Quatre ans après son limogeage par le président de la République, Kaïs Saïed, et l'annonce des mesures exceptionnelles du 25 juillet 2021, l'ancien chef du gouvernement Hichem Mechichi est sorti de son silence et s'est enfin exprimé au sujet de la situation en Tunisie. Dans une lettre publiée le 25 juillet 2025 à l'occasion de la fête de la République, Hichem Mechichi a affirmé que la Tunisie avait connu un putsch et que Kaïs Saïed n'avait pas respecté son serment d'appliquer la Constitution. Il l'a également accusé de propager la haine et de désintégrer les institutions de l'Etat. « J'ai gardé le silence durant toute cette période afin de respecter mon devoir de réserve, de protection de l'Etat et de ses institutions, et de préservation de son image, malgré tous les torts et les campagnes de diffamation me ciblant », a-t-il écrit.
Hichem Mechichi a expliqué qu'il ne pouvait plus demeurer silencieux en raison des multiples atteintes aux institutions de l'Etat, de leur désintégration et du ciblage de politiciens, avocats, responsables et journalistes. Sans donner de détails, il a révélé que Kaïs Saïed avait déjà tenté de s'emparer du pouvoir, mais en avait été empêché. L'ancien chef du gouvernement a également affirmé que le président de la République avait perturbé les efforts de lutte contre la propagation du Coronavirus. « Aujourd'hui, il accuse à tort les agents et cadres de l'administration des mêmes pratiques qu'il a lui-même perpétrées... Une manœuvre destinée à les écarter et à les tenir responsables de sa confusion et de son incapacité, afin de les remplacer par ses fidèles : des médiocres, des flatteurs et des incompétents », a-t-il ajouté. Hichem Mechichi a expliqué qu'il était de son devoir d'exposer les faits et de dénoncer la situation chaotique dans laquelle se trouve le pays. Il a estimé que Kaïs Saïed prétendait vouloir proposer des solutions au service de l'humanité, tout en mettant en place des procès folkloriques et injustes. Il a également affirmé que le président avait instauré un système corrompu distribuant de l'argent à ses soutiens sous couvert de financement des entreprises communautaires.
L'ancien chef du gouvernement a assuré que le chef de l'Etat propageait de faux espoirs en promettant de recruter les diplômés chômeurs, notamment en remplaçant ceux ayant falsifié leurs diplômes. Or, selon lui, les rapports établis dans ce cadre ont prouvé que cette approche n'était qu'un mirage. Il a ensuite considéré que Kaïs Saïed cherchait à dissimuler, par ses slogans et ses discours, le recours répété aux prêts et l'implication de la Tunisie dans des projets régionaux sans intérêt, en jouant au garde-côtes.
Hichem Mechichi a appelé les forces démocratiques et les défenseurs de l'Etat de droit à mettre de côté leurs conflits pour soutenir toutes les initiatives politiques et citoyennes. Il estime que le putsch de 2021 est à l'origine de la crise actuelle et que le président de la République a échoué. Ces forces doivent, selon lui, entamer une lutte pacifique visant à clore cette phase et à initier un processus démocratique et institutionnel fondé sur le dialogue, la coexistence pacifique et un programme de sauvetage national permettant de sortir le pays de la crise.
En février 2025, la chambre criminelle n°2 du tribunal de première instance de Tunis avait rendu son verdict dans l'une des trois affaires Instalingo. Une série de condamnations a été prononcée à l'encontre de figures politiques majeures du parti Ennahdha, d'influenceurs, de journalistes et de hauts cadres de l'Intérieur. L'ancien chef du gouvernement a été condamné par contumace à 35 ans de prison dans une des affaires Instalingo.