L'ancienne présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) et avocate Bochra Belhaj Hmida est intervenue, mercredi 16 avril 2025, à l'occasion d'un procès fictif organisé au siège de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH). L'événement visait à dénoncer les atteintes aux droits de la défense dans l'affaire dite du « complot contre la sûreté de l'Etat », notamment l'interdiction faite à certains accusés d'assister physiquement aux audiences. Citant son propre cas, Bochra Belhaj Hmida a brisé un long silence. « Je me suis tue longtemps pour trois raisons », a-t-elle expliqué en préambule. D'abord, en raison du choc éprouvé à l'annonce de son implication dans une affaire de terrorisme, alors qu'elle se considère comme engagée de longue date pour les droits humains et la démocratie. Ensuite, elle dit avoir ressenti le besoin de prendre du recul sur son parcours et son engagement politique. Enfin, elle affirme avoir respecté l'interdiction de parler de l'affaire imposée par le tribunal. L'avocate estime que le dossier dans lequel elle est citée ne repose sur aucun élément sérieux. « Cette affaire est vide. Elle ne comporte ni preuves, ni même des faits », a-t-elle déclaré. Selon elle, les accusations portées contre elle tiennent en six lignes et se résument à deux éléments : une décoration reçue de l'Etat français, comme plusieurs centaines d'autres Tunisiens, et des échanges avec la militante Chaïma Issa. Des échanges qu'elle qualifie de banals, « sans aucune intention de nuire à l'Etat ». Exilée à l'étranger, Bochra Belhaj Hmida a justifié son départ par la volonté d'éviter une incarcération certaine et injuste. « On a dressé une liste de personnes dont on voulait se débarrasser, puis on leur a fabriqué une affaire », a-t-elle accusé. Elle affirme par ailleurs ne plus avoir confiance en l'indépendance de la justice tunisienne. Elle cite notamment le revirement dans sa situation : d'abord innocentée par un juge d'instruction, elle a ensuite été intégrée à la liste des accusés sans explication. Malgré son absence du territoire tunisien, elle dit vouloir continuer à se défendre et à s'adresser à l'opinion publique. « Je n'ai rien fait. Je suis libre de mes opinions. Mais je dois être jugée sur mes actions », a-t-elle insisté. Dans une déclaration plus politique, elle a conclu en affirmant que le véritable complot contre la Tunisie viendrait de ceux qui, selon elle, ont fabriqué des accusations sans fondement dans le but de démanteler l'Etat et de diviser le pays.