L'expert en économie, Moez Hadidane a considéré que la baisse du déficit commercial de la Tunisie durant les sept premiers mois de 2023 ne résultait pas de la baisse des importations des produits de luxe. Invité par Wassim Ben Larbi à « Expresso » sur Express Fm, Moez Hadidane a indiqué que l'Institut national de la statistique (INS) communiquait les chiffres détaillés au sujet des importations. L'INS classe les importations dans 69 rubriques. L'étude de ces chiffres, selon M. Hdidane, indique une baisse des importations de 43 rubriques durant les sept premiers mois de 2023. « Ces rubriques ont enregistré une baisse des importations de 2.439 millions de dinars… Les importations ont augmenté de 126 millions de dinars durant les sept premiers mois de 2023, soit une hausse de 0,3% », a-t-il ajouté. Moez Hadidane a indiqué que les rubriques ayant enregistré les plus grandes baisses étaient celles du fer, fonte et acier et des céréales. Les importations de la première catégorie ont atteint, durant les sept premiers mois de 2023, 1.569 millions de dinars, contre 2.388 millions de dinars pour la même période de 2022. Les importations de la deuxième rubrique ont atteint, durant les sept premiers mois de 2023, 2.599 millions de dinars, contre 2.940 millions de dinars durant la même période de 2022, soit une baisse de 340 millions. Il a noté qu'il ne s'agissait pas de produits de luxe. Moez Hadidane a estimé que la baisse des importations de la rubrique fer, fonte et acier était un mauvais indicateur pour l'industrie tunisienne. « Une troisième rubrique ayant enregistré une baisse des importations est celle du soufre, de la chaux, du ciment et autres produits chimiques inorganiques. Les importations ont baissé de 248 millions de dinars. L'autre rubrique dont les importations ont enregistré une baisse est celle du café, du thé et des épices. Elles ont régressé de 170 millions de dinars », a-t-il poursuivi. Moez Hadidane a assuré que sur les onze premières rubriques ayant enregistré une baisse des importations durant les sept premiers mois de 2023, aucune d'entre elles ne concernait des produits de luxe. D'un autre côté, la rubrique ayant enregistré la plus grande hausse des importations durant cette période est celle des équipements électriques. Cette rubrique inclut les composantes électroniques, les câbles, les machines, les ordinateurs ou encore les télévisions. « La deuxième rubrique ayant enregistré la plus grande hausse des importations est celle du chaud et froid, c'est-à-dire, les réfrigérateurs, les machines pour chauffer, les chaudières ou encore les machines à laver, avec une progression des importations (durant les sept premiers mois de 2023) de 319 millions de dinars. Elle est suivie de moyens de transport : voiture, moto et bicyclette… Cette rubrique pourrait inclure les bus importés par la Tunisie… Elle a enregistré une hausse de 310 millions de dinars », a-t-il déclaré. Moez Hadidane a précisé que la hausse des importations est partiellement impactée par la question de la valeur du dinar, mais cette raison ne suffit pas à elle seule pour expliquer la hausse. L'expert en économie a évoqué des hausses des importations durant les sept premiers mois de 2023 de plusieurs rubriques, dont le sucre, les graines oléagineuses, le matériel d'optique, et le pétrole. Les importations de ce dernier ont atteint 7,8 millions de dinars. Le pétrole représente 27% des importations tunisiennes. Moez Hadidane a assuré que les rubriques ayant enregistré des hausses des importations durant les sept premiers mois de 2023 comportaient des produits de luxe. Il a, par la suite, évoqué la baisse du déficit commercial qui est passé de seize millions de dinars durant les six premiers mois de 2022 à dix millions de dinars durant la même période de 2023. « Il y a des améliorations, notamment une stabilité des importations qui ont augmenté de 0,3% seulement et une amélioration des exportations de 11%... Ceci a contribué, tel que mentionné par la Banque Centrale de Tunisie, à la réduction du déficit courant pour atteindre 2,8 milliards de dinars. Ce déficit comporte la balance commerciale, les transferts des Tunisiens et le tourisme », a-t-il ajouté. Moez Hadidane a conclu que les importations de biens d'équipement ont augmenté, mais que les importations en matières premières ont baissé. Il s'est interrogé sur ce phénomène. Il a expliqué que l'amélioration du déficit commercial pouvait être interprétée de deux façons : soit une amélioration des réserves en devises, soit un signal négatif au sujet de l'investissement en Tunisie. L'expert en économie a évoqué une contradiction entre les chiffres et les décisions annoncées. Il a confirmé une hausse des importations des parfums, des voitures ou encore de l'horlogerie contrairement à une intention de rationaliser et de contrôler au préalable les importations. Il a exprimé ses craintes au sujet de la baisse des importations de fer, fonte et acier. Il a indiqué que les chiffres ne reflétaient pas une baisse des importations des biens non-essentiels. Par ailleurs, Moez Hadidane a estimé que le département ayant la mission la plus difficile était le ministère des Finances. L'élaboration de la loi de finances 2024 s'avérera tumultueuse en raison des dépenses de la dette de l'Etat. La Tunisie avait estimé qu'elle contractera des prêts étrangers à hauteur de 14,9 milliards de dinars. La Tunisie n'a pas encore pu mobiliser 50% de cette somme. M. Hadidane a indiqué que l'excédent enregistré par l'exécution provisoire du budget de l'Etat résultait de la suspension de certaines dépenses. Celles-ci comportent des fonds devant être versés pour les compensations. Il a considéré que l'absence de certains biens pouvait être interprétée comme étant une forme de désengagement de l'Etat.