Kaïs Saïed, Ghazi Chaouachi, Ahmed Souab… Les 5 infos de la journée    Issam Chebbi et Ridha Belhaj après leur transfert : on ne brisera pas notre volonté    Depuis le Bureau ovale, Trump et Musk plaisantent sur la vidéo virale du couple Macron    Croissance en baisse, désinflation, taux directeur inchangé : la BCT mise sur la prudence    City Cars : résilience et montée en gamme face à une perturbation de l'offre    Baket-Coupe de Tunisie : L'US Monastir sacrée pour la 6e fois de son histoire    Marwa Bouzayani remporte le 3000 m steeple au meeting Szewińska avec un record    Helvetic Airways relie à nouveau la Suisse à la Tunisie    Tripartite sur la Libye : la Tunisie attendue au Caire aux côtés de l'Egypte et de l'Algérie    Libye : troisième vendredi de protestations à Tripoli contre le gouvernement Dbeibah    Crash-test Euro NCAP : le Volkswagen Tayron décroche cinq étoiles    Biens domaniaux : un nouveau mécanisme d'échelonnement pour les dettes des exploitants    Le journalisme associatif perd une voix engagée : décès de Jannet Barhoumi    Programmation à Roland-Garros : Amélie Mauresmo répond aux critiques d'Ons Jabeur    Consommation du tabac en Tunisie, le vrai du faux: thème d'une table ronde organisée par Med.tn    TikTok devient le nouveau souk aux moutons de Tunisie    Le livre à l'ère numérique : Quel avenir dans un monde connecté ?    Chaque Tunisien détient en moyenne 2 000 dinars pour 24 milliards en cash    L'ex-ministre Ridha Grira devant la chambre criminelle    Examens nationaux : Tout savoir sur le concours des collèges pilotes 2025 en Tunisie    La France interdit de fumer dans les espaces publics extérieurs fréquentés par les enfants dès le 1er juillet    Haribo retire son produit ''Happy Cola F!ZZ'' des marchés...    Le Brésil devient le premier partenaire commercial de la Tunisie en Amérique du Sud    Pr Amina Gargouri élue présidente de l'Union panarabe des sociétés de neurologie    Innovate Tunisia : Vers la promotion d'un tourisme durable et inclusif    Des familles de martyrs bénéficient d'un pèlerinage pris en charge par la Fondation Fidaa    Un projet de loi sportif fait polémique en Tunisie : quelle place pour les étrangers ?    Affaire de la chambre noire : huit anciens cadres sécuritaires condamnés à huit ans de prison    La Tunisienne Jamila Boulekbech décroche l'or et bat le record national au 1500 m nage libre à Cannes    Hamdi Hached alerte sur un été 2025 caniculaire : le climat réserve plus de surprises que l'actualité    Renforcement des relations bilatérales entre la Tunisie et Singapour    Dialogue des cultures : musique soufie et cuisine pakistanaise à l'honneur à Tunis    Kaïs Saïed appelle à une révolution sociale et à la fin des demi-mesures lors du Conseil des ministres    Visas étudiants pour les Etats-Unis : la suspension pourrait bientôt prendre fin    Le drapeau américain flotte sur l'ambassade des Etats-Unis à Damas    L'UBCI réaffirme son engagement en faveur de l'inclusion en soutenant la 7ème édition du Festival international Handy Music en collaboration l'association IBSAR    Tensions France-Italie : Macron face à Meloni à Rome    Ons Jabeur lance un coup de gueule à Roland Garros 2025 qui interpelle!    Déçu par les dépenses gouvernementales, Elon Musk quitte l'administration Trump    Un tribunal bloque les surtaxes de Trump, invoquant une violation des pouvoirs du Congrès    Ons Jabeur dénonce la marginalisation du sport féminin en Europe    Ligue Conférence 2025 : Chelsea - Real Betis, un duel explosif pour la couronne européenne à Wroclaw    Club Photo de Tunis organise l'exposition La Tunisie Post-moderne : multi-regards sur la Tunisie d'aujourd'hui    Aïd el-Adha 2025 en France : règles strictes sur l'abattage rituel — Ce que vous devez savoir    Karima Kim primée pour sa traduction coréenne de la Muqaddima : un pont entre civilisations    L'UBCI réaffirme son engagement en faveur de l'inclusion en soutenant le Festival international Handy Music en collaboration l'association IBSAR    L'Odyssée de Tamra : Découvrez une aventure touchante pour enfants et adultes à lire et écouter    Tunisie : la Cité de la culture célèbre les 150 ans de Maurice Ravel avec un concert symphonique et chorégraphique    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Du luxe à la détention : comment Samir Jaieb est tombé en disgrâce
Publié dans Business News le 07 - 03 - 2025

