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Sihem Ben Sedrine, déni de justice, deuxième round
Publié dans Business News le 24 - 06 - 2024

Sihem Ben Sedrine est rattrapée par la justice qui l'assigne à résidence après lui avoir interdit de voyager. Alors qu'elle crie à l'injustice estimant qu'elle est victime d'une cabale politique, elle oublie qu'elle a agi exactement pareil quand elle était présidente de l'Instance Vérité et Dignité en refusant d'exécuter des décisions judiciaires en faveur de ses collègues membres qu'elle a limogés arbitrairement.

Des casseroles, Sihem Ben Sedrine en a collectionné par dizaines. Son mandat de quatre ans passés à la tête de l'Instance Vérité et Dignité (IVD) est est émaillé par les scandales, les injustices et, surtout, une gestion despotique de cet outil créé par la troïka pour réaliser la justice transitionnelle.
Certains membres élus par l'assemblée constituante pour siéger à l'IVD voulaient sincèrement réaliser la difficile transition entre l'ancien régime de Ben Ali et l'après-révolution pour comprendre les mécanismes de fonctionnement de la dictature pendant des décennies et passer, ensuite, à une véritable réconciliation. Sihem Ben Sedrine avait une autre vision de la justice transitionnelle, elle cherchait la revanche et les transactions douteuses.
Dès son élection, en juin 2014, Khemaïs Chamari a jeté l'éponge en démissionnant avec fracas. Suivi quelques jours plus tard par Noura Borsali qui a appelé, au moment de sa sortie, à la révision de la composition de l'IVD et de la loi de la justice transitionnelle. Contrairement à Mme Ben Sedrine, très controversée et clivante depuis toujours, feus Chammari et Borsali étaient très respectés dans le milieu associatif et de défense des droits. Leur démission ne présageait rien de bon et la suite des événements leur a donné, hélas, raison.
Tout au long de sa présidence à l'IVD, quatre ans durant, Sihem Ben Sedrine n'a fait que collectionner les casseroles et les scandales dont plusieurs, normalement, devaient tomber sous le coup de la loi. C'est désormais chose faite avec l'ouverture d'une instruction judiciaire en mars 2023 au Pôle judiciaire économique et financier qui décide de son interdiction de voyage le 2 mars 2023 et son assignation à résidence le 7 mars 2024.

L'intéressée ne s'en cache pas et s'explique en criant à l'injustice. À l'entendre, elle serait victime d'une cabale politique. Explication de circonstance, qui tombe sous le sens, en cette période où l'on compte des dizaines de prisonniers politiques et des centaines d'instructions judiciaires fallacieuses contre de hautes personnalités de l'Etat.
En tout, Sihem Ben Sedrine est poursuivie dans six affaires, toutes liées à sa gestion de l'IVD. Elle est officiellement inculpée de « s'être procuré des avantages injustifiés », « causé des préjudices à l'Etat » et « falsification », en vertu des articles 96, 98, 172, 175, 176, 177 du code pénal, accédant à une demande du parquet en date du 20 février 2023.
Mme Ben Sedrine affirme que les procédures ont été déclenchées suite à une plainte déposée par une membre de l'IVD, qui serait opportuniste d'après elle et qui se serait jetée entre les bras du nouveau pouvoir. Tous ses malheurs viendraient de cette « jalouse ». Il s'agit d'Ibtihel Ben Abdellatif, mais elle a pris soin de ne pas la nommer. Ce n'est cependant qu'une partie de la vérité, car Mme Ben Sedrine omet de signaler qu'elle a déjà été épinglée par la cour des comptes dans un cinglant rapport publié en mars 2019 et qui cite plusieurs dépassements financiers. Elle a également été épinglée par plusieurs médias et observateurs politiques, dont plusieurs articles de Business News, des enquêtes sérieuses réalisées par la Fondation Hirondelle ou par l'ancien député Yassine Ayari. Elle a aussi fait l'objet d'une plainte déposée par le dernier président de l'Instance de lutte contre la corruption, Imed Boukhris.

