Même si le taux d'inflation enregistre un léger recul, la vie quotidienne du Tunisien reste marquée par la cherté des produits de base. C'est ce qu'a expliqué Elyes Asmi, directeur central des statistiques de la conjoncture et des études économiques à l'Institut national de la statistique (INS), lors de son intervention, mardi 7 octobre 2025, sur Mosaïque FM. L'expert a rappelé que le taux d'inflation publié chaque mois par l'INS représente une moyenne nationale. Aucun citoyen ne se retrouve exactement dans cette moyenne. Chacun a ses propres priorités : certains dépensent davantage pour la nourriture, d'autres pour l'éducation ou le transport. Pour établir ces chiffres, l'Institut effectue chaque mois plus de 120.000 relevés de prix couvrant tous les produits et services : denrées alimentaires, transport, éducation, énergie, eau, habillement, équipements, etc. Les prix stables, comme ceux des meubles, sont relevés une fois par mois, tandis que les produits à variation rapide, notamment les légumes et les fruits, sont suivis quotidiennement dans les marchés municipaux, hebdomadaires et de proximité. Les agents de l'INS disposent de tablettes équipées d'un système de contrôle automatique. En cas d'écart important par rapport à la moyenne, une alerte se déclenche. Les données sont ensuite vérifiées et corrigées avant le calcul du niveau général des prix pour le mois concerné.
Elyes Asmi a tenu à rappeler qu'une baisse du taux d'inflation ne signifie pas une baisse des prix, mais que la vitesse d'augmentation des prix diminue. Cette décélération explique la diminution du taux d'inflation, passé de 10,4 % en 2023 (avec 16 % pour les produits alimentaires) à un rythme plus modéré cette année. En 2023, les prix avaient flambé en raison du contexte mondial, marqué par la pandémie, la guerre en Ukraine et la hausse des matières premières et de l'énergie. En septembre 2025, les prix des produits alimentaires ont augmenté de 5,7 %, contre 5,9 % le mois précédent. Les hausses les plus marquées concernent les légumes (+21,1 %), la viande ovine (+20,2 %), les fruits et poissons (+10 %), les produits d'entretien (+5 %), les vêtements et chaussures (+9 %) et les restaurants et cafés (+10 %). Les dépenses liées à l'enseignement privé ont également progressé de 6 à 6,8 % dans le secondaire et le primaire, et d'environ 5,4 % pour les cours de soutien. Une hausse ressentie par les familles en cette période de rentrée scolaire : une crèche qui coûtait 150 dinars peut désormais atteindre 170 dinars. Globalement, les prix des produits libres ont progressé de 6,6 %, et ceux des produits agricoles frais de 12,6 %, ce que les citoyens ressentent directement dans leur panier quotidien. Entre août et septembre, les prix alimentaires ont encore augmenté de 1,3 %, et les services éducatifs de 3,7 %. Les volailles ont grimpé, entre septembre et octobre, de 5,6 %, les œufs de 4,2 %, les légumes de 2,6 %, tandis que la viande bovine a progressé d'environ 1,4 %. La viande ovine, quant à elle, reste globalement stable entre 55 et 60 dinars le kilo. En conclusion, Elyes Asmi a résumé la situation par une image claire : « En 2023, nous roulions à 100 km/h, aujourd'hui à 50 km/h. Nous avançons toujours, mais plus lentement ». En d'autres termes, l'inflation ralentit, mais le coût de la vie continue d'augmenter, un ressenti que partagent la majorité des ménages tunisiens.