Le président de la République, Kaïs Saïed semble tenir au bras de fer qu'il a engagé avec les magistrats, animé en cela par sa volonté de mettre la main sur la justice. Selon lui, son objectif étant de réaliser l'équité. Pas plus tard, qu'aujourd'hui, mardi 23 août 2022, lors de sa rencontre avec la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, le président Saïed a soulevé la question de l'égalité entre les citoyens et les justiciables devant les tribunaux. Dans ce contexte, il a considéré qu'il est absolument inacceptable qu'un accusé reste en prison sans jugement alors qu'il est possible qu'il soit innocent. Il a ajouté qu'il est également inacceptable qu'un certain nombre de prévenus profitent des procédures judiciaires pour échapper à leur peine. En effet, selon le chef de l'Etat, les procédures n'ont été conçues que pour parvenir à l'égalité et à la justice.
Le cas le plus édifiant illustrant les propos du président de la République est celui de l'ancien ministre et député Mehdi Ben Gharbia poursuivi pour blanchiment d'argent et autres délits fiscaux. Accusé de blanchiment d'argent, l'ancien ministre et député avait été arrêté au mois d'octobre 2021. Le juge d'instruction n'ayant rien trouvé pour l'inculper il avait décidé de le libérer. Le ministère public avait, ensuite, déposé un recours lequel avait été approuvé par la chambre des mises en accusation près la Cour d'appel et l'affaire avait été renvoyée devant le juge d'instruction près le Tribunal de première instance de Sousse 1, pour procéder à des travaux complémentaires. Par manque de preuves, le juge en charge de l'affaire a ordonné, de nouveau, la libération de Mehdi Ben Gharbia, mais le parquet a interjeté de nouveau appel. Il a, rappelons-le, observé une grève de la faim de 54 jours pour avoir été privé de son droit de visite périodique et de rencontrer son enfant et sa sœur. Son comité de défense avait, alors, condamné la décision de la direction des prisons et de la rééducation, l'accusant de harcèlement et de persécution.
Ainsi, malgré l'absence de preuves pouvant incriminer Mehdi Ben Gharbia, il reste jusqu'à aujourd'hui en prison, conformément à des procédures judiciaires extrêmes. Alors, l'homme politique, et pour des raisons de cohérence, serait-il libéré après les déclarations du président ?