Le directeur exécutif d'Afek revenant sur le « mariage » de son parti avec le PDP et d'autres partis de l'opposition sur Shems FM, envisage un rapprochement avec les partis défendant un « islamisme réformé ». Conscient de la singularité politique de cette alliance si elle venait à se réaliser, Yassine Brahim explique que la démarcation occidentale droite-gauche est obsolète. Cette opposition n'a plus de sens dans le monde entier et surtout dans le monde musulman, considère-t-il. Yassine Brahim argumente et sur plusieurs points son argumentation tient la route. La vision d'un état omniprésent qui contrôle tous les rouages de l'économie est dépassée partout dans le monde, constate-t-il. Mais pour donner plus de consistance à son développement, il en rajoute une couche. Ainsi le programme d'Ennahdha est un programme de gauche ni plus ni moins ! Et Afek est sous certains angles plus à gauche que des partis de gauche ! Des arguments choc pour préparer le fond de sa pensée. Aux axes de démarcations classiques des partis politiques, Yassine Brahim considère qu'il faut en rajouter un troisième : l'axe islamiste/séculier (si on le prend au mot il fallait dire islamiste/islamiste séculier). Les partis qui se sont affublés des étiquettes « démocrates » et « progressistes » et qui se sont fait piéger dans les débats sur la laïcité et l'identité n'ont pas trouvé mieux pour prévenir un autre fiasco électoral que de se réapproprier le label « Islam » apparemment. Yassine Brahim explique. Le débat sur la laïcité était un faux débat. Le résultat des élections du 23 octobre montre clairement qu'une grande frange de la société tunisienne est conservatrice. Donc vu que « tous les programmes se ressemblent », que les partis politiques doivent répondre à toutes les préoccupations des citoyens (dont les problématiques religieuses et l'identité) », que « nous sommes tous musulmans », il est déraisonnable de laisser seul Ennahdha profiter du tampon musulman, estime-t-il en substance. Cette nouvelle alliance de partis de l'opposition compte ainsi se positionner sur un créneau islamisant. Elle commence, donc, à fourbir ses armes et à perfectionner sa rhétorique. On commence à parler de l'islamisme réformateur qui s'appuiera sur des traditions bien de chez nous en s'opposant à « l'islamisme importé ». Yassine Brahim fait du pied aux partis islamistes à gauche d'Ennahdha », tel que le parti de la Dignité et du Développement. Commentant un éventuel rapprochement avec les « destouriens », Yassine Brahim élude diplomatiquement la question prétextant qu'il s'écoulera beaucoup de temps avant que les partis destouriens s'unissent entre eux. Il avoue, également, qu'une tentative de rapprochement avec Béji Caïd Essebsi a été effectuée pour qu'il intègre les rangs de ce nouveau parti en gestation, mais que celui-ci n'a pas encore donné sa réponse. Les priorités du moment ont été, également, évoquées lors de cet entretien. Premièrement la justice transitionnelle. En deux, reconquérir le prestige de l'Etat pour relancer l'investissement. Et sur ce coup, on reconnaît très bien les valeurs de la droite libérale…