"Pour aller loin, il faut ménager sa monture". Le dicton garde toute sa valeur lorsqu'il s'agit de prendre des vacances réparatrices. Après une année de labeur, il est agréable d'aspirer à un moment de répit, de détente et de farniente. La période indiquée couvre généralement une partie de la saison estivale. Les salariés, dans la mesure du possible et selon leurs moyens financiers, s'accordent volontiers des congés. Pour les chefs d'entreprise, ce n'est pas toujours le cas. Les responsabilités, les contraintes de différentes natures, rendent plus délicate la décision de se payer du bon temps. Le confrère "éco journal" a planché sur la question. Il a interrogé une pléiade de personnalités du monde des affaires dont Abdelwahab Ben Ayed, PDG de Poulina, Brahim Hajji, PDG de la Banque de l'habitat, Hassan Bertal, directeur général d'Attijari Bank, Mehdi Khemiri, PDG de Topnet, Me Moncef Barouni, avocat d'affaires. Il est très difficile de partir en vacances lorsqu'on est patron. L'été, comme le pense "éco journal", c'est la saison de la détente, en profiter, c'est se ressourcer et prendre du poil e la bête. « Les patrons plus que tous les autres, soumis à trop de pression, en ont besoin. Se reposer et se ressourcer en famille et entre amis, c'est le meilleur moyen de tenir le coup et reprendre le travail de plus belle. Ce ne sont pas de super héros invincibles. Le corps humain n'est pas une mécanique infaillible. Connaître ses limites permet de préserver ses forces, résister au stress et éviter les mauvaises surprises d'un cur qui lâche. On a tendance à oublier que trop de fatigue, de stress, peut être à l'origine d'accidents cardiovasculaires ». La mise en garde du journal parvient-elle à convaincre les patrons à renoncer, le temps d'une escapade, au devoir de veiller à la bonne marche de leur entreprise ? Peuvent-ils s'éloigner de leur lieu de travail sans cette inquiétude et cette appréhension de l'imprévu ? "éco journal" pense que « les patrons doivent avoir le courage, à l'occasion, de couper le cordon ombilical qui les lie à leurs entreprises et savoir déléguer les responsabilités pour assurer également leur pérennité. Si certains experts estiment que sans stress il n'y a pas de performances, il reste qu'un abus peut avoir des conséquences néfastes. Se déconnecter est donc impératif ». Parmi les causes qui empêchent les chefs d'entreprise et les hommes d'affaires de jouir de longs moments de repos, figurent les contraintes professionnelles, les lourdes responsabilités, les questions de gestion, la solution de problèmes pressants, la difficulté à programmer à l'avance des périodes de vacances « 98% des patrons tunisiens dirigent des PME et ont beaucoup de mal à les faire survivre », fait remarquer un dirigeant d'une PME. A bien réfléchir, les patrons occupent une position peu enviable. Ils ne sont pas maîtres de leurs temps et encore moins de leurs loisirs et de leur droit au repos. « Pas de trêve estivale pour ces chefs d'entreprises stressés par une longue année de travail effréné, pas de grands départs, plutôt de petits et courts vers Hammamet ou Djerba, moins fréquemment à Tabarka, Bizerte ou Kerkennah Grosses, moyennes ou petites pointures choisissent les petites escapades plutôt que les grandes, pas le temps pour les longues vacances. Les banquiers, pour leur part, préfèrent rester tout près de leurs coffres-forts », note l'hebdomadaire économique. A la décharge des chefs d'entreprise, le journal économique évoque la modestie et la discrétion des patrons : « Quoique l'on puisse dire de nos patrons et de leurs vacances, ne nous leurrons pas. Ils ne possèdent pas tous des yachts à bord desquels ils partent en croisière sur les côtes méditerranéennes ou dans les îles grecques. La plupart ont tout juste le temps de se laisser un petit peu aller dans leurs résidences secondaires sises à Hammamet, à Djerba ou dans le Nord ouest du pays. Résidences qui profitent plus aux amis et à la famille qu'à eux-mêmes. Grand nombre d'entre eux trouvent tout juste le temps de se calmer un tout petit peu pour se délecter d'un repos bien mérité. Quand on a un patrimoine, il faut savoir le préserver », reconnaît le confrère Et "éco journal" de conclure avec une teinte de philosophie : « C'est à se demander si ceux qui ne possèdent pas grand-chose sont plus "chanceux", car ils peuvent mieux profiter de leur temps et de leur vie. Moncef BEDDA (d'aprà ̈s l'Eco Journal)