La chute de Samir Jaieb, magnat de l'immobilier et investisseur en hôtellerie, a été aussi brutale que spectaculaire. Condamné le 21 février 2025 à cinq ans et un mois de prison par la chambre correctionnelle spécialisée dans les affaires de corruption financière, l'homme d'affaires, jusque-là discret, se retrouve au cœur d'un scandale judiciaire où s'entremêlent argent, pouvoir et intrigues d'Etat. Entre ambitions démesurées, investissements internationaux et soupçons de collusion avec des figures influentes de l'appareil d'Etat, retour sur l'ascension et la chute de ce « self-made man » controversé.

À 61 ans, Samir Jaieb a construit un empire à cheval entre la France, les Etats-Unis et la Tunisie. Fils d'immigrés tunisiens, il passe plus de 55 ans en France avant de décider de s'installer à Sousse, terre de ses ancêtres. Diplômé d'une école de commerce, il fait ses premières armes dans l'auto-entreprenariat, lançant successivement une société de transport terrestre et une autre dans la vente de voitures d'occasion. Mais très vite, l'homme aspire à plus grand et se tourne vers l'immobilier.
En 1991, il se lance dans la promotion immobilière en Île-de-France, multipliant les projets résidentiels et commerciaux. Son succès l'emmène jusqu'à Miami, où il investit dans des villas de luxe sur Palm Island et Hibiscus Island. En parallèle, il développe son activité en Tunisie, où il réalise plusieurs complexes résidentiels et hôteliers, notamment à Sousse, Monastir et Tunis. Sa réussite fulgurante lui vaut d'être perçu comme un entrepreneur audacieux, habile à naviguer dans les méandres de l'immobilier et de la finance.

Une montée en puissance dans l'hôtellerie tunisienne
Si Samir Jaieb est avant tout un promoteur immobilier, son appétit pour le développement hôtelier ne tarde pas à se manifester. En rachetant et rénovant l'hôtel El Mechtel à Tunis pour cinquante millions de dinars avant de le diviser en deux enseignes internationales, il démontre son flair pour les affaires. Son intérêt pour l'hôtellerie se renforce avec l'acquisition de Le Palace à Gammarth, un établissement confisqué appartenant autrefois à Belhassen Trabelsi, beau-frère de l'ex-président Ben Ali. Ce rachat, complexe et risqué, l'amène à assainir l'entreprise et à la repositionner sur le marché haut de gamme.
Mais derrière cette success story, des zones d'ombre commencent à apparaître. En octobre 2024, alors qu'il est en pleine expansion, la justice tunisienne s'intéresse de près à ses transactions financières et ses acquisitions immobilières.

