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Qui est vraiment Zouhair Maghzaoui ?
Publié dans Business News le 14 - 08 - 2024

Après Ayachi Zammel, Business News présente le second rival de Kaïs Saïed à la présidentielle du 6 octobre 2024.
Zouhair Maghzaoui est un panarabiste qui tient les rênes de son parti Echaâb depuis plus de onze ans. Après avoir longuement soutenu le coup de force de Kaïs Saïed du 25 juillet 2021, il retourne sa veste sur le tard et se présente contre lui pour la présidentielle du 6 octobre 2024.

Originaire de Kébili, enseignant dans un lycée secondaire, Zouhair Maghzaoui est né en 1965 et fait partie des figures politiques connues du panarabisme en Tunisie, mais aussi du mouvement nassériste, deux des symboles principaux de son mouvement Echaâb (mouvement du peuple).
Il a été catapulté à la tête de son parti le 7 juillet 2013 après la démission fracassante de son leader Mohamed Brahmi, assassiné deux semaines après, pour divergences profondes quant aux alliances politiques à entreprendre.
Tête de liste de son parti aux législatives de 2014, sur la circonscription de Kébili, Zouhair Maghzaoui réussit à devenir député avec 8489 voix et a été facilement réélu aux législatives de 2019.
Comparé à son rival à la présidentielle et ancien collègue député Ayachi Zammel, M. Maghzaoui a été bien moins studieux au parlement. D'après le décompte de l'observatoire Bawsala, il était présent à 78,57% des plénières (88/112) et n'a participé qu'à 64,78% des votes (217/335). Il ne fait partie d'aucune commission.
Fortement hostile aux islamistes et, naturellement, aux terroristes, il a été maintes fois menacé de mort. Il bénéficie, dès lors, d'une protection rapprochée depuis 2014 et cette protection a été renforcée après de nouvelles menaces en avril 2020. Le souvenir de la mort violente de son ancien camarade Mohamed Brahmi, le 25 juillet 2013, est toujours dans les mémoires des Tunisiens et spécialement ceux qui s'opposent aux islamistes.

Sur le plan idéologique, Zouhair Maghzaoui se présente comme panarabiste et nassériste. Deux tendances qui ont encore une certaine assise populaire, malgré leur anachronisme. Aux législatives de 2019, Echaâb a réussi à récolter quelque 129.604 voix (4,52%, 6e) obtenant ainsi quinze sièges au parlement. Bien davantage que les législatives de 2014 où le mouvement n'a obtenu que 45.799 voix (1,34%, 9e) et seulement trois sièges dont un pour M. Maghzaoui.
En dépit de son relatif faible poids populaire, le mouvement Echaâb fait preuve de beaucoup de mégalomanie et fait énormément de bruit sur la scène politique tunisienne, bien supérieur à sa carrure.
Son panarabisme et son nassérisme ont du mal à convaincre une majorité de Tunisiens. Avec une moyenne d'âge de 34 ans, les Tunisiens n'ont pas connu Jamel Abdennacer (d'où est tiré le nassérisme), ni les guerres panarabes de 1948, 1956, 1967 et 1973.
D'ailleurs, comment peut-on encore croire en des valeurs nasséristes en cette époque de l'internet et de l'intelligence artificielle et de la nouvelle carte du monde ? Quel point commun peut avoir Jamel Abdennacer, décédé en 1970, avec le monde de 2024 ?
Droits dans leurs bottes, les dirigeants et les militants d'Echaâb sont très hostiles aux progressistes en général et aux francophones en particulier, mais ils sont aussi des ennemis farouches des islamistes. C'est en surfant sur ces hostilités que Zouhaïr Maghzaoui a pu maintenir les rênes de son parti depuis 2013. Sa dernière reconduction remonte au congrès de 2022.

À l'assemblée de 2019, il fut parmi les principaux opposants au président du parlement Rached Ghannouchi. À deux reprises, il a signé avec son bloc, la motion de censure contre lui et fut, comme beaucoup de Tunisiens, très satisfait du coup de force du 25 juillet 2021.
Sauf que voilà, alors que beaucoup de Tunisiens ont rapidement déchanté, comprenant très vite les limites de Kaïs Saïed et sa volonté de faire main basse sur le pays, Zouhair Maghzaoui et son parti ont soutenu, très longuement le président de la République. « Le 25-Juillet n'était guère un caprice de Kaïs Saïed mais une satisfaction de la volonté du peuple », dit-il le 30 septembre 2021 sur Jawhara FM. « Le 25-Juillet n'est pas exclusif à Kaïs Saïed. Il s'agit d'une date historique pour l'ensemble de la Tunisie », dit-il quelques jours plus tard au micro de Mosaïque FM.
Ce soutien à Kaïs Saïed n'était cependant pas sans réserve, Zouhair Maghzaoui voulait que le président de la République, qui s'est auto-octroyé les pleins pouvoirs entre-temps, ait un dialogue sérieux avec toutes les composantes politiques l'ayant soutenu. Ce dialogue n'a jamais eu lieu.
Bien que totalement ignoré par le chef de l'Etat, Zouhair Maghzaoui a continué à lui manifester son soutien. Pire, à lui suggérer les solutions les plus folles pour asseoir encore davantage son pouvoir et sa mainmise sur le pays et les institutions.
Avant tout le monde, en décembre 2021 au micro de Shems FM, il a appelé à la dissolution du conseil supérieur de la magistrature.
En mars 2022, il a été parmi les tous premiers à saluer la dissolution officielle du parlement.
En juillet 2022, il a soutenu fermement le oui pour le référendum sur la constitution qu'a écrite, tout seul et sans la participation de personne, Kaïs Saïed. « Les Tunisiens devaient voter massivement en faveur du "oui" même à contrecœur », dit-il le 11 juillet au micro de Mosaïque FM.
Le soutien à Kaïs Saïed n'est cependant pas total, puisque Zouhair Maghzaoui n'a de cesse de critiquer le gouvernement de Najla Bouden. Il a tout fait, notamment lors de ses entretiens en tête-tête avec le chef de l'Etat (pas toujours médiatisés par Carthage) pour obtenir un siège dans un nouveau gouvernement.

