La chambre des mises en accusation près de la Cour d'appel de Tunis a confirmé la décision du doyen des juges d'instruction du tribunal de première instance de Tunis de prolonger de quatre mois la détention préventive du dirigeant d'Ennahdha et ancien ministre de la Justice, Noureddine Bhiri, dans l'affaire du décès de Jilani Daboussi. C'est ce qu'a rapporté Mosaïque FM lundi 23 décembre 2024, une information confirmée par Sami Daboussi, fils du défunt. Le doyen des juges d'instruction du tribunal de première instance de Tunis avait émis des mandats de dépôt dans le cadre de cette affaire contre Noureddine Bhiri, le dirigeant nahdhaoui Mondher Ounissi et une ancienne médecin de la prison civile de la Mornaguia. Les personnes impliquées dans l'enquête sur le décès de Jilani Daboussi sont accusées de meurtre avec préméditation, en attendant la poursuite des investigations.
Pour rappel, Jilani Daboussi est décédé à l'âge de 67 ans quelques heures après sa libération de la prison civile de la Mornaguia. Il y avait été incarcéré du 7 octobre 2011 au 7 avril 2014, soit une détention de deux années et demi. Il s'agit d'une période dépassant de loin les délais fixés par la loi à seulement quatorze mois. Malgré les nombreuses demandes de libérations et la détérioration de son état de santé, la justice avait maintenu l'ancien élu en temps de Ben Ali et de Bourguiba en détention. Le fils du défunt a évoqué une pression exercée par les ministres de la Justice et de la Santé en ce temps-là, à savoir Noureddine Bhiri (actuellement en prison) et Abdellatif Mekki. Sami Daboussi a assuré que son père était resté en prison pour avoir refusé de payer un pot-de-vin de 50.000 dinars. Il a, par la suite, annoncé avoir saisi la justice française et avoir présenté un enregistrement audio de Noureddine Bhiri ordonnant la falsification du dossier médical de son père. L'affaire a même atteint des dimensions internationales puisque le Comité des droits de l'Homme relevant du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme s'en est saisi. D'après cette institution, le défunt a été victime d'une violation des droits de l'Homme, a reproché aux autorités tunisiennes d'avoir failli à leur devoir de protéger la vie de Jilani Daboussi et a dénoncé l'absence d'une enquête. Par la suite et à la date du 10 janvier 2022, le procureur de la République près le Tribunal de première instance de Tunis a ouvert une enquête sur les circonstances du décès de Jilani Daboussi.