Une affaire de corruption financière et des implications politiques
L'affaire Jaieb éclate lorsqu'un mandat de dépôt est émis contre lui en octobre 2024. Il est accusé de blanchiment d'argent et de corruption administrative dans l'acquisition de biens confisqués. Plus précisément, la justice tunisienne lui reproche d'avoir détenu illégalement des devises étrangères et d'avoir ouvert des comptes bancaires à l'étranger sans l'aval de la Banque centrale. Les accusations s'étendent également à ses liens avec certaines figures influentes du pouvoir tunisien.
Parmi ces personnalités, un nom revient avec insistance : Makram Jlassi. Ancien conseiller au cabinet de la ministre de la Justice Leïla Jaffel, il est lui aussi derrière les barreaux. Son rôle dans cette affaire intrigue et soulève de nombreuses questions. A-t-il facilité certaines transactions litigieuses ? A-t-il profité de sa position pour favoriser des intérêts privés ? Autant de zones d'ombre qui laissent entrevoir un réseau tentaculaire où se croisent intérêts politiques et affaires.
En plus de Jlassi, d'autres hauts responsables sont cités dans l'affaire, notamment Hakim Hammami, ancien directeur général de la police judiciaire, et plusieurs autres cadres de l'administration tunisienne. Six mandats de dépôt ont été émis contre des personnalités proches du pouvoir, tandis que trois autres accusés ont été déférés en état de liberté.

Une arrestation évitable ?
Lorsque l'étau judiciaire commence à se resserrer autour de lui, Samir Jaieb est alerté par des amis haut placés qui l'informent discrètement de l'enquête en cours. S'estimant en danger, il quitte la Tunisie pour la France afin d'évaluer la situation. Pourtant, malgré les avertissements et les conseils de ses proches, il décide de revenir en Tunisie pour affronter la justice. Une décision qui lui sera préjudiciable : dès son retour, il est immédiatement arrêté et placé en détention.

Un verdict controversé et une défense qui dénonce une manipulation
Le 21 février 2025, le verdict tombe : cinq ans et un mois de prison ferme. En plus de la peine, ses biens, ses avoirs financiers et bancaires, ainsi que ses actions commerciales sont gelés. Toute transaction immobilière à son nom est suspendue. L'impact est considérable pour cet homme d'affaires dont les actifs s'élèvent à plusieurs centaines de millions d'euros.
Face à cette condamnation, son avocat, maître Fakher Gafsi, monte au créneau. Dans un droit de réponse publié par plusieurs médias, il dénonce une campagne de désinformation et insiste sur le fait que l'affaire de son client se limite à une infraction douanière mineure : la détention de 650 euros en devises étrangères. Il réfute tout lien avec les autres accusés et accuse les autorités judiciaires de vouloir diaboliser son client.
L'avocat souligne également que la confusion autour de cette affaire a été alimentée par une volonté politique de faire de Samir Jaieb un bouc émissaire. Il menace même d'engager des poursuites contre toute personne relayant ces « fausses allégations ».

Une affaire qui en cache une autre ?
Au-delà du cas Jaieb, cette affaire met en lumière les liens troubles entre le monde des affaires et les hautes sphères de l'Etat tunisien. L'implication de figures influentes du ministère de la Justice et des services de police suggère l'existence d'un réseau de collusions, où corruption et intérêts personnels se mêlent à des luttes de pouvoir.
Faut-il voir dans cette condamnation un simple cas d'abus de biens sociaux, ou s'agit-il d'un règlement de comptes au sommet de l'Etat ? L'histoire de Samir Jaieb soulève en tout cas de nombreuses interrogations sur l'indépendance de la justice et la manière dont certains dossiers sont traités en Tunisie.

Un avenir incertain
Aujourd'hui, Samir Jaieb se retrouve derrière les barreaux, mais son sort n'est peut-être pas définitivement scellé. Son avocat a annoncé qu'il ferait appel, espérant une révision du jugement en deuxième instance. Reste à savoir si l'homme d'affaires parviendra à se défaire de ce marasme judiciaire ou si cette affaire marquera la fin d'un empire bâti sur des décennies d'investissement.
Une chose est sûre : cette affaire dépasse le simple cadre d'une infraction financière. Elle illustre les tensions entre les milieux d'affaires et les cercles du pouvoir en Tunisie, et met en exergue un climat d'incertitude où l'économie et la politique s'entrelacent dangereusement.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.