Lors d'une visite inopinée effectuée au mois de juin dernier à la ville de la Goulette, le Président Zine Al Abidine Ben Ali, a été particulièrement surpris par l'état de délabrement des quartiers de cette vieille ville qui a longtemps fait la fierté de ses habitants, de ses estivants et de l'ensemble des communautés tunisiennes. Que devient-elle aujourd'hui, plusieurs mois après la visite présidentielle, et quels sont les principaux projets et chantiers de la mairie ? Enquête. A l'occasion de la journée nationale de la propreté et de la protection de l'environnement, le Président Zine El Abidine Ben Ali a effectué, le 11 juin 2007, une visite inopinée dans la commune de La Goulette pour s'informer de la situation de l'environnement et du milieu dans cette zone. Le Chef de l'Etat a constaté un état d'abandon et de laisser- aller dans l'un des jardins d'une cité qu'il a visitée, où s'accumulent des gravats et des déchets ménagers et où les composantes de ce jardin, équipements, bassins et arbres, sont entièrement dégradées, faute d'entretien et de réparation. Le lendemain même de cette visite, le Chef de l'Etat préside un Conseil ministériel consacré au suivi de cette visite et à l'issue duquel une série de mesures a été prise. Qu'est devenue la Goulette neuf mois après cette visite ? Le nouveau conseil municipal a-t-il accouché de bons projets susceptibles de « sauver » cette ville combien de fois millénaires ? Selon nos constats et les propos officiels de la mairie, les choses ont commencé à changer. Doucement certainement, mais radicalement. Au cours de la première réunion du conseil municipal (dans sa nouvelle composition vu qu'il qui venait d'être élu), M. Mohamed Mâali, maire de la ville de la Goulette a annoncé qu'il y avait du pain sur la planche parce ce qu'il restait énormément à faire. En dépit des différentes études et rencontres particulièrement fructueuses, tenues avec différents interlocuteurs aussi bien du secteur public que privé, les doléances des riverains de la commune continuent à affluer. Ils constitueront d'ailleurs les grands chantiers d'un futur plus ou moins proche afin de rendre, en partie, son prestige d'antan à cette mythique ville qu'elle la Goulette. Site balnéaire et portuaire avec ses spécificités et son histoire, la Goulette n'a jamais cessé de drainer la foule, touristes et vacanciers locaux. Malheureusement ses atouts touristiques ont été frappés de plein fouet par un coup de vieux d'une part et beaucoup de laisser-aller d' autre part. Le marché de poissons, pour ne citer que lui, en témoigne en long et en large. En effet, ce lieu pittoresque qui était pour longtemps une destination de choix pour les habitants de la localité mais aussi de tout Tunis, est aujourd'hui dans un état lamentable. La plupart des Goulettois, dénoncent cet état des lieux qui ne leur fait aucunement plaisir et qui porte préjudice à la réputation de leur ville. Pour pallier à ce problème qui remonte à une longue période selon les propos du maire de La Goulette, la municipalité a essayé de sensibiliser les commerçants du marché quant à l'environnement physique et humain défaillants. Mais comme ces tentatives se sont avérées vaines, il est temps d'après Mohamed Mâali de passer à une vitesse supérieure et de procéder à des mesures dissuasives. Et ce, avec la collaboration des services de contrôle d'hygiène et économique. Sur un autre plan, les commerces de café et de restaurants sont également mis à l'index, s'opposant aux caractéristiques d'une destination touristique comme La Goulette. Cette ville ressemble énormément à Marseille et s'apprête largement à drainer d'aussi importants visiteurs moyennant davantage d'efforts et de rigueur en matière de qualité de la part des commerçants et de l'administration de tutelle. Désormais, la municipalité de La Goulette est déterminée à prendre le taureau par les cornes en vue d'imposer les règles d'hygiène et d'appeler les gérants de ces commerces à renoncer au « harcèlement » des clients et d'être plutôt à cheval sur la qualité. L'environnement immédiat du Port de La Goulette, n'en