Jaouhar Ben Mbarek, figure de l'opposition et coordinateur du Front de salut national, condamné à 18 ans de prison dans le cadre de l'affaire dite du complot contre la sûreté de l'Etat, a adressé, ce mercredi 23 avril 2025, un message à l'avocat Ahmed Souab, suite à l'émission, aujourd'hui, d'un mandat de dépôt à l'encontre de ce dernier. Dans ce message, il écrit : « J'ai appris, il y a peu, l'émission d'un mandat de dépôt contre l'ami et militant, le juge de la vérité et l'avocat des opprimés, Maître Ahmed Souab… Je n'ai pas été surpris par son arrestation. Je l'ai entendu à plusieurs reprises depuis ma cellule, élever la voix pour dire la vérité, corriger les dérives et remettre les choses sur le droit chemin… Tes innombrables qualités, mon ami, sont incompréhensibles pour ce régime raté, tyrannique et misérable, car elles enlaidissent encore davantage son image à ses propres yeux… Ne prête donc pas attention à la longueur de leurs accusations, à la quantité de leurs dossiers, ni aux sièges de leurs juges… Tout cela n'est qu'un décor pour une pièce de théâtre médiocre sur laquelle le rideau tombera bientôt… Et les spectateurs restés dans la salle jusqu'à la dernière scène crieront : "Nous étions contraints…" À très bientôt, mon ami. »
La juge d'instruction près le pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme a officiellement émis, aujourd'hui, un mandat de dépôt contre Ahmed Souab. L'affaire remonte au lundi 21 avril, jour où il a été placé en garde à vue dans le cadre d'une information judiciaire ouverte pour des faits à caractère terroriste. Cette mesure fait suite à la diffusion d'une vidéo, filmée le 19 avril 2025 devant le siège de la Maison de l'avocat, dans laquelle Me Ahmed Souab s'exprime en marge du procès dit de complot contre la sûreté de l'Etat. Il y déclarait notamment : « Les juges ont le couteau sous la gorge », une image forte utilisée pour dénoncer les pressions pesant sur le pouvoir judiciaire. Sorti de son contexte, l'extrait a été repris massivement par des partisans du régime, déclenchant une campagne virulente accusant l'avocat de proférer des menaces à l'encontre des magistrats. Ces propos ont motivé l'ouverture de poursuites pour une série de faits qualifiés de crimes terroristes et de droit commun connexes, parmi lesquels figurent des menaces de commettre des actes terroristes dans le but de contraindre une personne à agir ou à s'abstenir d'agir, une exposition à un danger pour la vie d'une personne bénéficiant d'une protection, ainsi que des menaces passibles de peines criminelles.