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Diabolisation de la société civile : gare à la dérive !
Publié dans Business News le 15 - 11 - 2024

Depuis plusieurs mois, voire plus d'un an, la société civile est dans le viseur du président de la République, Kaïs Saïed. Selon lui, les associations recevant des financements étrangers seraient impliquées dans un complot visant la sécurité de l'Etat et des citoyens. Mais ce discours généralisé contre la société civile est-il justifié et rationnel ?

Ce discours fait écho à des accusations passées, évoquant un réseau secret d'hommes politiques, d'hommes d'affaires, de journalistes et d'associations œuvrant à déstabiliser le pays. Ce prétendu complot avait beaucoup alimenté les débats parmi les partisans du coup d'Etat du 25 juillet 2021. Pour certains, la solution était de réviser la législation pour renforcer le contrôle de l'Etat sur la société civile. D'autres préconisaient des mesures plus drastiques, comme emprisonner les "agents et traîtres" sans preuves ni procès.
Cependant, à mesure que l'actualité se concentre sur le budget de l'Etat pour 2025, la question de la société civile semble avoir été mise de côté. Pourtant, il n'est pas facile d'oublier les promesses faites par Kaïs Saïed de "sanctionner les responsables" et de "purger" la société civile. Aujourd'hui, ce processus semble en marche avec le gel des avoirs de plusieurs associations, comme I Watch et Mourakiboun.
Cette décision du pôle judiciaire économique et financier fait partie d'une enquête sur des financements étrangers jugés suspects, suite à une plainte déposée par l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), qui a exprimé des préoccupations sur l'origine de ces fonds. L'Isie avait d'ailleurs rejeté les demandes d'accréditation de ces organisations pour l'observation de l'élection présidentielle d'octobre 2024, en invoquant des financements douteux.
Cette décision, bien qu'elle fasse l'objet de débats, n'a pas surpris. En effet, elle s'inscrit dans la logique de répression des oppositions politiques et des associations critiques envers le pouvoir depuis le 25 juillet 2021. Un phénomène similaire avait affecté les partis politiques, les hommes d'affaires, et plus récemment, les organisations de la société civile.

Mais faut-il vraiment "purger" la société civile ? En consultant les sites web des associations comme I Watch et Mourakiboun, il apparaît que ces dernières sont transparentes sur leurs financements. Mourakiboun met ainsi en ligne une liste des bailleurs de fonds, des projets réalisés, des dates et montants des financements, depuis janvier 2019 jusqu'à décembre 2023. I Watch, quant à elle, publie une liste similaire depuis 2012, détaillant les sources de financement, les montants, et les objectifs des projets.
Malgré cette transparence, de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux continuent d'accuser ces associations de corruption et de trahison. Mais est-il vraiment si facile de détourner des fonds dédiés à des projets ? Bien sûr que non. Le financement des projets d'associations est strictement encadré. En Tunisie, le décret 88 régule les associations et leur financement, et plusieurs experts, dont Bassem Trifi, président de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l'Homme, affirment qu'il est suffisant pour assurer une gestion transparente.
Les financements étrangers proviennent principalement d'institutions européennes et américaines, qui suivent de près l'affectation des fonds. Le Parlement européen, par exemple, a interrogé plusieurs fois les responsables européens et les bailleurs de fonds concernant l'allocation de ces fonds. L'octroi des financements s'effectue par tranches, et chaque association doit soumettre des rapports d'avancement avant de débloquer la tranche suivante. L'argent ne circule pas en liquide mais par virement bancaire, via la Banque centrale de Tunisie et les banques commerciales, ce qui rend toute tentative de détournement de fonds beaucoup plus complexe.
Dans les faits, l'argent n'est pas mis à disposition d'une association dans une mallette noire comme on le voit dans les films de gangsters ! Le mythe des milliards ou des milliers de dinars en cash mis à disposition de corrompus n'est que foutaise et illusion.

Il est donc crucial de ne pas céder à la tentation de la généralisation et de la stigmatisation. Accuser la société civile dans son ensemble d'être corrompue ou traîtresse est non seulement infondé, mais également dangereux. Ces organisations jouent un rôle fondamental dans de nombreuses initiatives en Tunisie : soutien aux populations vulnérables, accompagnement des jeunes entrepreneurs, accès à la justice et aux services administratifs, ainsi que lutte contre l'extrémisme. Leur fermeture ou leur répression n'aurait que des effets négatifs sur le développement du pays.
Il est également essentiel de considérer l'impact économique de telles politiques. La société civile emploie environ 30.000 personnes et fait appel à de nombreux fournisseurs de services, notamment pour la location de matériel, l'organisation d'événements ou l'accompagnement technique. Une politique hostile envers ces organisations entraînerait une perte d'emplois et une détérioration de l'économie locale.

La société civile joue un rôle crucial dans la construction et l'édification d'une démocratie saine et transparente. Comme tout autre secteur, elle nécessite une législation efficace, mais aussi adaptée aux besoins des acteurs concernés. Préserver son indépendance et son dynamisme est essentiel pour garantir le bien-être des citoyens, assurer une véritable représentativité et maintenir un contrôle effectif du pouvoir. En somme, accuser systématiquement la société civile et ses associations de corruption ou de trahison relève d'un discours infondé et déraisonnable.


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