demeure pas moins à problèmes ! Pour remédier à ces défaillances qui traînent malgré les doléances, la municipalité est sur le point de privatiser les services en question. A ce titre, il y a réellement un point noir auquel il faudrait penser. Il s'agit des taxis qui travaillent devant ce port et qui monopolisent cette activité au vu et au su de tout le monde. Leur comportement n'a d'ailleurs rien à envier à celui de leurs collègues qui ont choisi de se positionner du côté de l'aéroport de Tunis-Carthage. Mais aussi bien au port qu'à l'aéroport, ces chauffeurs imposent leur loi et n'en font qu'à leur guise. Pis encore, à la sortie du Port de La Goulette, les croisiéristes, c'est-à-dire les touristes de la capitale qui visitent Tunis en coup de vent en raison des délais d'escale, sont carrément déplumés. D'autant plus que ces chauffeurs ne reculent devant aucune remarque ou menace de porter l'histoire aux services d'ordre ! Autant de désagréments qui laissent les pires impressions à ces visiteurs d'un jour qui pensent ainsi avoir vu la Tunisie via ce cliché de la Goulette. Pour ce qui est de l'environnement, il se trouve que les chiens et autres animaux errants, donnent encore du fil à retordre aux habitants de la commune ainsi qu'à ses responsables. A vrai dire ce problème est également valable pour plusieurs autres régions de la capitale où sortir le soir est synonyme d'un risque de se faire attaquer par un chien. Pour faire face au problème, la municipalité de La Goulette compte acquérir un véhicule spécialisé dans le transport canin permettant ainsi de venir à bout de ce problème dans les plus brefs délais. Espérons que ces brefs délais soient réellement brefs. Par ailleurs, dans une ville comme La Goulette, où le nombre d'habitants passe en été du simple au triple, le problème de la circulation persiste toujours tant le jour que la nuit. Face à cette problématique qui décourage plus d'un visiteur à se rendre dans la localité, les responsables municipaux n'ont pas trop le choix. Ils sont acculés, selon eux, à créer des parkings en dehors des artères battantes de la Goulette afin de faciliter l'accès mais aussi pour réaliser un autre projet très ambitieux. En effet, la municipalité tend à faire de la fameuse rue Roosevelt, une rue piétonne. Il était temps qu'on réfléchisse à cette solution de pur bon sens. Faut-il maintenant qu'on passe à l'application. Ce projet qui suppose incontestablement des parkings, permettra par la même occasion de reconfigurer la zone et de lui donner un nouveau souffle dont elle a tant besoin. Autre projet pour faire face aux problèmes existants : la suppression des petits kiosques. La majorité écrasante de ces commerces part sur le principe de vendre les articles de n'importe quel débit de tabac. Mais une fois installés, ils convertissent leur activité à la préparation de sandwichs, entre autres facteurs polluants. C'est pourquoi, il sera hors de question désormais d'autoriser ces kiosques à ouvrir en plein centre ville de La Goulette ou sur ses principales artères. Probablement, ces commerces seraient amenés à déménager s'ils continuent d'enfreindre la réglementation. D'après les responsables de la municipalité, l'effort est à même de rehausser le niveau des commerces de la région et de hisser son image vers le haut. De ce fait, la municipalité inciterait à mettre en place des kiosques de fleurs ou de livres au lieu de ces commerces qui seraient orientés vers d'autres zones. En plus de ces efforts, il reste sans doute encore du chemin à faire afin de mettre cette destination à un niveau concurrentiel et de grande qualité des autres cités balnéaires méditerranéennes. On compte ainsi s'inspirer de ce qui se fait à Marseille, où ce type de commerce fait la météo de la cité phocéenne. Il suffit d'être en cohésion avec la vocation de la région et d'uvrer en faveur d'un service de qualité. Certes, la Goulette est la cible en quelque sorte de la masse, mais, moyennant davantage d'efforts, de rigueur, de volonté et de qualité, elle peut améliorer ses « scores » tant sur le marché local qu'étranger.