Le président de l'Association tunisienne des jeunes magistrats (ATJM), Mourad Messaoudi, a qualifié de « crime » le refus du ministère de la Justice d'appliquer la décision du Tribunal administratif au sujet des magistrats révoqués. La juridiction a, rappelons-le, tranché en faveur de 49 juges sur les 57 révoqués par le président de la République. Aucun n'a, cependant, pu réintégrer son poste suite au rejet du ministère de la Justice. Le département assure qu'ils font l'objet de poursuites pénales.
Selon Mourad Messaoudi, il n'y a aucune charge contre les juges révoqués sauf des accusations fabriquées par la ministre de la Justice. Il a expliqué, dans ce sens, que les investigations en cours sur la base des dispositions de l'article 31 du Code pénal concernent un crime que Kaïs Saïed a commis ; « un attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement ».
Il a ajouté, au micro de Hatem Ben Amara dans la matinale de Jawhara FM du lundi 7 novembre 2022, que les accusations portées à l'encontre des magistrats révoqués n'étaient que « mensonges », déplorant la situation sociale des juges concernés. Il a expliqué que les banques avaient saisi les indemnités de révocation de certains juges dès leur versement de crainte qu'ils ne soient dans l'incapacité de rembourser les prêts qu'ils avaient contractés.
En plus du Tribunal administratif, la justice pénale a, également, innocenté les magistrats révoqués. Ceux-ci ont eu gain de cause après avoir déposé une plainte auprès du Tribunal de première instance de Tunis, en août.
Le 1er juin 2022, le président de la République a révoqué 57 juges dont le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) dissous par Saïed, Youssef Bouzakher, l'ancien procureur de la République, Béchir Akremi, l'ancien premier président de la Cour de cassation, Taieb Rached et l'ancien substitut du procureur de la République, Sofiene Sliti. Ils ont été accusés d'entrave à la justice, de corruption et plusieurs autres dépassements.