Le dirigeant du Front de Salut, Ahmed Néjib Chebbi, a affirmé, lors d'une conférence de presse tenue lundi 27 février 2023, que « la campagne répressive » qui vise actuellement les dirigeants du Front et d'autres personnalités politiques et publiques, traduit la politique de la fuite en avant adoptée par un pouvoir qui s'enlise dans la crise et qui cherche à distraire le peuple en lui offrant des boucs émissaires. « Nous avons déjà prévu et alerté sur ce qui se passe depuis le 25 juillet (…) nous avons décidé de mettre en place un réseau de défense pour défendre les prisonniers politiques, nous organiserons le 5 mars une grande manifestation pour rappeler que chaque Tunisien a droit à un procès équitable », a-t-il poursuivi. L'avocate Dalila Ben Mbarek Msaddek a souligné, pour sa part, que la campagne menée par le pouvoir est un « complot de l'Etat contre les opposants » et vise à taire définitivement les quelques voix libres qui osent encore critiquer le pouvoir. « L'affaire a débuté avec un témoignage anonyme d'une personne qui s'est livrée elle-même à la justice disant qu'elle avait des informations à donner. Cette personne a raconté une histoire tragicomique, que rien n'étaye, qui parle d'un gang présidé par Kamel Letaïef qui veut détruire la Tunisie. Toute une historie invraisemblable, sur laquelle a été basé tout le dossier construit sur des contrevérités. Cette personne est aussi impliquée dans le « complot contre l'Etat », elle se trouve actuellement en prison et cherche à se venger de ceux qu'elle estime responsables de son emprisonnement. C'est un règlement de comptes, voilà tout », a-t-elle confié. « Ce qui se passe est une manipulation de l'opinion publique (…) les chefs d'accusation font plus d'une page, il y va de la tentative d'assassinat, à la détention d'armes, au complot contre la souveraineté alimentaire mais lors des auditions, toutes les questions ont porté sur qui connaît qui et qui a parlé sur WhatsApp avec qui, on a posé des questions sur la base de captures d'écran faites sur des discussions ordinaires entre opposants. Il n'y a pas la moindre preuve d'aucun crime, il n'y a rien. Tout ceci est fondé sur des contes racontés par deux personnes et que rien ne prouve ou corrobore », a ajouté Dalila Ben Mbarek Msaddek. L'avocate a rappelé l'affaire de la chroniqueuse Maya Ksouri. « Maya Ksouri, concernée aussi par des accusations de complot contre l'Etat et interdite de voyage, a témoigné à propos de la vidéo qui a fuité sur les réseaux sociaux où on l'entend parler de sa relation avec l'ancien ambassadeur français Olivier Poivre d'Arvor, où elle dit qu'elle est allée lui tirer les oreilles car il a œuvré pour installer Khayam Turki au poste de chef du gouvernement considérant cela comme une atteinte à la souveraineté du pays (…) elle dit aussi qu'il faut nommer Hichem Mechichi à la tête du gouvernement comme homme de paille à la solde de la présidence (…) elle a avoué que ces vidéos sont authentiques (…) elle a en somme négocié, discuté avec des parties étrangères et Hichem Mechichi a bien été nommé au poste mais ce sont les dirigeants du Front de Salut qui ont été arrêtés sans preuve aucune de complot » a-t-elle souligné. Dalila Ben Mbarek Msaddek a enfin annoncé que la défense des personnalités politiques arrêtées depuis le 11 février dernier, tiendra jeudi prochain une conférence de presse pour révéler tous les éléments du dossier au public.