Il est clair que par 35°C, un sirocco et une menace d'orage, il est difficile de parler de conjoncture et de compétitivité. L'humeur n'est vraiment pas au beau fixe. L'ombre de la crise plane. Pour le moment, elle gâche l'été. Les hôtels ne sont pas tout à fait pleins. La saison peine à décoller, les maisons pour les vacances ne sont pas encore louées et les Algériens ne sont pas encore arrivés. Par 35°C, j'ai envie de parler de vacances, détente, bronzage et dévergondages. Il est clair que ce n'est pas sur les colonnes de WMC que je peux m'adonner aux derniers commérages. Faute de profiter de ce petit libertinage, je me décide de parler de vacances. Des vôtres, des miennes et de celles des grands patrons. Dis-moi quelles vacances "tu fais", je te dirais qui tu es. Plus que jamais, ce précieux adage s'applique à l'univers du tourisme. Entre eux, ceux qui ont le choix entre une croisière dans les îles gréco-turques, les nuits déjantées d'Ibiza ou Mykonos et les séjours dans les résidences privées à Marbella ou St Tropez, et ceux qui peinent à payer les factures des hôtels déjà bradés, il y a une grande différence. Ne s'avère-t-il pas que la crise pénalise toujours les mêmes, ici ou là-bas? Pour revenir à nos patrons, beaucoup se sont payé le luxe d'une villa secondaire en bord de mer. Pieds dans l'eau ou presque, ils s'y prélassent avec famille et proches amis. Ils y passent le plus clair de leurs temps et les "je t'invite chez moi, tu viens dîner ce soir ? Passe boire un verre ..." meublent leurs quotidiens. BBQ, dîners ou déjeuners, c'est selon. Il arrive aussi qu'ils passent les dimanches avec leurs petits enfants. Nos patrons ne sont-ils pas majoritairement grands-parents? D'ailleurs, la majorité ne profite réellement de vacances qu'une semaine ou deux et le reste du temps, ils font d'incessants allers et retours entre Tunis, Hammamet, Tabarka ou Chaffar... Souvent, ils gardent leur maison principale ouverte et installée malgré les vociférations de leurs épouses obligées de veiller à leur confort. Ils passent le début de la semaine dans la capitale au boulot. A dire vrai, une grande partie des patrons se rend jeudi après le travail dans la maison d'été pour ne plus en sortir que le lundi matin. Au plus, ils offrent une méga-soirée à leur famille et y invitent quelques uns de leurs principaux clients. Ils convieront les autres, dans une discothèque de plein air le temps d'un dîner gala avec l'une des stars libanaises les plus en vue du moment. En gros, ils se partagent les mêmes espaces de loisirs avec leurs progénitures. Les enfants veillent dans les discothèques branchées durant les soirées DJ. Ils laissent le champ libre aux parents pour les soirées orientales. En effet, le temps d'une soirée facturée "à beaucoup d'argent", ils se divertiront, regarderont les jolies divas se trémousser et observeront les jolies frimousses des jolies femmes des tables d'à côté danser. Certains patrons se disputeront la table la plus proche de la piste. Il arrive aussi qu'ils se défient la longueur de leurs cigares. Leurs épouses, elles n'en seront que plus heureuses. Avec les grands mariages de l'été, ces soirées sont de belles occasions pour montrer leurs dernières acquisitions : la dernière montre de joailliers et la jolie robe de couturiers. D'autres patrons s'adonnent à la plaisance. Ils possèdent de beaux bateaux amarrés dans la Marina de Yasmine Hammmamet ou de Kelibia. Ils feront divers allers et retours entre Hammamet, Kelibia ou El Kantaoui. De temps en temps, ils pousseront jusqu'en Sicile ou à Pantelleria. Lorsque les patrons reprennent le chemin du bureau, ce sont leurs "ados" qui profitent des bateaux de papa. Ils n'iront pas plus loin qu'à la plage d'à côté. Ils parqueront les yachts devant le BBQ de l'hôtel branché qui regorge de monde. L'annexe fera alors d'incessants va et vient entre le bateau et la plage, où ils déposeront des amis pour en récupérer d'autres. Je vais me forcer d'en rester là. Cet été est vraiment celui de tous les dangers. La loi sur les salaires des patrons en dérange déjà plus d'un et moi qui m'étends sur leurs vacances, ce n'est pas vraiment un exploit ! De là à imaginer les paparazzis scrutant nos patrons en maillot de bain, il n'y a qu'un pas...qu'il vaut peut-être mieux tarder à franchir...