Si les rapports moral et financier de la Chambre nationale des Femmes Chefs d'Entreprises (CNFCE), sont satisfaisants au regard des adhérentes, les principales conclusions et autres constats de l'étude sur « les femmes chefs d'entreprises : bilan et perspectives », lancée par la CNFCE et réalisée par le Cabinet CIB, laisse quelque peu perplexe. En effet, il y a lieu de se demander si l'échantillon, pris en considération par l'étude, représente réellement et crédiblement le tissu féminin des chefs d'entreprise ? Sur le site du Businesswomen net work, (Réseau MENA), lancée sur une initiative de la structure tunisienne, on évoque quelque 500 adhérentes opérant dans divers secteurs de l'économie nationale. Or, à ce titre, on s'interrogerait, pourquoi l'étude, censée parler du bilan et des perspectives des femmes chefs d'entreprises s'est-elle limitée exclusivement aux PME dirigées par des femmes et opérant dans les seuls secteurs de l'industrie et des services liés à l'industrie ? L'explication et l'argumentation de la représentante du cabinet d'étude n'a pas été convaincante. Elle s'est contentée de préciser que « cette étude est différente des autres, dans ce sens où, elle ne s'est intéressée qu'aux secteurs d'activités concernés par le Programme de Modernisation Industrielle (PMI) ». Est-ce à comprendre que parce que c'est le PMI qui finance, on ignorerait les autres secteurs d'activités? Quelle serait l'utilité d'une étude analysant le bilan et les perspectives des femmes chefs d'entreprises, et qui se limiterait exclusivement à deux secteurs d'activités ? Sachant qu'on ne croit pas que la majorité des femmes d'entreprises opèrent dans le secteur industriel. On ne le saura pas puisque l'étude n'a pris en considération que 96 entreprises dirigées par des femmes, soit moins de 10% du nombre des adhérentes, sans compter celles qui ne le sont pas. L'étude aura eu, toutefois, le mérite de déterminer le profil de la femme chef d'entreprise type .Sauf qu'il faudrait minimiser ce profil, aux femmes opérant dans le secteur industriel, et des services connexes, puisqu'elles sont les seules concernées par l'étude. « La femme chef d'entreprise (FCE) type est, donc, âgée de plus de 40 ans, mariée avec deux enfants, diplômée de l'enseignement du supérieur, avec une expérience salariale et qui, à un moment de sa vie, ressent le besoin d'être indépendante et de se mettre pour son propre compte », note l'oratrice. L'étude souligne, par ailleurs, que les entreprises dirigées par les femmes sont moins endettées que les autres. Car, les femmes optent plutôt pour l'épargne que pour les autres sources de financement. Ce sont des entreprises jeunes, dynamiques avec un potentiel de développement très élevé et des perspectives prometteuses, mais sans pour autant que l'oratrice en évoque une seule des perspectives éventuelles (il faudrait peut-être revenir à l'étude proprement dite, avec l'espoir d'y trouver quelques indices). Ceci dit, les entreprises au féminin comme tout autre organisme, ou être humain, ont des points forts et des faiblesses. Selon l'étude, les premiers sont à l'origine des « spécificités féminines » (la forte implication des femmes, leur détermination, une meilleure productivité et un politique financière sage. Autres points forts ? Le dynamisme et la jeunesse des entreprises gérées par des femmes. Pour les seconds, à savoir les points faibles, les entreprises dirigées par les femmes souffrent de l'absence d'un système comptable et financier performant. Est-ce à dire que les femmes ne sont pas de bonnes gestionnaires ? Autres lacunes, les femmes dirigeantes semblent très mal ou très peu informées des programmes nationaux (mise à niveau, programme qualité, subventions de l'Etat ). L'étude relève que moins d'une entreprise sur 11, des entreprises concernées par l'étude, s'est engagée dans une démarche qualité ou dans un programme de formation ! L'oratrice a présenté des pistes de plan d'action qui se résument brièvement, à l'organisation de rencontres entre les femmes chefs d'entreprises et les responsables des différents programmes nationaux opérationnels ! Il s'agit là des principales conclusions et autres constats relevés par le cabinet d'étude et présentés à l'occasion de l'Assemblée générale ordinaire de la CNFCE. On reviendra avec plus de détails à l'étude, peut-être qu'on y trouvera des réponses plus exhaustives et plus complètes A noter que les FCE, auxquelles on reproche un manque d'activités, semblent avoir pris conscience de cette lacune et viennent d'adopter, pour l'année 2010 en cours, un plan composé d'environ 13 actions, à raison d'une action par mois en moyenne. Des actions dont les plus importantes seront le retour en force du salon « Expo Fémina », la vitrine du savoir-faire féminin (du 30 mars au 4 avril 2010), qui aura cette année, une forte connotation méditerranéenne, notamment avec l'organisation, à Yasmine Hamamet, du « MEDINA MED FORUM ». Le 4 juin prochain, la CNFCE célèbrera son 20ème anniversaire, par un dîner gala. Le reste dudit plan concerne, essentiellement, des questions d'ordre et de thèmes divers dont l'organisation du business Award 2009, des petits déjeuners et des déjeuners autour de la protection et l'enregistrement des marques commerciales, l'artisanat et les circuits de distribution, l'intégration de la femme rurale dans la vie entrepreneuriale ; la mise à niveau et le développement du secteur des services, la formation continue au service de l'entreprise féminin Evidemment, les femmes chefs d'entreprises ont exprimé leur engagement à contribuer à la concrétisation du programme présidentiel. Ce qui implique la nécessité d'intégrer des activités supplémentaires, dans leur plan d'action 2010, dont notamment des manifestations de réflexion quant aux moyens de cette contribution. Car, jusqu'à présent, aucune action ne traite, effectivement des problématiques de la création d'entreprises, de la création d'emploi, de la croissance Et pourtant, ce sont des PME à forte connotation économique, qui contribuent à la croissance, à la création de richesses et d'emploi Insaf Fatnassi