Dans une déclaration transmise par son équipe de défense en date du 16 juillet 2025, la présidente du Parti destourien libre (PDL) Abir Moussi, actuellement détenue à la prison de Bulla Regia, a adressé un message à l'opinion publique tunisienne. Elle y dénonce une situation sécuritaire et sanitaire « extrêmement dangereuse » et accuse les autorités de l'exposer sciemment à des risques graves, tant sur le plan physique que sanitaire. Abir Moussi affirme vivre aujourd'hui « une grave atteinte sécuritaire » dans sa cellule à Bulla Regia. Elle dénonce une facilité inquiétante d'accès à sa personne, ce qui mettrait directement sa vie en danger, alors que l'Etat est, selon elle, pleinement conscient qu'elle figure en tête de liste des cibles désignées par des organisations étrangères obscurantistes et suspectes, toujours actives en Tunisie. Ces groupes, précise-t-elle, pourraient chercher à l'éliminer en ayant recours à de nouvelles techniques dites « d'assassinats blancs », qui remplaceraient désormais les assassinats par balles ou explosifs par des méthodes plus discrètes et difficiles à détecter. Abir Moussi estime que les autorités tunisiennes ont, consciemment ou non, envoyé un message codé à ses ennemis : « il suffirait qu'une femme tunisienne ou étrangère soit « recrutée » pour commettre un acte punissable dans une juridiction comme Jendouba, Le Kef ou Siliana. Elle serait alors placée sous mandat de dépôt et transférée dans la même cellule qu'elle, avec pour mission de l'éliminer selon des méthodes prédéfinies, dans un contexte mondial marqué par la guerre bactériologique et l'évolution des sciences du crime ».
L'opposante déplore également la levée volontaire des mesures de sécurité mises en place lors de ses précédentes incarcérations, lesquelles garantissaient un minimum de protection pour elle-même et sa famille lors des visites. Elle établit un parallèle avec la suppression de sa protection policière au Parlement en 2021, qu'elle qualifie d'« autorisation implicite » donnée aux membres de groupes terroristes et criminels pour attenter à sa vie. Elle accuse aussi le chef de l'Etat — qu'elle dit responsable de formes de persécution, d'abus et de détention en dehors du cadre légal — d'être resté silencieux en 2021, malgré ses appels à la présidence de la République pour rétablir cette protection. Elle rappelle qu'à l'époque, la présidence avait le pouvoir d'assurer la sécurité du Parlement. « En 2021, j'ai pu me défendre seule et j'en ai assumé les responsabilités. Mais aujourd'hui, je suis derrière les barreaux, totalement soumise au pouvoir du centre de détention et au fatalisme ambiant. Je tiens les autorités pour responsables de cette situation dangereuse », écrit Abir Moussi.
Au-delà de la menace sécuritaire, elle dénonce une situation sanitaire déplorable. Elle décrit une cellule constamment ouverte à de nouvelles détenues, sans considération pour sa capacité d'accueil très réduite, au point que l'espace disponible pour se mouvoir ne dépasse que quelques mètres à peine. Abir Moussi dénonce l'entassement des détenues dans les mêmes lits ou à même le sol, transformant la cellule, la nuit, en un « théâtre de corps humains gisant à terre », en violation flagrante des normes nationales et internationales en matière de détention. Parmi ces détenues figureraient des migrantes d'Afrique subsaharienne arrêtées dans les zones frontalières, traduites en justice, puis transférées à Bulla Regia. Certaines d'entre elles auraient déclaré — et Abir Moussi insiste sur le fait qu'elle rapporte leurs propos sous leur responsabilité — avoir été interceptées à Sfax, transportées vers les frontières par bus, relâchées dans la nature, puis arrêtées de nouveau alors qu'elles tentaient de regagner les centres urbains. « Imaginez l'état dans lequel ces femmes arrivent en cellule. Je m'abstiens d'en révéler les détails par respect pour la dignité humaine », écrit-elle. Elle évoque l'air vicié par les germes, les risques d'infections mortelles, la promiscuité et l'usage commun des sanitaires comme autant de menaces pour sa santé. Selon elle, « la cellule s'est transformée d'un espace de détention en un foyer d'épidémies et un lieu où l'on respire littéralement la mort ».
Refusant de se taire face à ce qu'elle qualifie de « danger imminent », Abir Moussi affirme qu'elle ne permettra pas qu'on fasse d'elle un « bouc émissaire » dans les conflits entre les différentes factions au pouvoir depuis 2011. Elle avertit qu'elle ne tolérera pas non plus d'être la cible d'un futur assassinat politique, aussi longtemps que les conditions resteront telles qu'elle les décrit. Elle appelle les autorités de la mettre à l'isolement, à défaut de pouvoir lui garantir des conditions de détention répondant aux normes minimales de sécurité et d'hygiène. Elle affirme qu'elle ne se plaindra pas de la présence de punaises, de cafards ou même de serpents qui infestent la prison, les considérant comme « plus cléments qu'une mort certaine et déguisée ».