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L'inspiration vient du Sénégal
Publié dans Business News le 27 - 03 - 2024

Il s'appelle Bassirou Diomaye Faye, il a 43 ans et il vient d'être élu, dès le premier tour, président de la République sénégalaise. Il succède à l'un des dinosaures de la politique sénégalaise et africaine, Macky Sall. Ce dernier avait eu la mauvaise idée de vouloir prolonger son mandat en retardant la date de l'élection présidentielle.
Cette volonté hégémonique a provoqué des heurts et des manifestations dans le pays. C'était également sans compter sur le fait que le Sénégal dispose d'un conseil constitutionnel indépendant qui a invalidé le report de l'élection cassant ainsi le décret du président.

Le nouveau président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, était en prison pendant onze mois pour un chef d'accusation qui nous est familier en Tunisie : « diffusion de fausses nouvelles, outrage à magistrat et diffamation envers un corps constitué ». Il avait eu l'audace de critiquer des magistrats qui ont jugé l'un de ses compères dans un procès pour diffamation. C'est dire si les procès autour de la liberté d'expression sont bien des pièges desquels devraient se méfier tous les gouvernants. Sans entrer dans les détails de ce qui est arrivé, Bassirou Diomaye Faye a été désigné par son parti comme candidat à la présidentielle malgré le fait qu'il était incarcéré. Encore une fois, le conseil constitutionnel a validé cette candidature.
C'est seulement le 15 mars 2024 que Bassirou Diomaye Faye a été libéré de prison suite à l'adoption d'une loi d'amnistie pondue à la hâte par le pouvoir en place dans l'espoir d'apaiser le climat social après la bourde de Macky Sall. Mais il s'est avéré que celle-ci était désormais irrattrapable et la majorité du corps électoral a choisi un nouveau président qui devrait être investi le 2 avril prochain.
On ne peut pas dire que le Sénégal du grand Léopold Sédar Senghor soit une dictature africaine classique, loin de là. Si cela avait été le cas, Bassirou Diomaye Faye n'aurait eu absolument aucune chance de devenir président de la République. Il existe une tradition démocratique dans ce pays d'Afrique de l'Ouest même s'il y a eu des balbutiements au cours de sa longue histoire. Mais les enfants de Senghor ont gardé, dans leur pratique de la politique, cet attachement à la transmission pacifique du pouvoir. D'un autre côté, nous avons là la preuve éclatante que le fait de mettre ses opposants en prison est une arme à double tranchant et qu'elle ne garantit, aucunement, le succès au scrutin. Entamer une course tout seul, en politique, ne veut pas dire que l'on est assuré de la gagner.

L'autre leçon qui nous vient du Sénégal est celle que l'on ne peut bâtir une démocratie sans institutions. Le rôle joué par le conseil constitutionnel sénégalais a été primordial pour la tenue du scrutin et pour donner la possibilité à Bassirou Diomaye Faye de se porter candidat. L'existence de ce conseil constitutionnel et le fait qu'il soit réellement indépendant du pouvoir en place a permis de garantir le minimum de conditions exigées pour un scrutin électoral : d'abord qu'il se tienne au rendez-vous fixé et ensuite que ceux qui souhaitent concourir puissent se porter candidats. En Tunisie, c'est seulement sur papier que nous avons une Cour constitutionnelle. Le président de la République, Kaïs Saïed, tarde à la mettre en place malgré le fait que ce soit dicté par la constitution qu'il a écrite. Il s'était pourtant montré ferme sur la question des délais quand il s'agissait de mettre en place la Cour constitutionnelle quand la constitution de 2014 était toujours en vigueur. Depuis le 25 juillet 2022 et l'adoption de la constitution faite par le président, nous attendons la mise en place de cette cour.
S'il y a bien une leçon que l'on peut apprendre de Dakar c'est bien celle que les velléités hégémoniques sont non seulement contreproductives, mais également sanctionnées, tôt ou tard. Macky Sall l'a appris à ses dépens quand il a voulu retarder l'échéance présidentielle. Par ailleurs, le fait d'envenimer le climat politique en mettant des opposants en prison ne peut conduire que vers des tensions accrues aux conséquences imprévisibles. Heureusement que dans le cas du Sénégal, ces tensions ont « explosé » lors du scrutin avec la victoire éclatante de Bassirou Diomaye Faye dès le premier tour.
Tous les peuples tendent vers la démocratie et la liberté, même si le chemin est difficile et tortueux, même si l'Histoire de ce peuples est ponctuée d'épisodes de dictature, de souffrance et d'hégémonie. Au final, c'est toujours cette aspiration des peuples qui l'emporte quels que soient les agissements de celui qui gouverne et quel que soit son entêtement à garder le pouvoir. Certes, il y a une manière de conquérir le pouvoir, mais il y a aussi une manière de le quitter. Le Sénégal vient, une fois de plus, nous en faire la démonstration.


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