L'ancien député et dirigeant du Mouvement Echaâb, Haykel Mekki, a publié, dimanche 24 août 2025, un statut au vitriol sur sa page officielle. Sans jamais citer le président de la République Kaïs Saïed, il ne fait pourtant aucun doute sur l'identité du destinataire. Dans un texte énumératif, l'ex-parlementaire interpelle : « Qui sont tes ennemis et ceux de la patrie ? – Ceux qui t'ont conseillé de renier tes amis, – Ceux qui t'ont conseillé d'entrer en guerre contre tous les partis, – Ceux qui t'ont conseillé de t'opposer à l'UGTT, – Ceux qui t'ont suggéré de voir dans la société civile une traîtresse et une ennemie, – Ceux qui t'ont conseillé de jeter tes adversaires politiques en prison, – Ceux qui t'ont conseillé de ne pas criminaliser la normalisation, – Ceux qui t'ont conseillé de ne pas élaborer un programme national souverain et clair pour un véritable Etat du peuple, – Ceux qui t'ont conseillé de réduire l'Etat à ses seuls appareils sécuritaires, – Ceux qui t'ont conseillé de voir le monde à travers la seule Algérie "grande sœur" et l'Italie "fasciste", – Ceux qui t'ont conseillé de croire qu'un Etat peut se gouverner par un seul homme, une seule opinion et une seule vision ». Et de conclure : « Ton véritable ennemi, c'est cette conception primitive de l'Etat et de la société, ainsi que cette cour opportuniste. Vive la Tunisie et vive son peuple malheureux ».
Le message n'est pas passé inaperçu. D'autant que Haykel Mekki fut l'un des tout premiers soutiens de Kaïs Saïed et du processus du 25-Juillet. À l'époque, il n'hésitait pas à déclarer sa flamme politique au chef de l'Etat, affichant un appui sans réserve aux mesures exceptionnelles puis aux vagues d'arrestations de dirigeants. Ces anciennes déclarations ont aussitôt refait surface sur les réseaux sociaux. Les internautes y voient, pour beaucoup, un spectaculaire retournement de veste. Certains ironisent sur un réveil tardif, jugeant que l'ancien député sort à peine de sa « transe », alors que le mal est déjà fait. D'autres, plus sévères encore, estiment que cette prise de position n'efface en rien les responsabilités politiques de Haykel Mekki dans la légitimation initiale d'un processus qui n'a cessé, depuis, de dériver vers l'autoritarisme.