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Un Etat qui humilie ses fonctionnaires ne mérite pas le respect
Publié dans Business News le 24 - 07 - 2023

Il s'appelle Mosbah Helali, il était PDG de la Société nationale d'exploitation et de distribution des eaux (Sonede) et il a été limogé la semaine dernière. Quelques jours auparavant, il a été reçu par le président de la République qui l'a, visiblement, réprimandé à cause des multiples coupures d'eau observées ces derniers mois un peu partout sur le territoire de la République.
Le limogeage de Mosbah Helali interpelle, bien qu'il ne soit ni le premier, ni le dernier.
Ce monsieur a travaillé trente ans à la Sonede, il est reconnu en tant qu'expert international en matière d'eau et il a collaboré à plusieurs reprises avec des organisations internationales telles que la Banque mondiale. En un mot, ce monsieur est une haute compétence. Une grosse pointure formée par l'Etat, pendant des décennies, et dont le pays a plus que besoin. Combien d'experts comme lui avons-nous ? Très peu.
En dépit de son pédigrée, il a été limogé par un simple communiqué présidentiel humiliant publié sur Facebook.
Quelles sont les compétences de celui qui l'a limogé ? Incomparables. L'enseignant de droit Kaïs Saïed, devenu président puis putschiste, n'a même pas achevé son parcours universitaire. On ne lui connait pas de publication académique, ni de recherche approfondie en quoi que ce soit. Depuis son élection, il ne fait que répéter les mêmes phrases dans un arabe littéraire prosaïque sans profondeur aucune. Il n'a rien réalisé et n'a rien accompli, bien qu'il se soit arrogé les pleins pouvoirs.

En limogeant Mosbah Helali, Kaïs Saïed humilie publiquement un expert beaucoup plus grand que lui et commet une grosse injustice. Il n'est plus à une injustice près soit dit en passant. Il envoie surtout un très mauvais signal à toutes les hautes compétences de l'administration tunisienne.
Concernant l'injustice, Kaïs Saïed rend responsable le PDG de la Sonede des multiples coupures d'eau. Comme Business News l'a immédiatement relevé, le PDG de la Sonede ne saurait être responsable de ces coupures. En aucun cas.
Si le pays souffre de coupures d'eau, c'est à cause de plusieurs facteurs. Le premier de ces facteurs est la sècheresse qui a poussé le ministère de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche à annoncer une batterie de décisions et de mesures relatives à la mise en place d'un système de roulement conjoncturel et une interdiction temporelle de certains usages de l'eau.
Dans son communiqué daté de vendredi 31 mars 2023, le ministère a interdit l'utilisation de l'eau potable, distribuée par la Sonede, pour l'agriculture, l'irrigation de zones vertes, pour le nettoyage des rues et des endroits publics et pour le lavage des véhicules.
Deuxième facteur, la capacité de nos barrages très mal entretenus. Troisième facteur, les déperditions d'eau. Les experts estiment que la Tunisie perd près de 40% de ses eaux à cause notamment des fuites dans les canalisations vétustes et des barrages mal entretenus.
Normalement, Kaïs Saïed devrait limoger le ministre de l'Agriculture et non le PDG de la Sonede. Sauf qu'il a déjà limogé le ministre de l'Agriculture le 30 janvier dernier et il n'a pas encore le courage nécessaire pour limoger son successeur, issu de l'armée. Cela dit, même le limogeage du ministre aurait été injuste, puisqu'on parle de problèmes dont un ministre ne saurait être coupable.
Le président de la République voulait juste un coup d'éclat populiste et un bouc émissaire et c'est là la raison du limogeage du PDG de la Sonede. C'est comme pour dire à la population, ce n'est pas l'Etat qui est responsable des coupures d'eau, c'est le PDG. Et, naturellement, la populace applaudit.
Non, monsieur le président, le PDG de la Sonede n'est pas responsable des coupures d'eau, ni le ministre que vous avez limogé en janvier, ni l'actuel ministre. Les responsables des coupures d'eau sont la sècheresse naturelle (décidée par Allah que vous évoquez dans tous vos discours), le réchauffement climatique et la défaillance de l'Etat que vous dirigez tout seul depuis deux ans !

