Dopé par le conflit russo-ukrainien et l'arrêt des exportations de pétrole russe, le cours du Brent frôle les 110 dollars lundi 14 mars 2022. Interpelé sur l'impact de cette hausse du prix du baril de pétrole, l'expert international en pétrole et en gaz Imed Derouiche, a avancé que l'économie nationale ne pourrait résister face à cette conjoncture surtout que le pays est contraint d'importer une grande partie de ses besoins en hydrocarbures du marché international. Le gouvernement de Najla Bouden a, rappelons-le, calculé le budget de l'Etat sur la base d'une moyenne de 75 dollars le baril dans la loi de finances 2022.
Imed Derouiche a affirmé, lundi, que la Tunisie éprouverait beaucoup de difficultés à importer ses besoins en dérivés du pétrole – essence et gazole notamment – précisant que l'Algérie et la Libye ne pourraient nous fournir, contrairement aux rumeurs qui circulent à ce sujet. Il a expliqué que la Libye importait 90% de ses besoins en dérivés du pétrole – par manque de capacités de raffinage – et que l'Algérie produisait uniquement de quoi satisfaire ses propres besoins.
« La Tunisie produit 44.000 barils équivalents pétrole par jour et en consomme entre 100.000 et 120.000. Elle produit 40% de ses besoins en gaz et en importe 60% depuis le gazoduc algérien. La balance énergétique est déficitaire de 50% », a-t-il déclaré au micro de Wassim Ben Larbi sur Express FM.
Interrogé sur une éventuelle pénurie en Tunisie, Imed Derouiche a signalé que les modalités d'importation et de règlement représentaient un risque soulignant la nécessité de trouver le moyen de mobiliser des ressources et de prendre les précautions nécessaires au cas où le conflit russo-ukrainien venait à s'enliser.
Revenant sur les alternatives possibles, l'expert a critiqué la stratégie de levée des subventions appliquées aux hydrocarbures assurant que « cette invention tuniso-tunisienne » traduit l'étroitesse de la réflexion politique. Il a ajouté, par ailleurs, que le recours aux énergies renouvelables pourrait être la solution sauf que la Tunisie est très en retard en la matière.