Le président de l'Ordre national des avocats, Boubaker Bethebet, est intervenu mardi 7 octobre 2025 sur les ondes d'Express FM, afin d'évoquer la situation actuelle de la profession et les priorités du nouveau bureau de l'Ordre. Me Bethebet a d'abord confirmé que les élections régionales de l'Ordre des avocats s'étaient achevées le 27 septembre 2025, sans qu'aucun incident ne soit signalé. Il a toutefois appelé à revoir la manière d'organiser ces élections. Il a dénoncé les conditions de travail des avocats, qui demeurent, selon l'invité de l'émission Expresso, « classiques et dépassées par le temps ». « On ne peut pas continuer dans le même processus. Quand le secteur ne se porte pas bien, il faut le dire et présenter des revendications », a poursuivi Boubaker Bethebet, rappelant que les autorités publiques ont des engagements qu'elles doivent respecter envers cette profession. Il a ajouté que la situation de la justice constituait un facteur déterminant dans l'attractivité du climat des affaires et l'arrivée des investisseurs. Il a évoqué plusieurs revendications, notamment d'ordre technique, qui seront présentées aux autorités publiques. « Nous avons de nombreux problèmes. Par exemple, certaines audiences commencent à 9h du matin et s'achèvent à minuit, avec des difficultés liées au respect du caractère public des audiences dans certaines affaires », a-t-il poursuivi. Il a également évoqué d'autres obstacles auxquels la justice est confrontée, tels que la surcharge des dossiers ou les problèmes procéduraux, notamment en matière de notification des convocations judiciaires. « S'il n'y a pas de moyens dans les tribunaux, il faut le dire et ne pas en avoir honte. La situation des tribunaux n'est pas bonne et il faut trouver des solutions », a insisté Me Bethebet. Il a affirmé que l'Ordre des avocats présentera prochainement un nouveau projet de réforme du statut de la profession, dont les travaux débuteront jeudi prochain.
Le président de l'Ordre a également rappelé l'importance de l'indépendance du pouvoir judiciaire, une thématique érigée en priorité par le nouveau bureau. « L'opinion publique parle cette semaine de l'affaire Saber Chouchane, et tout le monde est mécontent, y compris les partisans et proches du pouvoir. Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? C'est le résultat de l'ingérence dans les affaires des juges, devenus prisonniers de la peur, et cela nuit à l'image du pays », a-t-il dénoncé. Il s'est ensuite interrogé sur les mouvements et nominations au sein de la magistrature, soulignant que l'organe judiciaire fonctionnait aujourd'hui en dehors du cadre légal, en raison de l'absence du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). « La magistrature est une affaire qui concerne toute la société, et non pas uniquement les juges », a déclaré Boubaker Bethebet. « Aujourd'hui, dans certains tribunaux, pour qu'un dossier soit transféré d'un tribunal à un autre situé à seulement huit mètres, cette opération peut prendre jusqu'à quatre ans. Est-ce à moi de trouver des solutions à de telles situations ? Non, c'est le rôle des autorités publiques », a-t-il ajouté.
Boubaker Bethebet a conclu son intervention en soulignant que « la bataille pour l'indépendance de la justice est une bataille qui doit être menée par l'ensemble de la société ».