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Comment la télévision publique tunisienne ouvre la voie à la corruption
Publié dans Business News le 06 - 04 - 2011

Elle serait la chaîne la plus regardée par les Tunisiens, si l'on se réfère aux chiffres de Sigma Conseil.
Son journal de 20-heures est fortement apprécié et son statut de télévision publique (et historique) fait que l'on ait pour elle une sorte de penchant affectif.
Après l'avalanche de débats qui ont suivi le 14 Janvier, la Wataniya, son nouveau nom qui remplace Tunis 7, ne profite cependant pas des quelques atouts qu'elle a. Très peu de programmes qui lui sont propres et le peu qu'elle produit est loin de satisfaire le public tunisien.
Derrière cela le manque de moyens humains et matériels. Et la conséquence risque d'être fatale pour la télévision publique si on ne lui trouve pas de solution rapidement. De nouveaux rapaces pourraient arriver rapidement pour se charger de remplir la grille et ramener l'audimat, et cela a un prix.
C'est une communication téléphonique des plus étranges que reçoit un journaliste de la place. Au bout du fil, c'est la télévision tunisienne et on demande au journaliste de venir animer une émission. Après avoir expliqué le concept et précisé au journaliste ce qu'on attend de lui, ce dernier pose la question qui fâche. Les bons comptes faisant les bons amis, il est prêt à s'investir à condition de savoir combien il va gagner. Réponse de la télévision : ah non, c'est du bénévolat !
Le journaliste ne croit pas ses oreilles et fait répéter la réponse. « Mais oui, vous savez, la télévision n'a pas de fric et manque beaucoup de moyens. Elle est déficitaire de 36 millions de dinars. Donc ce serait bien que vous veniez collaborer gratuitement ! »
La scène s'est déroulée au début de cette semaine et pas uniquement avec ce journaliste comme nous le confirme un autre confrère qui s'est déjà engagé avec la télévision avant qu'on ne le surprenne par cette histoire de bénévolat.
L'histoire, cependant, n'est pas nouvelle et revient épisodiquement. La télévision tunisienne a toujours souffert de son manque de moyens financiers, ce qui l'a poussé à rejeter toutes les émissions coûteuses et à ouvrir la voie à des producteurs externes qui ont fini par dicter leurs lois dans une logique gagnant-gagnant.
Le cas de Sami Fehri avec Cactus Productions est le plus célèbre. Mais il est loin d'être l'unique.
La télévision tunisienne a toujours cherché à remplir sa grille avec peu de moyens, voire pas de moyens du tout.
Et si la solution Cactus a été la plus polémique, c'est parce que ce producteur a été celui qui a le plus réussi à remplir les caisses. Ses caisses à lui, pas celles de la télé.
En général, le business model d'un média est basé sur les recettes publicitaires. C'est le cas des radios, des télévisions, des journaux électroniques, mais aussi des journaux papier puisque la vente kiosque suffit à peine à régler les frais d'achat du papier et d'impression et la commission des revendeurs.
Pour attirer les annonceurs, il est impératif d'avoir des programmes de qualité. Et pour avoir des programmes de qualité il faut investir. Investir gros et bien.
Et c'est là le dilemme de la télévision publique tunisienne, on ne lui a jamais donné les moyens d'investir gros et bien. Pire, on s'est toujours ingéré dans son travail.
Après le 14 Janvier, on a pensé avoir résolu le problème en ramenant un « gros calibre » en la personne de Mokhtar Rassaâ. Un homme de médias dont la réputation ne souffre d'aucun couac. Et en cette période de chasse aux sorcières où tout le monde dit « dégage » à tout le monde, avoir une bonne réputation est un atout principal.
Mais voilà, la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a. Avec un statut de fonction publique, très peu de moyens et beaucoup de déficit, la télévision tunisienne ne peut investir gros et bien. Hier, elle a trouvé en Cactus ce producteur qui a réussi cet investissement et lui remplir la grille avec des programmes de qualité.
Aujourd'hui que Cactus est parti, la télévision tunisienne ne peut compter que sur elle-même pour remplir ses caisses. En attendant, elle joue du système D avec cette histoire abracadabrantesque de bénévolat et c'est là tout le danger puisque cette histoire n'offre qu'une seule alternative : soit elle ouvre la voie à des clones de Cactus Productions, soit elle ouvre la voie à la corruption.
Offrir des tranches de la grille à des producteurs privés, similaires à Cactus, est un non-sens après la polémique Sami Fehri. Quel que soit le producteur qu'on va ramener, il va exiger de rentabiliser son investissement avant de produire.
Soit la télévision le paie cash pour ses émissions, soit elle lui offre des plages publicitaires et à sa charge de les vendre aux annonceurs. Dans un cas comme dans l'autre, la télévision publique est dans l'impasse. Exigeant comme il est, Mokhtar Rassaâ veut de la qualité et la qualité a un prix élevé.
Reste alors la deuxième voie, celle de la corruption. Certains périodiques papier (des tabloïds) ont adopté cette formule de bénévolat en invitant des rédacteurs à leur rédiger des articles gratuitement. Il y a ceux qui font ça pour la gloire, question de montrer à son entourage un certain savoir-faire. Ce sont généralement des articles d'opinion qui gagneraient mieux leur place dans un blog que dans un journal qui se respecte.
Et il y a ceux qui font ça pour soutirer de l'argent à ceux qui font l'objet d'un article. Un article où un footballeur en mal de reconnaissance n'hésiterait pas à payer quelques centaines de dinars pour paraître dans un journal ou dans une émission de télévision. Idem pour certains publi-reportages déguisés en articles journalistiques au profit de certaines entreprises.
Mais là, en cette période pré-électorale, il y a un autre danger qui guette la Tunisie postrévolutionnaire. N'importe quel homme politique serait tenté d'amadouer un animateur « bénévole » pour qu'il lui ouvre la porte de la télévision ou figurer sur une page d'un journal. Un atout fondamental par rapport aux concurrents.
Dans la presse écrite, les médias ont généralement leur propre ligne éditoriale et chaque patron de journal est libre de favoriser la gauche, la droite, les islamistes ou les communistes.
Dans les médias à forte audience, la télévision en l'occurrence, la question de temps de parole n'est pas encore tranchée. Et, de toute façon, rien n'empêche un « bénévole » de poser des questions « délicates » pour piéger tel politicien et des questions mielleuses pour tendre la perche à un autre.
Dans la télévision publique, ceci est dangereux et il est impératif qu'elle ait son « indépendance » financière et ne soit pas tributaire des annonceurs publicitaires. Plus important encore, il est impératif que Mokhtar Rassaâ soit le véritable capitaine des journalistes ou, au moins, désigne un directeur parmi eux pour éviter tout dérapage du genre. Le bénévolat recherché actuellement à la télévision est exactement le contraire ! Nizar Bahloul


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