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Le Tunisien entre les pénuries et la spirale inflationniste
Publié dans Business News le 15 - 08 - 2023

Non seulement le Tunisien doit faire preuve de système D pour trouver les denrées alimentaires dont il a besoin, mais il doit également faire face à une spirale inflationniste sans précédent avec des prix records pour plusieurs produits. Officiellement, l'inflation est de 9,1%. Celle ressentie dépasse largement les 30%.

Cela devient désormais une scène ordinaire de la vie quotidienne des Tunisiens. Une scène qu'ils n'ont jamais vécue, ni avant, ni après la révolution. De longues files d'attente se dressent devant les boulangeries, en attente de la sortie de la fournée. Dans la file, on s'estime déjà heureux qu'il y ait du pain, car les boulangeries sont carrément fermées dans plusieurs autres quartiers. Jamais, au grand jamais, le Tunisien n'est arrivé à manquer de pain. Produit essentiel et incontournable dans les habitudes alimentaires tunisiennes, les pouvoirs politiques successifs se sont toujours débrouillés pour qu'il y en ait en abondance et à bas prix.
S'il n'y avait que le problème de la pénurie du pain, cela passe encore, mais les pénuries touchent plusieurs autres produits alimentaires, qu'ils soient nécessaires ou pas.
Au pain, s'ajoutent le riz, le sucre, la semoule et la farine. Nouveauté, jamais vu auparavant pareillement, la pénurie de sodas, notamment Coca-Cola. Le comble en pleine période estivale où la consommation atteint son maximum.
Ce n'est pas fini, car outre les produits manquants, le Tunisien doit composer avec les produits en quantité réduite qui, pour les trouver, il faut se lever de bonne heure. Ainsi le cas des pâtes et de l'eau minérale cette semaine.

Ces pénuries ont créé inévitablement une inflation. Prenons l'exemple du pain. La baguette ordinaire à la farine blanche est officiellement vendue à 0,190 dinar. À cause du problème des boulangeries, à sa quatrième semaine maintenant, et des décisions arbitraires du président de la République, cette baguette est devenue très difficile à trouver, notamment à l'heure de sortie des bureaux vers 14 heures. Dans plusieurs régions, surtout touristiques, les boulangeries ferment à 9 heures du matin, car elles ont épuisé leur stock de farine et ne pourront plus proposer du pain que le lendemain.
Cette situation oblige les consommateurs à se rabattre sur des pains plus chers. Le plus répandu est le pain à la semoule proposé à 0,5 dinar, soit une inflation de 150%. Dans certaines boulangeries, chics, le pain aux céréales est carrément proposé à trois dinars, comme nous avons pu le constater dans une enseigne française réputée.
Cette inflation imposée n'est pas prise en considération par les chiffres de l'Institut national de la statistique (INS), puisqu'il n'y a eu aucune augmentation des prix du pain, officiellement. Pourtant, des milliers de Tunisiens auraient évité les pains chers si on leur a proposé leur traditionnelle baguette à 0,190 dinar.

Autres produits touchés par la grande inflation, les fruits, notamment les fruits de saison qui atteignent, eux aussi, des prix records. La figue est proposée entre 18 et 20 dinars, soit le double de ses prix moyens les dernières saisons. Les pêches sont proposées autour de huit dinars, également au double du prix habituel en pareille période. Idem pour le raisin.
Officiellement, d'après les chiffres de l'INS, on enregistre entre juillet 2022 et juillet 2023 une hausse de 35% du prix du café en poudre, de 32,5% des viandes ovines, de 21,6% des viandes bovines, de 20,02% des huiles alimentaires, de 19,3% des œufs et de 14,6% du prix des fruits frais.
Le ressenti des hausses est bien plus accentué, les chiffres de l'INS sont juste des moyennes nationales. Dans les quartiers résidentiels des grandes villes, qu'ils soient huppés ou pas, les hausses dépassent bien les 100% comme le cas des figues et des pêches, sans parler des hausses non visibles dans les tableaux de bord de l'INS, comme celle du pain.

Si la sécheresse de cette année explique l'augmentation des prix des fruits et légumes, la majeure partie de l'inflation observée dans les produits alimentaires est résultante de la politique désastreuse menée par le régime de Kaïs Saïed.
Le président de la République a beau accuser (sans jamais présenter de preuves) les spéculateurs, les mafias et les cartels, les faits sont têtus et ils démontrent une défaillance de l'Etat, comme Business News l'a démontré dans un précédent article.
L'Etat détient le monopole de l'importation du sucre, du blé, du café et de plusieurs autres produits manquants sur le marché et n'a pas anticipé suffisamment à l'avance les besoins du marché. La raison ? Les caisses sont vides. Une chose est certaine, les pénuries ne peuvent pas être le fait de mafias ou de spéculateurs. Qu'il y ait ensuite de la cupidité chez certains commerçants qui profitent de la situation de pénuries pour augmenter leurs prix, ceci est possible, mais cette accusation et ce comportement ne peuvent en aucun cas se généraliser sur tout le pays et dans tous les quartiers.
Comme s'il s'est rendu compte que son excuse était bidon et n'arrivait pas à convaincre tout le monde, le président de la République a accusé sur le tard les fonctionnaires, coupables, eux aussi, de participer à l'affamement et l'appauvrissement des Tunisiens. Joignant le geste à la parole, il a limogé lundi 14 août le PDG de l'Office des céréales.
Or, pour ceux qui savent comment fonctionne l'administration tunisienne, ce PDG ne peut être coupable de rien, il ne fait que suivre les directives de son ministre de tutelle, à savoir celui de l'Agriculture. Ce dernier, à son tour, travaille étroitement avec son homologue du Commerce et, à eux deux, décident des quantités de produits alimentaires à importer et anticipent les besoins du marché. Sauf que Kaïs Saïed a déjà limogé la ministre du Commerce et de l'Agriculture en janvier dernier.
Refusant de voir la vérité en face et d'admettre sa propre responsabilité dans ce qui arrive aux Tunisiens, Kaïs Saïed multiplie les boucs émissaires en accusant, tantôt les spéculateurs et les mafias et tantôt de hauts fonctionnaires qu'il limoge.
Ayant accaparé tous les pouvoirs et toutes les responsabilités, depuis son putsch du 25 juillet 2021, Kaïs Saïed refuse, paradoxalement, d'endosser la responsabilité de son échec.
Pour le moment, les Tunisiens patientent dans les files d'attente et subissent les inflations en silence. Pas sûr que ce calme perdure longtemps. Arrivera un moment où les Tunisiens cesseront de croire aux bobards et exprimeront avec force leur colère, comme ils l'ont fait à plusieurs reprises dans le passé.


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