de la constitution. L'intention semble bonne, l'objectif d'en finir avec l'impunité et la corruption est déclaré, la volonté semble sincère.
Maintenant que cela a été dit, il faut être prudent et vigilant. En aucun cas, on ne se doit de donner un chèque en blanc à Kaïs Saïed. En aucun cas, on ne doit se taire si on observe une arrestation abusive ou un dossier monté de toutes pièces ou encore une affaire politique maquillée en affaire judiciaire. On doit crier au scandale si jamais il lui vient à l'idée de réprimer la liberté d'expression. Pour tout cela, au cas où ça arriverait, c'est vers la communauté internationale que l'on va se diriger.
Tout en appelant cette communauté internationale à ne pas soutenir les islamistes corrompus et hors la loi, il ne faut pas insulter l'avenir et faire preuve d'ingratitude envers nos partenaires étrangers qui pensaient avoir toujours été aux côtés du peuple tunisien et de ses aspirations. Plutôt que de leur intimer des ordres et de leur donner des leçons, rassurons les et faisons de telle sorte que la Tunisie demeure, après le 25-Juillet, un pays démocratique respectueux des droits et des libertés avec une Justice saine et juste.


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