Il a fallu attendre les élections de décembre 2022 et leur échec cuisant, avec un taux de participation (officiel) de 11% pour que Zouhair Maghzaoui commence à critiquer le président de la République. « Le processus du 25-Juillet est dans l'impasse et Kaïs Saïed en est la cause (…) le président de la République ne sait pas définir ses priorités et a échoué dans la gestion de cette phase (…) Cet échec du chef de l'Etat s'est traduit le 17 décembre 2022 par le faible taux de participation au premier tour des législatives. « Le peuple n'est pas satisfait de la démarche du président de la République », dit-il le 16 janvier 2023 au micro de Mosaïque FM.
Contrairement à son rival Ayachi Zammel, il a été parmi ceux qui ont critiqué les arrestations de personnalités politiques dans les célèbres affaires de complot contre l'Etat en février 2023. Idem après l'arrestation de Abir Moussi.
Il a été parmi les tous premiers à critiquer la nomination d'Ahmed Hachani en août 2023 à la tête du gouvernement (limogé depuis).
Avec son mouvement Echaâb, il a refusé de participer aux élections locales de décembre 2023 qui ont été une véritable mascarade avec un taux de participation (officiel) de 11%.
Sa position est devenue bien claire et sans ambiguïté en mars 2024 quand il a dit au micro de Mosaïque FM que le bilan du 25-Juillet est négatif.

Se positionnant clairement contre le régime, et en dépit de sa faible assise électorale, il annonce en juillet 2024 sa candidature à la présidentielle, suite au conseil national de son parti.
Comment peut-on être candidat à une magistrature suprême, alors que l'on a une faible assise électorale, qu'il n'y a aucun sondage qui vous désigne parmi les dix premiers, que votre idéologie est loin, très loin, d'être partagée et qu'il vous est quasiment impossible de nouer des alliances avec les autres familles politiques ? Il est très peu probable, en effet, que les islamistes, les progressistes ou les RCDistes soutiennent un candidat panarabe.
Il faudrait, pour répondre à ces questions, comprendre la mégalomanie de Zouhair Maghzaoui.
Sans sourciller, il affirme ne pas être un sombre inconnu et avoir milité contre la dictature. C'était lors d'une conférence de presse le 23 juillet 2024.
Fortement convaincu d'être influent sur le plan national, il croit aussi avoir des influences internationales.
À l'entendre, ce serait lui qui était derrière la participation de Kaïs Saïed au forum sino-arabe. « J'ai veillé à ce que le président de la République, Kaïs Saïed participe au Sommet sino-arabe qu'il ait une rencontre bilatérale avec son homologue chinois », a-t-il déclaré au micro de Shems FM en décembre 2022.
Chez lui, la mégalomanie la dispute parfois à la mythomanie, ce qui a pour conséquence de tromper les bases de son parti et ses sympathisants. Dans les annales, cette intervention sur la chaîne TV Attassiaa, à l'occasion de la fin du congrès d'Echaâb et de sa reconduction à la tête du part.
Sans sourciller, il affirme avoir reçu un appel téléphonique du président vénézuélien Hugo Chavez pour le féliciter. C'était le 28 mars 2022, à la télévision sur la chaîne Attessiaa, alors que Chavez est mort en 2013. Le journaliste Lotfi Laâmari, présent sur le plateau, a remarqué tout de suite le mensonge et l'a interpellé. Essayant de se rattraper, pardon, le président Morales. La réponse n'est toujours pas bonne, puisque Morales est l'ancien président de la Bolivie et non du Venezuela.

En chiffres, l'électorat de Zouhair Maghzaoui ne saurait dépasser les 150 mille électeurs, si l'on tient compte des résultats des dernières élections de son parti en 2019 (129.604 électeurs), puisque celles de 2022 étaient interdites aux partis.
Bien ancré dans le sud, le candidat n'a pas de réelles attaches ailleurs dans le pays. Tout comme son rival Ayachi Zammel et contrairement à son rival Kaïs Saïed, Zouhair Maghzaoui a fait très peu de terrain dans les villes et les endroits reculés.
Son autre handicap est qu'il lui sera très difficile de nouer des alliances avec les autres familles politiques. Au vu de ses positions farouchement anti-islamistes, il lui sera impossible d'obtenir leurs votes. Les islamistes ont d'ailleurs un surnom pour les dirigeants du mouvement Echaâb qu'ils appellent les « barils explosifs » en clin d'œil à leur proximité et leur soutien au dictateur syrien Bachar El Assad.
Autre soutien difficile à obtenir, celui des progressistes qui n'ont jamais observé d'un bon œil les panarabistes et ceux encore bloqués dans les mythes du siècle dernier.
Quant aux RCDistes, si jamais leur candidat naturel Mondher Zenaïdi n'obtienne gain de cause au tribunal administratif pour son recours, ils pourraient voter Kaïs Saïed ou Ayachi Zammel, mais certainement pas Echaâb avec qui ils n'ont que peu d'historique.


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