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Kaïs Saïd face au piège de ses propres béni-oui-oui
Publié dans Business News le 06 - 01 - 2025

Joyeuse année 2025 à tous. Qu'elle vous soit fructueuse et profitable et que votre liberté et votre santé vous soient préservés.
Un peu partout dans le monde, les présidents et les chefs du gouvernement font une brève allocution pour souhaiter leurs meilleurs vœux à leurs compatriotes. Ils leur parlent de l'année écoulée et leur expliquent les principaux contours de l'année à venir.

Kaïs Saïd face à ses priorités singulières
Notre président à nous, Kaïs Saïd, a une approche différente de celles de tous ses confrères. Il se singularise et il est égal à lui-même, en cela, puisqu'il pense que les procédés classiques sont éculés et ont prouvé leurs limites. Pour le 31 décembre, il n'a donc pas formulé de vœux, mais il a reçu au palais de Carthage un ingénieur qui a développé, selon ses dires, un concept nouveau.
Alors que le Journal de 20-Heures commence à 20 heures partout dans le monde, la télévision nationale a choisi de le décaler de vingt minutes ce 31 décembre afin de montrer aux Tunisiens cet ingénieur et sa création. Celle-ci consiste à fabriquer du papier à partir de pierres rares, de résidus de phosphate, de débris de carrières et de restes de matériaux de construction. Le bonhomme, au nom de Abdelsamad Kribi, a même créé une société communautaire pour cela.
Pour le président de la République, mieux que de formuler des vœux, il a montré l'exemple de réussite d'un brillant ingénieur venu des fins fonds de Kasserine. Théoriquement, ce modèle vaut tous les vœux et pourrait inspirer d'autres Tunisiens à faire pareil. Surtout, le chef de l'Etat montre comment les sociétés communautaires, si chères à son cœur, peuvent constituer une solution alternative pour l'économie.

Quand la supercherie prend le dessus sur la vérité
Les ingénieurs qui ont vu le reportage de la télévision ont tiqué de prime abord. Abdelsamad Kribi parle très vaguement et n'a pas utilisé leur jargon dans l'interview. Est-il vraiment ingénieur ?
La spécialité du diplôme d'ingénierie dont il se dit titulaire n'existe pas en Tunisie, ni dans les pays européens où vont généralement nos ingénieurs. Est-il diplômé en Ukraine ou au Laos ?
Le concept dont il parle existe déjà depuis des lustres. Le monsieur reçu par le président de la République a-t-il vraiment créé quelque chose de nouveau ?
Par ailleurs, pourquoi une personne normalement constituée qui a créé quelque chose d'ingénieux irait-elle le partager avec 49 associés dans le cadre d'une société communautaire tout en ayant avec eux le même nombre d'actions. Cette société communautaire existe-t-elle réellement ? Ces 49 actionnaires existent-ils vraiment ?
Une partie des interrogations des ingénieurs et des sceptiques a trouvé réponse rapidement sur les réseaux sociaux dès le 2 janvier. Nos fouineurs sur le web ont rapidement détecté une grande et grave supercherie, à travers entre autres la propre page Facebook de Abdelsamad Kribi.
Le monsieur y dit être diplômé d'une faculté de gestion de Monastir et non ingénieur comme il l'a dit au président.
Sa dite-invention n'a rien de nouveau et le papier qu'il a donné au chef de l'Etat aurait été fabriqué par une entreprise chinoise et acheté sur le web. Avant d'être « ingénieur », le monsieur aurait un magasin de vêtements islamiques et de plusieurs babioles. Il ne s'est même pas donné la peine de créer une nouvelle page dédiée à son invention et sa société communautaire, il a pris l'ancienne, celle des babioles, et lui a changé son nom.

Les Tunisiens entre moqueries et désolation
Naturellement, les découvertes ont déclenché des centaines de commentaires moqueurs ciblant à la fois le mythomane-charlatan et le président de la République.
Au lieu de commencer l'année 2025 avec des perspectives, des objectifs et de l'optimisme comme partout dans le monde, les Tunisiens ont commencé la nouvelle année avec des moqueries pour les uns et des désolations sur le triste bas niveau atteint pour les autres.

