Les statistiques officielles ont montré que les sept premiers mois de l'exercice 2010 ne sont pas du tout roses pour le secteur agricole et le tourisme. Ils ont été même difficiles pour la balance agroalimentaire dont le déficit s'est aggravé comparativement aux années précédentes. Côté agriculture, les premiers chiffres annoncés ont montré que les résultats de l'oliveraie et des grandes cultures sont, en moyenne, inférieurs de 30 à 40 % par rapport à l'exercice 2009, en raison d'une pluviométrie irrégulière. Pour ce qui est de l'oliveraie, les estimations de la dernière récolte oscillaient entre 140.000 et 160.000 tonnes, selon les sources. Les uniques chiffres officiels concernent les exportations d'huile d'olive, vrac et conditionnée. Le vrac est en net recul par rapport à 2009, se situant actuellement aux environs de 80.000 tonnes alors qu'il avait déjà dépassé les 110.000 tonnes en pareille période en 2009. L'huile conditionnée a, quant à elle, déjà dépassé les 4.000 tonnes et promet d'atteindre les 8.000 tonnes sur l'ensemble de l'année 2010. Un tel essor de l'exportation de l'huile d'olive conditionnée lui permettrait, si cet élan se poursuit jusqu'à la fin de l'année, de parvenir à un taux avoisinant les 8 % des exportations. Lequel pourcentage élevé est dû à la faible récolte. Les estimations tablent, en effet, sur des exportations ne dépassant pas les 100.000 tonnes, dont près de 8.000 tonnes de conditionné. Le comportement de l'huile d'olive tunisienne extra-vierge sur le marché international s'est certes un peu amélioré, exploitant la rareté du produit espagnol. Mais la hausse conséquente de 10 % (de 1,9 euros à 2,1 euros) ne saurait compenser le déficit en quantités par rapport à l'année 2009 et qui s'élèverait sur toute l'année à près de 40 %, soit près de 40.000 tonnes, induisant des recettes inférieures à l'exportation de plus de 150 millions de dinars par rapport à 2009. Pour ce qui est de la céréaliculture, le ministre de l'Agriculture a annoncé lors de sa conférence de presse, tenue le 22 juillet dernier que les quantités collectées n'allaient pas dépasser les 6 millions de quintaux, toutes céréales comprises, contre 12 millions de quintaux lors de l'exercice précédent. Les services de l'Office des céréales prévoient d'importer près de 20 millions de quintaux de céréales pour subvenir aux besoins en la matière. Les cours de blé ne sont certes pas à leur niveau de 2008 lorsque la tonne a avoisiné les 750 dinars. Mais la dernière décision de la Russie d'arrêter ses exportations jusqu'en décembre prochain a eu des effets de hausse sur les cours qui sont montés de 70 % durant le mois de juillet dernier. La tonne de blé dur a déjà dépassé les 400 dinars, ce qui n'augure pas d'une stabilité concernant la tension sur ce marché. Côté tourisme, la crise financière internationale continue, d'une part, à avoir des effets néfastes sur le pouvoir d'achat des Européens, principal réservoir du tourisme tunisien. D'autre part, diverses données ont influé sur l'afflux du tourisme algérien. Les résultats du bac algérien n'ont été annoncés que le 7 juillet et les inscriptions ont commencé le 29 juillet. Ramadan est prévu a débuté le 11 août. Ces trois rendez-vous, très proches les uns des autres, ont influé sur les mouvements des familles algériennes. Résultats de ces constats, le tourisme tunisien, déjà en prise à divers problèmes, continue à broyer son pain noir. Les résultats officiels du premier semestre ont constaté une baisse de 2,8 % sur le marché européen, par rapport à l'année 2009, qui était elle aussi en baisse par rapport aux années précédentes. Fait inquiétant, l'impact de cette baisse a atteint les recettes par nuitée qui ont régressé de 4 %, passant de 115,3 dinars, en 2009, à 110,7 dinars, en 2010. La situation est d'autant plus préoccupante que le secteur touristique représente près de 6,5 % du PIB et fournit plus de 300 000 emplois dont 85 000 emplois directs, soit plus de 10 % de la population active occupée mais, toutefois, avec une forte part d'emploi saisonnier. Ces diverses statistiques montrent les difficultés rencontrées par ces trois secteurs et sont derrière les interrogations des experts économiques sur les capacités des autres secteurs de l'économie à juguler ces déficits et à assurer l'objectif de 4,1 % de croissance du PIB, prévu pour 2010. Mounir Ben Mahmoud