À l'issue de la réunion de la Commission administrative de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), le secrétaire général adjoint Sami Tahri a annoncé, ce lundi 11 août 2025 une série de décisions en réaction à l'agression dont ont été victimes des syndicalistes, qu'il qualifie de « crime planifié et organisé » perpétré par « des partisans du pouvoir ». Dans une déclaration à Tumedia, Tahri a affirmé que la centrale syndicale « tient les autorités pour responsables » de ces violences et condamne fermement « toute tentative de les justifier ou d'en minimiser la gravité ». Selon lui, cet acte constitue « une introduction à l'entraînement de l'UGTT et du pays vers la violence ». En réponse, l'UGTT a décidé d'organiser, jeudi 21 août 2025, un rassemblement général devant son siège à Tunis, suivi d'une marche en direction de l'avenue Habib-Bourguiba. Ce mouvement de protestation ne se limitera pas à dénoncer l'agression, mais portera également sur « l'arrêt et le blocage des négociations, la remise en cause des acquis des travailleurs et la poursuite des atteintes au droit à la négociation collective », a précisé M. Tahri. La Commission administrative restera en session permanente pour suivre l'évolution de la situation. Si les agressions se poursuivent et que les négociations restent suspendues, elle fixera la date d'une grève générale nationale, décidée en septembre 2024 par le Conseil national mais dont la mise en œuvre avait été laissée à l'appréciation de l'instance dirigeante. Sami Tahri a par ailleurs démenti toute rumeur faisant état d'une coordination ou d'un contact récent entre l'UGTT et le gouvernement. « Aucun représentant de l'exécutif ne nous a contactés », a-t-il assuré, niant « catégoriquement » les informations relayées à ce sujet. Le dirigeant syndical a replacé ces incidents dans un contexte plus large de « restrictions générales sur les libertés et les droits » en Tunisie. Il a également réagi à la décision de limoger la présidente du comité général d'inspection et d'administration des conflits du travail au ministère des Affaires sociales, jugeant cette mesure surprenante et craignant qu'elle n'affecte la mission de cette structure essentielle au règlement des conflits de travail. Sami Tahri a enfin adressé un message aux travailleurs, les appelant à « défendre leurs droits, leurs revendications et leurs acquis » de manière collective : « Si l'on affaiblit l'UGTT, ce sont les intérêts des travailleurs qui seront les premiers touchés, déjà menacés aujourd'hui par la flambée des prix, l'alourdissement des charges fiscales, le gel des salaires et des recrutements. » Le 7 août dernier, plusieurs personnes s'étaient rassemblées devant le siège de l'UGTT, scandant des slogans hostiles au syndicat, qualifié de « symbole de la corruption » et de « mafia ». Les protestataires ont appelé à la dissolution de l'UGTT et au départ de son secrétaire général, Noureddine Taboubi, qualifié de « lâche ». Ils ont également accusé le syndicat de dilapider l'argent des Tunisiens et des travailleurs. Une vidéo a été publiée à l'aube du 9 août 2025, elle montre une rencontre entre le président de la République, Kaïs Saïed, et sa cheffe du gouvernement, Sarra Zaafrani Zenzri. Le chef de l'Etat y vise directement l'organisation, accusant ses dirigeants d'hypocrisie et de mensonge. Derrière un flot de références historiques et de piques à peine déguisées se profile une menace à peine voilée, rappelant que nul — pas même l'UGTT — ne serait à l'abri si le pouvoir estime qu'une ligne rouge a été franchie.