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Deuxième tournée de capucins
Publié dans Business News le 15 - 01 - 2024

Il y a, dans le ciel tunisien, comme une odeur de campagne électorale en ce début de janvier pour la présidentielle prévue théoriquement en octobre prochain. Le président de la République s'est autorisé plusieurs bains de foule cette semaine. Jeudi 11 janvier 2024 dans des quartiers populaires du Grand-Tunis et dimanche 14 janvier à Siliana et aux délégations d'El Alâa et El Oueslatia. Il y a aussi cette nouvelle instruction judiciaire ciblant des candidats potentiels à la présidentielle. Ils sont soupçonnés de blanchiment d'argent et pourraient être écartés, comme leurs prédécesseurs, de la course du mois d'octobre.
Sur la forme, les bains de foule présidentiels sont composés à plus de 90% d'hommes. Comme s'il n'y a pas de femmes dans les rues. Et à chaque bain de foule, le président profite pour prendre des gamins dans les bras, les embrasser et leur demander combien ils ont eu de moyenne. Quand est-ce que les services de communication de la présidence vont-ils apprendre qu'ils n'ont pas le droit de montrer le visage des enfants à la caméra ? Quand vont-ils apprendre qu'il ne faut pas montrer l'ensemble du dispositif sécuritaire présidentiel dans ces images aériennes qui n'ont aucune utilité à part donner des informations précieuses à d'éventuels terroristes ?
Enfin, on note que l'image du président sirotant un capucin (café noir tâché de lait) dans un café renvoie superbement à sa campagne de 2019. Après les taux d'abstention record dans l'ensemble des scrutins qu'il a organisé (consultation, référendum et élections législatives puis locales), Kaïs Saïed semble se rendre compte que sa popularité est en déclin. Il ressent comme un besoin de contact avec des foules qui l'acclament pour reprendre de l'entrain.
Ces foules lui rappellent que c'est lui le président, c'est lui le chef, c'est lui la personne la plus aimée, c'est lui le sauveur, c'est lui le messie. C'est ce qu'il veut croire, c'est ce qu'il croit, c'est ce qu'il veut entendre et c'est ce qu'il veut montrer en s'offrant ces bains de foule. Quant aux foules de l'opposition qui se sont massées par milliers ce même dimanche 14 janvier à Tunis, qu'elles aillent au diable ! Elles doivent s'estimer heureuses de pouvoir s'exprimer encore librement, de jouir de leur droit de manifester et de ne pas être en prison comme la majorité des opposants.

Que le président s'offre des bains de foule, il n'y a aucun mal à cela. C'est bon enfant et c'est son droit. Commencer la campagne électorale dix mois à l'avance n'a rien d'extraordinaire, non plus, c'est même le signe d'une bonne santé démocratique. Sauf qu'il ne s'agit pas de cela. La Tunisie de 2024 n'a rien d'une démocratie. Quand on jette la constitution pour la remplacer par une autre qu'on a rédigée tout seul et qu'on jette en prison la majorité de ses adversaires, on ne peut plus parler de démocratie. Pareil quand on dissout, avec l'aide de l'armée, une assemblée élue par 41,7% du peuple pour la remplacer par une autre élue par 11,4% du peuple seulement.
Le problème avec les bains de foule présidentiels, c'est qu'ils n'apportent rien de concret, à part peut-être satisfaire l'égo de Kaïs Saïed. Ses slogans pompeux et son poing levé en haut ne sont pas accompagnés par des points de croissance et un regain de productivité. Kaïs Saïed n'a que la parlote, sa bonne foi et ses belles promesses à faire valoir.
Quand la foule d'El Oueslatia lui a dit qu'il faut des usines pour trouver un emploi, il a répondu que les sociétés communautaires vont répondre à ce besoin. Combien d'emplois ont créé les sociétés communautaires ? Quasiment zéro. Quand la foule de Siliana lui a dit que l'hôpital a besoin de scanner, il a zappé la question pour parler d'histoire. Quand une autre foule lui a parlé de pénuries de sucre et de semoule, il a démenti de suite en déclarant, sans froid aux yeux, que tout était disponible mais c'est de la faute aux spéculateurs.
Concrètement, Kaïs Saïed n'a rien apporté à ces foules à part de belles paroles et de vagues promesses. Concrètement, et depuis quatre ans qu'il est là, Kaïs Saïed n'a rien apporté au peuple tunisien à part des accusations souvent infondées contre de mystérieux conspirationnistes et d'hypothétiques mafias. Peu importe les intentions et les paroles, les faits sont là et ils sont têtus. Peu importe les gogos qui continuent à croire à ses promesses et à l'acclamer, les faits sont là et ils sont têtus.

Avec ses bains de foule de la semaine dernière, le président de la République voulait se rappeler qu'il est chef, ressentir qu'il est chef. Il était là pour que le peuple lui serve des vivats et des acclamations.
Kaïs Saïed a beau être président depuis quatre ans, il a beau concentrer tous les pouvoirs depuis deux ans et demi, il semble toujours avoir un besoin de reconnaissance.
Dans le même ordre d'idées, il s'est déplacé jeudi dernier à l'Office du Commerce tunisien (OCT), qui détient le monopole de distribution de semoule, de sucre et de café, tous indisponibles ou en quantités insuffisantes sur le marché. Après avoir limogé la ministre du Commerce et le directeur de l'OCT et après avoir longtemps accusé les spéculateurs et les mafias d'être responsables de la pénurie, Kaïs Saïed s'en est pris à deux dirigeantes de l'OCT jeudi dernier. Devant la caméra, il les a humiliées, accusées, vilipendées. Leurs réponses, si jamais il y en a eu, ont été censurées de la vidéo diffusée par la présidence.
Au-delà de l'implication réelle de ces deux responsables, qu'elles soient réellement coupables de la pénurie ou pas, le fait est que le président de la République s'est métamorphosé en inquisiteur et a humilié publiquement deux hautes fonctionnaires sans leur offrir l'occasion de se défendre devant la caméra. Non seulement il n'a pas à mener des interrogatoires, mais il n'a pas à humilier ainsi un subordonné. Encore moins devant les caméras. C'est une violation des Droits de l'Homme. Le fait qu'il ait le pouvoir et qu'il symbolise le sommet du pouvoir ne lui donne aucunement le droit d'humilier ainsi les gens. Comme lorsqu'il s'offre des bains de foule, Kaïs Saïed cherche une nouvelle fois à se sentir « chef » en humiliant ainsi des subordonnés. Non seulement, il veut le ressentir, mais en plus il veut le montrer à tout le monde.

Cette attitude conjuguée à l'absence totale de résultats tangibles résume, à merveille, les quatre ans de Kaïs Saïed et sa mentalité. Qu'il entame sa campagne électorale, qu'il sirote des cafés dans des quartiers populaires, qu'il s'offre autant de bains de foule qu'il veut, les faits sont là et ils sont toujours aussi têtus.


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