Comme stratégie de défense, l'ancienne présidente joue à fond la carte de la victimisation et la diabolisation de ses accusateurs, mais aussi des contrevérités. Sur ce point, elle est restée fidèle à ce qu'elle a toujours été.
Dans un assez long post Facebook publié le 23 mai 2024, elle accuse la justice d'être aux ordres avec des déséquilibres fréquents. Le juge qui l'a interdite de voyage en mars 2023 a été promu un mois après, ce qui a fait retarder de près d'un an l'instruction du dossier, le temps qu'on lui nomme un successeur. Elle affirme qu'une avocate proche du pouvoir a publié l'annonce de l'interdiction de voyage, quinze jours avant que le juge ne la prenne.
En février 2024, elle a été auditionnée dans quatre affaires par un juge d'instruction du Pôle financier qui, à l'issue de l'interrogatoire, a décidé d'émettre une nouvelle interdiction de voyage. Ce juge, d'après Mme Ben Sedrine, aurait cependant refusé de suivre le parquet qui aurait demandé l'émission d'un mandat de dépôt, ce qui lui aurait valu une mutation, dans les quinze jours, dans une juridiction dépourvue de Pôle financier.
Le 7 mars 2024, elle a été auditionnée par un nouveau juge qui a décidé de l'assigner à résidence, à Raoued, avant même qu'il n'instruise le dossier. Ce nouveau juge aurait été promu, lui aussi.
Aussi bien en mars 2023 qu'en mai 2024, Mme Ben Sedrine a dénoncé une véritable cabale politique ciblant tout le processus de la justice transitionnelle. Si on la cible, c'est parce qu'elle s'est opposée à l'ancien régime. « On ne pardonne pas à l'IVD d'avoir traduit 1426 accusés devant les juridictions transitionnelles et ce après avoir commis des crimes contre des citoyens en utilisant l'appareil de l'Etat ».
Quid de la corruption et des abus de biens publics dont elle est accusée ? « Le dossier serait vide de toute preuve », d'après elle. Autre stratégie de défense, l'attaque. Outre les plaintes déposées contre les médias (dont Business News pendant dix ans), Mme Ben Sedrine a attaqué en justice son ancienne collègue qui l'accuse, et ce dès 2019. Ces plaintes ont toutes été classées par les magistrats.
Dernier point sur lequel Sihem Ben Sedrine attaque l'institution judiciaire, la violation flagrante de l'immunité dont elle bénéficie en sa qualité de membre de l'IVD. La loi de 2013 qui a institué l'IVD, taillée sur mesure par ses amis de la troïka, prévoit en effet que les membres de l'IVD ne peuvent être jugés pour leur travail au sein de l'instance durant tout leur exercice.
Cette immunité englobe-t-elle aussi les abus financiers ? Il devrait y avoir un débat là-dessus, la loi se prête à une multiplicité d'interprétations.

En tout état de cause, à cause de la violation de son immunité telle que prévue par la loi, à cause des mouvements suspects ayant touché les magistrats qui ont instruit son dossier et à cause des plaintes pour diffamation qu'elle a déposées et qui ont été classées, Mme Ben Sedrine crie au déni de justice.
Cela s'entend et la présomption d'innocence doit prévaloir quel que soit le nom de l'accusé.
Sauf qu'on ne peut pas occulter le fait que Sihem Ben Sedrine est frappée là même où elle a frappé ses propres collègues quand elle était présidente de l'IVD. Elle a aussi, fait preuve de déni de justice envers eux et d'un despotisme hors-pair. Elle a poussé à la démission plusieurs des membres de l'IVD et a limogé un tas d'autres.
Parmi les noms des démissionnaires et/ou victimes de la présidente despotique de l'IVD, citons, outre Khemaïs Chamari et Noura Borsali, Azouz Chaouali, Ibtihel Abdellatif, Oula Ben Nejma, Ali Radhouane Ghrab, Slah Eddine Rached, Afef Nahali, Zouheïr Makhlouf, Mohamed Ayadi, Lilia Bouguira, Mustapha Baâzaoui, Seïf Soudani, Anouar Moalla… Une belle brochette où l'on trouve des magistrats, des militants, des journalistes et de hauts fonctionnaires. Certains parmi eux ont témoigné des ravages causés par la présidente et ses décisions arbitraires, orientées et vengeresses, d'autres ont préféré le silence et d'autres ont témoigné à visage couvert. Mais la majorité a témoigné du despotisme de celle qui répétait partout : « Je suis l'IVD et l'IVD c'est moi. Pas d'IVD sans moi ».
Si certains sont partis tête baissée, la rage au cœur, d'autres ont résisté à ce despotisme d'une manière civilisée en se dirigeant vers le tribunal administratif ou les tribunaux judiciaires. C'est le cas notamment de MM. Makhlouf et Baâzaoui et Mme Bouguira. Sauf que voilà, le tribunal administratif a beau trancher en leur faveur et ordonner à la présidente de les réintégrer, cette dernière a refusé net de se plier aux jugements ! Pour certains, les verdicts ont été prononcés des années plus tard, bien après l'achèvement des travaux de l'instance et sa fermeture.
C'est une lapalissade, avant d'être la supposée victime aujourd'hui, Sihem Ben Sedrine était une véritable despote hier. Avant de subir un hypothétique déni de justice aujourd'hui, elle était responsable de déni de justice hier. En matière d'injustice et de déni de justice, Mme Ben Sedrine affronte aujourd'hui le deuxième round, après avoir remporté le premier.
Il n'y a rien de triste pour elle, il y a du triste pour ses victimes, pour la justice transitionnelle et pour la justice tout court. Combattre un bourreau par ses propres armes nauséabondes n'est jamais bon.


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