C'est une nouvelle habitude qui s'installe chez le président de la République, celle de limoger à tout va de hauts fonctionnaires. Pour ces sept premiers mois de 2023, Kaïs Saïed a limogé une bonne vingtaine de hauts fonctionnaires dont sept ministres qu'il a lui-même nommés.
Après avoir accusé l'opposition de tous les maux et de tous les complots et jeté en prison ses adversaires politiques, Kaïs Saïed se tourne vers les fonctionnaires. Kaïs Saïed se cache maintenant derrière eux pour justifier l'échec patent de l'Etat dans tous les domaines.
Il est en train de casser un autre pilier de l'Etat, l'administration.
On pourrait écrire des livres sur l'administration tunisienne, ses bêtises, sa bureaucratie, ses fonctionnaires paresseux, son archaïsme, son anachronisme, sa lenteur, son manque d'efficacité, etc. Sauf qu'on se doit d'admettre qu'en dépit de tous ces défauts, cette même administration tunisienne a su faire marcher le pays pendant les multiples transitions de ces douze dernières années.
On se doit, également, d'admettre qu'il existe de très hautes compétences dans cette administration, parmi les milliers de fonctionnaires paresseux. C'est grâce à elles que le pays a toujours fonctionné et fonctionne encore.
Il y a les limogeages justifiés de fonctionnaires qui n'auraient jamais dû être là où ils étaient. Le plus éclatant est celui de Fatma Yaâcoubi, membre de la commission de conciliation pénale, qui a fait miroiter au chef de l'Etat que sa commission allait obtenir quelque trente billions de dinars d'un repenti. Rappelons, au passage, que c'est Kaïs Saïed lui-même qui a nommé Mme Yaâcoubi.
Et il y a les limogeages injustes comme celui de Mosbah Helali. En limogeant ce type de personnes, Kaïs Saïed prive l'Etat de leur expertise et de leur expérience. Il les jette dans les bras du privé ou, pire, il les pousse à l'exil pour une carrière internationale qu'ils regrettent de ne pas avoir embrassé dès leur sortie d'école.
Dans la foulée, il envoie un très mauvais signal aux autres hautes compétences de l'Etat. Il leur retire tout esprit d'initiative, il leur fait peur, il leur casse toute volonté de bien faire. Il les pousse à réfléchir à quitter, à leur tour, l'Etat avant qu'ils n'en soient limogés.
Kaïs Saïed dit aux hautes compétences qui ont servi et servent l'Etat, que cet Etat est ingrat et qu'il peut humilier, voire jeter en prison, toute personne qui déplait au chef.

Cette stratégie des limogeages de personnes compétentes n'est pas nouvelle. Elle a commencé dès 2012 avec la sinistre troïka qui a humilié, à tout va, les anciens dirigeants qui ont occupé de hautes fonctions sous l'ancien régime. On a rapidement vu le résultat, la Tunisie n'a plus réussi à égaler ses chiffres de 2010.
Kaïs Saïed a beau dire qu'il est en train d'apporter du sang neuf et qu'il entend tourner la page de la noire décennie, il applique exactement la même stratégie. Il camoufle ses échecs en pointant du doigt des boucs émissaires qui n'ont fait que servir l'Etat du mieux qu'ils pouvaient.
À force de limogeages injustes, Kaïs Saïed ne va laisser dans l'Etat que des fonctionnaires incompétents et limités intellectuellement à l'instar de son gouverneur de Ben Arous ou encore de tous ces bureaucrates qu'on rencontre tous les jours quand on a le malheur d'affronter l'administration.
Kaïs Saïed partira un jour, c'est inévitable, c'est le sort de tous les présidents. Après lui, on va faire face à un vide incommensurable dans l'administration publique et, donc, de l'Etat. Le gap s'élargira encore davantage entre le public inefficace et le privé performant. Puisque le public n'appréciera pas ce gap, il fera tout pour tirer le privé encore plus vers le bas. Naturellement, dans la foulée, le gap s'élargira encore davantage entre la Tunisie et les autres pays.
Un Etat qui se respecte doit, en tout premier lieu, respecter ceux qui le servent. C'est comme ça que ça se passe dans les pays développés et les démocraties. Quand, par malheur, un fonctionnaire commet une faute, il est invité à démissionner discrètement et sa dignité est obligatoirement préservée. Jamais, au grand jamais, on n'humilie publiquement les serviteurs de l'Etat. Ceux qui procèdent à ce genre d'exercice humiliant sont soit incompétents, soit complexés. Ou les deux.

NB : L'ancien Premier ministre Rachid Sfar est décédé jeudi 20 juillet. Lors de ses funérailles, aucun officiel n'était présent. Par ailleurs, aucun hommage ne lui a été rendu, même pas via un communiqué publié sur l'une des pages officielles de l'Etat.


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