Le premier juge d'instruction du pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme a notifié, mercredi 2 juillet 2025, à l'avocat et ancien magistrat Ahmed Souab la décision de clôture de l'instruction à son encontre. L'affaire a été transmise à la chambre d'accusation spécialisée en matière de terrorisme auprès de la Cour d'appel de Tunis. Cette étape judiciaire marque un tournant dans une affaire qui a suscité de vives critiques dans les milieux juridiques et politiques, tant en raison de la nature des accusations que du profil de la personne visée. Depuis son placement en détention, toutes les demandes de libération présentées par la défense ont été rejetées. L'affaire remonte au 21 avril 2025. Ce jour-là, Ahmed Souab avait été placé en garde à vue, dans le cadre d'une information judiciaire ouverte pour des « faits à caractère terroriste ». À l'origine de cette procédure : une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montrant l'avocat prononçant un discours devant la Maison de l'avocat, le 19 avril 2025, en marge du procès dit de complot contre la sûreté de l'Etat. Dans cette déclaration, Ahmed Souab dénonçait les pressions subies par les magistrats, utilisant la métaphore : « Les juges ont le couteau sous la gorge ». Une formulation sortie de son contexte par certains soutiens du régime, qui ont mené une campagne virulente contre l'avocat, l'accusant de menacer les juges. Cette campagne médiatique et politique a abouti à l'ouverture d'une information judiciaire pour une série de « crimes terroristes et de droit commun connexes ».
La porte-parole du pôle judiciaire antiterroriste avait alors indiqué que l'unité nationale d'investigation dans les crimes terroristes s'était saisie de l'affaire et transmis son rapport au ministère public, qui avait à son tour saisi le procureur général. Le 23 avril 2025, un mandat de dépôt avait été émis à son encontre. Depuis, l'avocat est maintenu en détention, dans l'attente de la suite de la procédure. Ses soutiens dénoncent une instrumentalisation de la justice pour faire taire une voix critique, familière de la dénonciation des dérives autoritaires du pouvoir.
Ahmed Souab, ancien magistrat du tribunal administratif et figure du barreau tunisien, s'est imposé ces dernières années comme l'une des rares voix à dénoncer frontalement la mise au pas du pouvoir judiciaire. Ses déclarations, souvent incisives, pointent une justice asphyxiée et sous tutelle, dans un climat de répression accrue contre les avocats, les journalistes et les opposants. La décision est désormais entre les mains de la chambre d'accusation qui dira si oui ou non Ahmed Souab restera en prison.