L'annonce de la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) par le président de la République, Kaïs Saïed, a suscité la colère et l'indignation de plusieurs personnages publics. L'événement a été annoncé la veille des manifestations de commémoration des assassinats de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi. Le président s'était rendu vers minuit au ministère de l'Intérieur pour sommer ce dernier de permettre aux manifestants de se réunir malgré l'interdiction de rassemblement tout en affirmant que leur objectif ultime était la dissolution du CSM et la purification de la justice tunisienne. A ce sujet, le député de Tahya Tounes, Walid Jalled a considéré que le chef de l'Etat avait exploité la fête de la République ainsi que la commémoration de l'assassinat de Chokri Belaïd à des fins personnelles.
De son côté, le député d'Attayar, Nabil Hajji, a insinué que le chef de l'Etat ne devait plus s'adresser au peuple. Il a estimé que le président se précipitait vers sa fin. Estimation relayée, également, par le secrétaire général du même parti, Ghazi Chaouachi, qui avait écrit : « Kaïs Saïed enfonce le dernier clou dans le cercueil de son régime populiste destructeur ». Quant à la députée du mouvement Ennahdha Yamina Zoghlami, elle a dénoncé la destruction des institutions de l'Etat et les accusations sans fondements à tort et à travers. Elle a, aussi, évoqué l'exploitation de la commémoration de l'assassinat de Chokri Belaïd dans le but de dissoudre le CSM. Le député indépendant, Hatem Mliki a considéré, sur les ondes de Radio Med, que Kaïs Saïed détenait désormais tous les pouvoirs suite à la dissolution du CSM. Il a estimé qu'il s'agissait d'une première et qu'aucune constitution dans le monde, ni celle de l'Iran, n'avait autorisé cela. Le leader du collectif « Citoyens contre le coup d'Etat », Jaouhar Ben M'barek, a écrit : « Dans le noir, tard la nuit et depuis le siège du ministère de l'Intérieur, Kaïs Saïed… clôt son allocution par la dissolution du CSM et son intention de mettre la main sur le pouvoir judiciaire… S'approprier le pouvoir judiciaire à des fins personnelles et pour des règlements de compte représente un danger pour les droits et les libertés...Il s'agit d'une fuite en avant… Nous continuerons à mener la lutte contre le coup d'Etat ».