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3-Mai : les médias tunisiens entre soumission, cupidité et faiblesse
Publié dans Business News le 02 - 05 - 2024

La liberté de la presse a du plomb dans l'aile. En ce 3 mai 2024, Journée mondiale de la presse, le constat est affligeant, les médias tunisiens sont soumis, cupides ou faibles. Au grand dam de la démocratie dont ils sont un incontournable pilier.

121e place au classement RSF de la liberté de la presse, deux journalistes en prison et une dizaine d'autres sont poursuivis en justice pour des faits liés à l'exercice de leurs fonctions, plusieurs autres ont été mêlés, malgré eux, à l'une des sordides affaires de complot contre l'Etat, c'est évident, la liberté de la presse en Tunisie a du plomb dans l'aile. Le constat est dur et, pire que ce constat, la léthargie dont font preuve les journalistes et leurs représentants syndicaux. C'est comme s'ils ne sont pas concernés par la chape de plomb frappant leur corporation.
Révolu le temps de feue Néjiba Hamrouni quand, pour une simple garde à vue, ils se mobilisaient comme un seul homme et annonçaient une grève générale pour faire plier le pouvoir.
Le régime putschiste a « réussi » à faire taire l'écrasante majorité des médias tunisiens. Les rares qui ne se sont pas encore tus font attention au moindre mot et n'hésitent pas à s'autocensurer. Les rares journalistes qui refusent le diktat et continuent à agir comme un électron libre ont été licenciés, comme le cas de Zied El Heni, il y a quelques semaines, et se trouvent poursuivis en justice dans plusieurs affaires avec des accusations infâmantes allant jusqu'au terrorisme.

À l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, fêtée chaque 3 mai, un constat s'impose. Les médias et journalistes tunisiens sont malades, très malades.
Sous le régime putschiste de Kaïs Saïed, trois subdivisions. Il y a les médias totalement soumis et c'est le cas de l'ensemble des titres publics et ceux contrôlés par l'Etat. Il y a les médias cupides qui vivent grâce aux publicités publiques, comme le cas des titres de Dar El Anwar, ou tirent un hypothétique bénéfice de leur proximité avec les cercles du pouvoir, comme le cas d'Attessia. Et il y a les autres qui se sont trouvés, malgré eux, en situation de faiblesse à cause de poursuites judiciaires fallacieuses frappant leur direction, leurs actionnaires ou leurs journalistes. C'est le cas de Mosaïque Fm, d'IFM, de Diwan Fm ou de Business News.
Outre les pressions politiques du régime, il y a un contexte économique totalement défavorable qui a quasiment asséché les ressources financières des médias. Tel est le constat que l'on peut dresser à l'occasion du 3 mai 2024. Parions que la Tunisie dégringolera, une nouvelle fois cette année, dans le classement de Reporters sans frontières (RSF) pour la liberté de la presse. Entre 2022 et 2023, elle a chuté de la 94e à la 121e place.

Le constat est là et on n'y peut rien. Déjà, bien avant le putsch du 25 juillet 2021, les médias tunisiens n'étaient pas réputés pour être des foudres de guerre. Ils souffraient de gros problèmes de professionnalisme dus au manque de moyens matériels, mais aussi humains, et étaient souvent la cible de leurs publics.
Après le putsch, la situation a empiré. Les médias contrôlés par l'Etat, à leur tête la Télévision nationale et l'agence de presse officielle TAP, se sont couchés rapidement devant le régime de Kaïs Saïed pour redevenir des médias de propagande comme avant la révolution de 2011.
Les médias privés ont maintenu une certaine indépendance éditoriale et liberté de ton, jusqu'au dernier trimestre 2022 et la promulgation du tristement célèbre décret 54 liberticide. Ce dernier punit jusqu'à dix ans de prison les diffamations et atteintes aux fonctionnaires publics. Le régime n'a pas hésité à l'utiliser, à plusieurs reprises, pour s'attaquer à une bonne dizaine de journalistes ou des directeurs de journaux. Mohamed Boughalleb, qui croupit aujourd'hui en prison, a été arrêté sur la base du décret 54, puis le juge l'a condamné à six mois sur la base du Code des télécommunications. Ni le décret 54 ni le code ne devraient être appliqués quand il s'agit d'un travail journalistique. C'est le décret-loi 115 qui prévaut dans ce cas, mais le pouvoir tunisien a décidé de passer outre les lois en vigueur.

Le décret 54 a fait beaucoup de ravages dans le paysage médiatique puisqu'il a « calmé » l'écrasante majorité des journalistes et leurs patrons. Ce n'est cependant pas la seule arme utilisée par le régime pour bâillonner les médias. Quand le décret 54 n'a pas réussi à intimider les récalcitrants, il a fait appel à d'autres techniques, nettement plus cyniques.
Certains se sont trouvés accusés de terrorisme, d'autres de complot contre l'Etat ou de blanchiment d'argent et toujours sans aucune preuve factuelle. Les accusations frappent, au gré du moment, journalistes, directeurs ou actionnaires.

En dépit de cette situation désastreuse, les organes syndicaux n'ont pas brillé par des réactions spectaculaires comme ce fut le cas après la révolution.
La plus grande organisation syndicale, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) se suffit d'envoyer des avocats pour assister les journalistes « suspects » et de publier, occasionnellement, des communiqués de dénonciation. Idem pour la Fédération des directeurs de journaux. Le syndicat dépendant de l'UGTT se limite, quant à lui, aux revendications matérielles, alors que le Conseil de la presse est totalement moribond, sans absolument aucune réaction.
Et puis il y a la Haute autorité indépendante pour la communication audiovisuelle (Haica) gendarme de l'audiovisuel. Cette dernière rappelait, périodiquement, les violations de la loi et les atteintes à la déontologie. Elle n'a pas hésité à épingler la télévision publique nationale quand elle a diffusé un discours du président de la République violant le silence électoral. En réaction, le régime a gelé les salaires et supprimé les avantages en nature de ses membres les plus indépendants et les plus « insolents » poussés ainsi, malgré eux, au départ.

Comment expliquer cette faiblesse d'organisations autrefois bruyantes et efficaces, malgré tous les affronts frappant la corporation ?
Indéniablement, la locomotive de toute action syndicale d'envergure liée aux médias est le SNJT. Quand ce dernier était présidé par Néjiba Hamrouni, Néji Bghouri et Mehdi Jelassi, on n'hésitait jamais à monter au front et à surenchérir que ce soit face au régime en place ou ses soldats. Quand Zied El Heni a été placé en garde à vue en 2013, le SNJT et la FTDJ ont décrété une grève générale qui a abouti à a libération du journaliste. Suite aux attaques incessantes du mouvement pro-régime Al Karama qui injuriait les journalistes en 2020, le SNJT a appelé ses adhérents à son boycott total le privant ainsi de toute apparition médiatique. Idem pour l'opposante Abir Moussi en 2022 et 2023.
Pourquoi donc le bureau actuel du SNJT a rompu la ligne observée par ses prédécesseurs depuis la révolution ? Il n'a même pas réagi au gel des salaires de la Haica qui a conduit à sa mort clinique !
La raison apparente est qu'il est Impossible que ce bureau décrète une grève générale ou appelle au boycott des actualités du régime sans subir ses affres. Les sanctions ne frapperont pas la corporation, elles viseront individuellement les membres, exactement comme cela s'est vu avec la Haica.
Le résultat est qu'il n'y a plus de contrepoids face à la machine répressive du régime dont la conséquence est la situation actuelle des médias tunisiens, incontestablement la pire depuis l'indépendance du pays en 1956.


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