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Le silence de ceux qui connaissent les vérités
Publié dans Business News le 29 - 08 - 2011

Ça bouillonne et ça continuera à bouillonner. Ça sent le règlement de comptes et tout le monde cherche à casser tout le monde. Les révolutionnaires de la 25ème heure sont bruyants et siègent, sans complexe, dans les différentes instances et commissions. Ils étaient hier des indics, au mieux des citoyens muets, ils sont devenus aujourd'hui des révolutionnaires en puissance criant sur tous les toits qu'ils étaient brimés, voire torturés sous Ben Ali.
De la manipulation au grand jour, en toute indécence.
Pendant ce temps là, les symboles du régime déchu travaillent en silence et regardent tout ce beau monde se refaire une virginité.
Pourtant, ce sont bien ces symboles du régime déchu qui connaissent les vérités de ces révolutionnaires de la 25ème heure. Ils étaient au pouvoir, ils connaissent qui est qui et ils savent qui sont les corrompus (les vrais), qui sont les opportunistes et qui sont les véritables intègres (s'il y en a). Ils se taisent et ils observent. Ils rient sous cape et disent aux "révolutionnaires" : « rira bien qui rira le dernier ».
Aux révolutionnaires sincères, ils disent : « vous nous avez déchus et vous avez de nouveaux héros ? Eh bien vous allez être déçu par vos héros. Et c'est nous, les symboles de l'ancien régime, qui déciderons du jour où l'on dénoncera vos révolutionnaires pour montrer leur vrai visage. Le jour où votre révolution sera confisquée, car nous savons tout, car nous savons que les Ben Ali et les Trabelsi ne sont pas les seuls corrompus, c'est tout le système qui l'est. »
Et ce silence des symboles du régime déchu est pesant. Il est comme un couperet. Un jour ou l'autre, quelqu'un donnera le signal pour que ce couperet tombe.
Au premier rang de ceux qui observent en silence : Zine El Abidine Ben Ali. Il n'a encore rien dit, mais il sait tout de ces opposants opportunistes.
Juste après lui, Abdelaziz Ben Dhia. Il connaît tous les hommes politiques et chefs de parti qui défilent aujourd'hui à la télé. Il y a moins d'un an, ils défilaient dans son bureau au Palais de Carthage. Ben Dhia est en prison et il se tait. Il connaît le paysage et les hommes politiques et a une idée exacte de ce qu'ils sont, de leur historique, de leur idéologie.
Abdelwahab Abdallah, en prison lui aussi, connaît mieux que quiconque le paysage médiatique. Tunisien et étranger. Y compris les journalistes qui résidaient à l'étranger et que Abdelwahab Abdallah utilisait pour tacler ses adversaires politiques locaux. Combien de fois a-t-on lu sur Tunis News des informations croustillantes sur tel ministre ou tel détail d'un conseil ministériel ? Il y a bien quelqu'un qui fuitait les informations à ces journalistes « exilés » à l'étranger ? Et ce quelqu'un, Abdelwahab Abdallah le connaît. Il ne peut pas ne pas le connaître.
Le même Abdelwahab Abdallah, en bon ex-ministre des Affaires étrangères, a une connaissance exacte de ce qui se passe dans la diplomatie. On a parlé de la corruption de plusieurs corporations, mais on a étrangement oublié la corruption des diplomates. A moins qu'ils ne soient les seuls intègres de la population. Abdelwahab Abdallah, qui sait tout, n'a, jusqu'à présent, fait aucune déclaration. Aucune révélation. Silence total.
L'autre « muet » qui sait tout et absolument tout s'appelle Rafik Haj Kacem, ancien ministre de l'Intérieur. Il risque gros, il a du sang sur les mains. Et pourtant, il n'a fait aucune déclaration. Ni via sa famille, ni via ses avocats.
Sous ses ordres, l' « état-major » du ministère de l'Intérieur, dont les fameux 40 licenciés de Farhat Rajhi. Ces hauts responsables de l'Intérieur (aujourd'hui mis à la porte) n'ont rien dit, n'ont rien révélé des millions de « stoufida » qu'ils recevaient régulièrement. Ils connaissent, mieux que leur poche, la toile d'araignée de la mafia, ses courtisans et ses indics.
Pas loin de l'Intérieur, l'ATCE. Ses deux PDG, Oussama Romdhani et Mongi Zidi maintiennent eux aussi un étrange silence. Tout ce qui touchait les médias passait par eux. Ils savent mieux que quiconque que certains patrons de journaux et beaucoup de journalistes, aujourd'hui devenus grands révolutionnaires, ne sont que des « indics » qui recevaient des enveloppes sous la table.
A quelques dizaines de mètres de l'avenue Jean Jaurès, à l'avenue Mohamed V, il y a le RCD.
Ni son secrétaire général, Mohamed Ghariani (en prison) ni ses seconds n'ont dit un mot. Ils travaillaient sous les ordres directs d'Abdelaziz Ben Dhia et Zine El Abidine Ben Ali pourtant !
Autres personnes qui maintiennent le silence, la famille. Personne de la famille Ben Ali n'a parlé. Marouen Mabrouk, Hédi Djilani, Sakher El Materi ou Belhassen Trabelsi connaissent parfaitement le milieu des affaires, l'administration et les véritables rouages du business. Ils sont tous en mode silencieux. Ils subissent les attaques les plus viles et ne bronchent pas. On les dit corrompus. Soit. Mais s'ils sont corrompus, c'est qu'il y a des corrupteurs. Et s'ils sont corrupteurs, c'est qu'il y a des corrompus. Qui sont-ils ? Motus et bouche cousue. Omerta totale.
Loin des symboles de l'ancien régime, il y a l'administration. Tout ce monde-là ne pouvait pas fonctionner sans passer par l'administration.
L'administration fiscale connaît les avoirs de tous les citoyens. Il suffit de leur donner le numéro de la carte d'identité pour connaître la « biographie » de chaque individu. Et cette administration a la possibilité d'épingler n'importe qui. Al Capone a bien été piégé par le fisc, n'est-ce pas ? Et pourtant, le fisc observe un extraordinaire silence. On travaille, on passe au peigne fin comptes et bilans, mais on ne laisse rien filtrer.
Enfin, et pour finir, on ne peut pas ne pas parler de la « Grande muette » : les généraux du ministère de la Défense qui n'ont absolument rien dit du 14 janvier, des jours qui l'ont précédé et des jours qui l'ont suivi. Qui a décidé d'appeler Mohamed Ghannouchi, Abdallah Kallel et Foued Mebazzaâ le 14 à Carthage, des présidents de la Cour des comptes et du Conseil constitutionnel le 15, qui et comment a été nommé Béji Caïd Essebsi. On n'en sait rien, absolument rien !
On a beau vouloir des listes, demander des comptes, faire pression sur la justice pour emprisonner tel homme d'affaires et condamner tel gendre, les magistrats et la commission anti-corruption n'y peuvent rien tant qu'ils n'ont pas d'éléments d'information et des preuves tangibles.
Le peuple réclame, à cor et à cri, l'ouverture de la Boîte de Pandore, mais celle-ci reste fermée. Sa clé est entre les mains de quelques dizaines de personnes de l'ancien régime et ces derniers ne veulent pas l'ouvrir. « Ce n'est pas encore le moment », nous dira l'un d'eux.
Sera-t-elle ouverte un jour ? « Oui, un jour ou l'autre, les ensorceleurs seront ensorcelés. Rira bien qui rira le dernier », nous dira-t-il. De quoi donner froid au dos.
En attendant, joyeux Aïd à tous.


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