Qui porte la responsabilité de cette débâcle ?
Dans cette histoire, il doit y avoir des coupables et des têtes doivent tomber. Comment peut-on exposer le président de la République, quel que soit son nom, à ce niveau de moqueries ? Il ne s'agit pas de Kaïs Saïd, cela le dépasse. Il s'agit du chef de l'Etat, de l'Etat et du pays tout entier.
Abdelsamad Kribi dit avoir envoyé une lettre au président de la République. Comment se fait-il que le bureau d'ordre de Carthage ait transmis la lettre au chef de l'Etat sans avoir alerté les services concernés pour vérifier l'authenticité de son contenu et l'identité de son expéditeur ?
À défaut de chef de cabinet, un poste vacant depuis janvier 2022, où sont les membres du cabinet présidentiel qui sont théoriquement chargés de tout filtrer avant de transmettre quoi que ce soit au président de la République ?
À défaut de directeur de la communication, un poste vacant depuis octobre 2020, où sont les membres du service de communication de la présidence qui ont rendu publiques ces images à l'origine du scandale ?

Les béni-oui-oui qui font perdurer l'erreur
Pourquoi la télévision publique nationale a diffusé deux reportages pour faire la promotion de Abdelsamad Kribi sans avoir vérifié l'authenticité de son contenu, l'identité du monsieur et ses soi-disant diplômes ?
Pourquoi le journal public La Presse a-t-il publié un long article de propagande sur le même sujet ? Où sont les journalistes de la Télévision publique et de La Presse ? Aucun d'eux ne connait la déontologie et n'a de réflexe journalistique basique, celui de vérifier une information avant de la diffuser ? Aucun d'eux n'a pensé à alerter la présidence qu'il s'agissait d'une supercherie ? Aucun d'eux n'a pensé au scandale et au danger d'exposer ainsi le président de la République à la risée générale ?
Le scandale avec lequel nous avons commencé l'année 2025 n'est pas la faute de Abdelsamad Kribi seulement, lui n'est qu'un charlatan qui a tenté avec succès une audacieuse et folle missive. La faute revient au cabinet présidentiel, au service de communication de la présidence et aux journalistes propagandistes qui n'ont aucun respect pour leur propre métier, ni pour le président de la République devant qui ils sont devenus des béni-oui-oui. Mais sois béni-oui-oui et sois propagandiste, mais au moins assure bien cette tâche que tu as choisi et n'expose pas celui que tu dis vénérer !!!

Scandales en série : une récurrence inquiétante
Le pire avec le scandale de Abdelsamad Kribi est que ce n'est pas une première. Il y a déjà plusieurs précédents du même acabit avec Kaïs Saïd.
On se rappelle encore du fameux tunnel de la Marsa, de l'enveloppe empoisonnée, du pain empoisonné ou encore de cette dame de la commission de conciliation pénale qui lui a dit qu'elle est en négociation avec un mystérieux homme d'affaires en prison qui va restituer quelque trente « billions » de dinars à l'Etat.
À chaque fois, dans ces scandales, il y avait anguille sous roche qui aurait dû alerter les membres du cabinet présidentiel et son service de communication et empêcher toute diffusion publique du scandale. Sauf qu'à chaque fois, les services présidentiels exposent le chef de l'Etat à la moquerie publique.

Le président vulnérable : une absence de garde-fous
En amont, il y a déjà une défaillance, celle de ne pas filtrer les lectures et les visites du président de la République. Un président de la République n'est pas un agent du bureau d'ordre pour lire tout le courrier reçu. Un président de la République n'est pas n'importe qui pour rencontrer n'importe qui et écouter du n'importe quoi. Un président de la République doit avoir une revue de presse très sélective et ne peut pas s'amuser à perdre son temps à lire les idioties circulant sur les réseaux sociaux.

Ce que l'on conclut avec tous ces scandales, c'est que Kaïs Saïd est exposé à tous ces dangers, alors que ses services auraient dû l'en prémunir.
Quand bien même il serait têtu et veut être proche des citoyens bons et mauvais, sincères et charlatans, mythomanes et limités, ses services n'ont pas à diffuser au public toutes ses rencontres.
Il doit y avoir des filtres et de la sélectivité très stricte pour préserver le président de la République et, à défaut, son image. Le dispositif sécuritaire ne doit pas concerner que la personne physique, il doit également protéger la personne morale.


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