Ousmane Dione, vice-président de la Banque mondiale pour la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, est revenu sur sa visite en Tunisie et ses objectifs. Pour lui, si le pays saisit les opportunités qui s'offrent à lui, il pourrait devenir le Singapour de l'Afrique. Il a expliqué, vendredi 13 décembre 2024, au micro de Wassim Ben Larbi dans l'émission Expresso sur Express FM, qu'il s'agissait de sa deuxième visite officielle dans le cadre du partenariat entre la Tunisie et la Banque mondiale. « Ce partenariat est fort, solide et sain, et il s'inscrit dans une dynamique de résultats et de consultation continue, sur la base des priorités du gouvernement tunisien, pour pouvoir l'accompagner dans son agenda de développement », a-t-il déclaré. Il a également évoqué ses « entretiens fructueux » avec le président Kaïs Saïed, le chef du gouvernement Kamel Maddouri et d'autres membres du gouvernement, soulignant que ces échanges étaient basés sur la vision de la Tunisie et sur la manière dont la Banque mondiale pourrait accompagner le pays dans sa dynamique de développement. Ousmane Dione a précisé que l'un des points abordés lors de cette visite concernait le « contrat social » et les moyens de soutenir la Tunisie dans ses priorités de développement. « Ce contrat social est l'engagement basé sur les priorités définies par le gouvernement, et ces engagements touchent des secteurs comme la santé, l'éducation, l'accès à l'eau potable et l'assainissement, la sécurité alimentaire, ainsi que la modernisation numérique. Ce programme inclut des réformes pour attirer davantage d'investissements, créer des emplois de qualité et soutenir les PME. Il comprend également la modernisation des infrastructures, comme la mobilité urbaine et les ports, dans une approche intégrée visant à renforcer la justice sociale, afin que tous les Tunisiens bénéficient des fruits de la croissance », a-t-il ajouté.
Concernant les secteurs dans lesquels l'institution monétaire intervient, Ousmane Dione a précisé : « Nous travaillons sur des secteurs clés, comme la transition énergétique et les énergies renouvelables, avec des projets comme ElMed. Nous avons aussi des programmes dans l'éducation, notamment pour améliorer les universités et assurer la formation continue de la jeunesse tunisienne. Le secteur de l'eau est également crucial, car la Tunisie fait face à un stress hydrique important. Assurer une sécurité hydrique est essentiel pour l'agriculture, l'alimentation en eau potable et l'assainissement. Ce secteur est lié à la sécurité énergétique, et une meilleure gestion de l'eau et de l'énergie peut attirer des investissements et des transferts de technologie, comme le dessalement de l'eau et les énergies renouvelables. Cela contribuera à la création des industries du futur en Tunisie, permettant ainsi à l'économie de se redynamiser et de s'exporter. » Enfin, Ousmane Dione a souligné la nécessité d'une réforme de l'administration tunisienne : « Nous travaillons avec le gouvernement pour l'aider à moderniser et digitaliser l'administration, ce qui réduira les coûts de transaction, améliorera la gouvernance et permettra une plus grande efficacité dans certains secteurs. » Ousmane Dione a également abordé les défis qui pourraient servir de moteurs à la croissance tunisienne, notamment les énergies renouvelables. Selon lui, « le potentiel de la Tunisie dans ce domaine est énorme ». Il a ajouté que le pays pourrait bâtir toute une industrie basée sur ce secteur, l'utiliser pour la croissance et l'exporter, tout en veillant à favoriser le transfert de technologies. Pour lui, la position géographique de la Tunisie, son savoir-faire et ses compétences représentent une opportunité de créer des industries comme celle des panneaux photovoltaïques, un secteur qui n'existe pas encore sur le continent africain. Il a aussi évoqué les opportunités dans le domaine numérique et digital, qui, selon lui, devraient être soutenues par « une vision claire, forte et soutenue », afin de générer des milliers d'emplois et relancer la croissance économique. Il a également souligné les atouts du secteur agricole, notamment dans l'arboriculture (oliviers et dattiers), rappelant que la Tunisie est l'un des principaux exportateurs d'huile d'olive.
Ousmane Dione a enfin évoqué l'urbanisation comme un moteur potentiel de la croissance et l'importance d'investir dans la mobilité urbaine, afin de donner à la Tunisie l'image d'un pays doté d'un transport public fiable, sûr et propre. « La Tunisie a cette opportunité d'être un Singapour africain, non seulement en termes de technologie de pointe, de logistique, mais aussi grâce à des gens très bien formés et très bien équipés. C'est dans ce contexte que nous travaillons et accompagnons la Tunisie », a-t-il affirmé. Il a conclu en précisant que la Banque mondiale prévoit un partenariat avec la Tunisie pour les cinq prochaines années, avec un financement annuel de 600 millions de dollars pour soutenir des secteurs comme l'éducation, la santé, le digital et l'eau. « Nous soutenons également l'amélioration de l'environnement des affaires, un facteur clé pour attirer les investissements », a-t-il ajouté.