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Comment expliquer les entreprises citoyennes au FMI ?
Publié dans Business News le 01 - 12 - 2021

Ce ne sera pas facile d'expliquer à l'une des institutions les plus conservatrices au monde le principe des entreprises citoyennes que Kaïs Saïed veut mettre en place. Il est vrai aussi que nous n'en savons pas beaucoup sur cette mystérieuse initiative où chaque habitant aurait une action et qui permettrait, toujours selon le président de la République, de réaliser un essor économique et social fulgurant. Nous pouvons déjà affirmer que l'argument selon lequel : « l'esprit humain ne s'arrête pas aux textes et peut innover et créer », ne va pas convaincre l'institution de Bretton Woods. Ça c'est l'argument qui nous est servi à nous, pauvre populace ignorante qui ne mérite aucun éclaircissement supplémentaire.

Mais avant d'en arriver là, il faut d'abord savoir que la Tunisie est en négociation avec le Fonds monétaire international, chose que nous ne méritions pas de savoir. Selon un communiqué de la présidence de la République, il existe même tout un plan de réformes que nous allons présenter au fonds en vue d'obtenir quelques subsides. Dommage que les services de la présidence n'aient pas concocté l'habituelle vidéo de ce type de rencontres avec un discours de Kaïs Saïed. Nous aurions pu, au moins, avoir une idée sur la profondeur du gouffre dans lequel il nous entraine. Car, hormis les vidéos du président, le gouvernement ne communique pas. Que prévoit ce plan de réformes qui, s'il est adopté, engage tout le pays et les générations futures ? Nous n'en savons rien. Que prévoit la Loi de finances 2022 ? Mystère. Mais sinon, tout roule et nous devons être à la hauteur du moment historique instigué par son excellence Kaïs Saïed.

Tout cela peut encore passer chez nous, tant qu'on n'a pas besoin des autres. Le peuple tunisien a cette étonnante capacité de se bercer d'illusions et de croire le premier venu, pourvu qu'il soit différent. Mais dans les bureaux du FMI notre dossier servira à faire rire autour de la machine à café, surtout s'ils voient le communiqué de la présidence à l'occasion de la rencontre avec les décideurs économiques de l'Etat. « Le président a insisté, dans ce cadre, sur la nécessité de donner la priorité aux classes défavorisées dans ce plan de réformes, renforcer la gouvernance et assurer la transparence des finances publiques », d'après le texte du communiqué. Venant d'un gouvernement et d'un président qui ont publié une loi de finances complémentaire en catimini dans le Jort, qui préparent la Loi de finances 2022 dans le plus grand secret pour être publiée par décret présidentiel, c'est assez gonflé de parler de transparence. Encore une fois, en Tunisie nous aurons Haykel Mekki ou Mongi Rahoui pour nous « convaincre » du bien fondé de toute cette démarche et pour faire des envolées lyriques. Mais encore une fois, au sein du FMI, cela ne passera pas.

Le pouvoir tunisien veut donc convaincre le Fonds monétaire international qu'il est légitime et que ce gouvernement est habilité à parler en son nom. Il doit aussi le convaincre d'un plan de réformes que personne ne connait, que personne n'a vu, malgré les injonctions passées du même FMI sur la nécessité d'établir des réformes concertées pour qu'elles puissent être applicables. Et pour finir, il faudra les convaincre du génie tunisien qui a mis en place les « entreprises citoyennes » en tant que levier de développement et de création de richesses. Nous avons été incapables, depuis une trentaine d'années, de régler le problème des entreprises publiques. Nous avons même maquillé les comptes publics, à un moment donné, pour tenter de présenter un bilan positif juste avant des élections, merci Youssef Chahed. Nous avons l'un des ratios Salaires de la fonction publique/PIB les plus élevés du monde. Mais, attention, nous avons le génie de créer un nouveau type sociétés dans lesquelles tout le monde est actionnaire. Il va sans dire que personne ne compte nous expliquer ce que c'est, ni comment ça fonctionne. Par exemple, comment faire passer une ligne de chemins de fer entre deux villes s'il faut, à chaque délégation, consulter la société concernée ? On fait comment si elles ne sont pas d'accord ? Personne ne le sait. L'architecte du projet le sait-il au moins ? Le doute est permis car ce même architecte a prévu un mode de financement tout à fait cocasse. L'argent, pour ces sociétés, viendra des poches des méchants corrompus qui bénéficieront de l'autre lubie qui est l'amnistie pénale selon Kaïs Saïed. Pour résumer, les corrompus qui ont volé « l'argent du peuple » vont le restituer et l'investir dans ces sociétés pour éviter la prison. Chaque délégation déterminera, à travers son entreprise citoyenne, les projets qu'elle souhaite voir mis en place. A partir de là, chaque délégation voudra son hôpital, son université et son tronçon d'autoroute. Le tout sous la supervision du même corrompu qui a payé pour tout ça, et qui devra aussi assurer l'entretien et la maintenance du « projet » pendant dix ans. La pilule à faire passer au FMI est beaucoup trop grande. Cette pilule ne passe même pas en Tunisie.

Les rêves c'est important. C'est ce qui permet d'avancer et d'avoir de l'espoir. Les rêves et les illusions peuvent même vous faire gagner des élections. Mais il en faut beaucoup plus pour faire de vous un président. Le « y a qu'à faut qu'on » ne nous sortira pas de la mouise dans laquelle nous sommes. Kaïs Saïed et son équipe de subalternes ont, apparemment, préparé un plan de réformes. Entre faire la différence entre millions et milliards, et élaborer un plan de réformes à présenter au FMI, il y a de la distance. Il semble être loin le temps de « ommek sannafa » et de la Tunisie qui ne serait pas un élève qui reçoit des leçons. Il est loin le temps de la véhémence de Kaïs Saïed et de ses fans qui se réjouissaient des propos de leur champion. La dernière sortie du président contient des insultes aux tavernes. Il insultait auparavant les hommes d'affaires. Pourtant, ce sont ces deux catégories qui financent largement le budget de l'Etat. Aujourd'hui, on va tendre la main au FMI en espérant qu'il consente à nous tirer, même un peu, de la mouise dans laquelle nous sommes.


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