La Campagne contre la criminalisation de l'action civile a publié, mercredi 6 août 2025, un communiqué pour informer d'un nouveau tournant judiciaire dans l'affaire de l'association Mnemty. La chambre d'accusation a, en effet, décidé d'accepter l'appel interjeté contre la décision de clôture de l'enquête, et de rouvrir partiellement l'instruction. Plusieurs chefs d'inculpation, précédemment abandonnés, sont ainsi réintroduits à l'encontre de la présidente de l'association, Saadia Mosbah, ainsi que d'autres membres de l'organisation. Ce développement est perçu par Mnemty comme une escalade préoccupante, où des activités civiles et solidaires sont progressivement requalifiées en actes criminels. L'association dénonce une instrumentalisation politique de la justice, qui viserait à restreindre la liberté d'association, la liberté d'expression et l'engagement citoyen en Tunisie, en contradiction avec les garanties constitutionnelles et les normes internationales en matière de droits humains. Malgré plus d'un an d'enquêtes sécuritaires, de pressions administratives, de campagnes de diffamation et de poursuites judiciaires, aucun élément probant ne semble étayer les accusations de malversations financières. Pourtant, les procédures s'intensifient, en violation, selon les avocats, des principes de la présomption d'innocence et du droit à un procès équitable. Les avocats de la défense affirment que les accusations, qualifiées de « nouvelles-anciennes », ne reposent sur aucun fondement légal solide. Elles s'appuieraient, selon eux, sur des interprétations abusives de l'engagement associatif des prévenus dans la lutte contre le racisme et pour les droits des migrants. Militante reconnue et figure emblématique de la lutte contre le racisme en Tunisie, Saadia Mosbah est détenue depuis le 5 mai 2024. Ce jour-là, les forces de l'ordre se sont rendues à son domicile pour l'interpeller, avant de procéder à une perquisition autorisée par la justice. Les locaux de l'association Mnemty ont également été fouillés. Elle fait depuis l'objet de poursuites pour blanchiment d'argent, des accusations largement contestées par ses soutiens et les organisations de défense des droits humains. Dans ce communiqué, la Campagne contre la criminalisation de l'action civile réaffirme son soutien total à Mnemty et à sa présidente. Elle condamne une stratégie visant, selon elle, à faire taire les voix critiques face aux injustices subies par les migrants et à fragiliser l'espace civique tunisien. « Ces poursuites judiciaires ne sont rien d'autre qu'une tentative politique de briser les engagements citoyens et de normaliser l'injustice, la discrimination et le racisme en Tunisie », conclut le communiqué.