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L'opposition, chiffe molle
Publié dans Business News le 22 - 01 - 2012

Pour devenir président, Yassine Brahim volerait la potion d'embaumement dans le cadavre de sa grand-mère. Une telle voracité est un signe de bonne santé politique. Mais sa quête effrénée du pouvoir était handicapée par une vile image de laïcard francophone en opposition radicale avec l'identité arabo-musulmane dont tout président respectable se doit de porter les signes sur le front. Un créneau dans lequel le jeune loup d'Afek n'a pas hésité à plonger les pieds joints, traînant dans son sillage le nouveau parti d'opposition en balbutiement.
Yassine Brahim fait son coming out. « Je suis sympathisant de l'islamisme progressiste », annonce-t-il, enfin quelque chose dans ce genre.
Une position qui se tient. Le jeu de scène de Moncef Marzouki, tout dans l'emphase et dans le burlesque, fera école. Nous nous excusons, au passage, d'avoir, maintes fois, raillé son attachement soudain et surjoué à cette sacrée identité arabo-musulmane, lui qui n'était pas connu pour être confit en dévotion. Un burnous, deux grimaces, quelques répliques cultes et voilà que les sondages placent Moncef Marzouki en tête des personnalités politiques présidentiables. Très loin devant le cabotin Béji Caïd Essebsi. A parier que si Moncef Marzouki se laissait pousser la moustache pour parfaire son accoutrement de beauf, il gagnerait les présidentielles au premier tour.
Nous nous égarons. Notre sujet d'aujourd'hui est l'opposition qui, énergiquement, a mis main basse sur les étiquettes progressistes et démocrates pendant la campagne électorale, avant de se rabattre mollement sur le centrisme pour finir désespérément peut-être en islamistes réformistes (à l'iranienne ?).
L'intervention de Yassine Brahim sur Shems FM, cette semaine, est passée inaperçue, occupés que nous étions tous à gloser sur les deux affaires scabreuses du moment. Parlant au nom de la nouvelle formation politique d'opposition en formation, le directeur exécutif d'Afek a fait quelques déclarations fracassantes pourtant. Ecartant d'un revers de manche tous les préconçus de la pratique démocratique, il estime que l'opposition droite-gauche est caduque. Inutile, donc, de revenir sur le mariage morganatique entre les sociaux-démocrates du PDP et des libéraux d'Afek. Ce qui manque à cette coalition, ce serait plutôt une petite touche islamisante.
Et ce n'est pas que des vœux pieux, l'opposition est partie à la chasse aux islamistes. Dans son collimateur la cohorte des partis « conservateurs » qui ont fleuri après le 14 janvier : Majd, parti de l'Alliance et du développement, parti de la Dignité et du développement… Le succès d'Ennahdha a donné des idées à ses adversaires. Le label « conservateur » qu'ils ont pensé plus fédérateur que l'islamisme pendant la campagne n'est finalement pas très vendeur. Pas plus que le centrisme, sorte de fourre-tout qui sert de déguisement à tous les politiques mal dans leur peau.
L'islamisme marche du feu de Dieu, mais il fallait aux nouveaux fabricants proposer quelques avantages consommateurs. Des nouveaux produits sont, ainsi, à l'étude pour grignoter des parts de marché. Un islamisme labélisé tradition pour contrecarrer l'Islam importé des salafistes par exemple. Ou bien un Islamisme progressiste dit aussi islamisme réformé, mais dont on ne nous explique pas encore le mode de fonctionnement. Selon les fuites, ce serait une sorte d'islamisme air conditionné avec des niqabs chauffés l'hiver et rafraîchissants l'été, des fausses barbes waterproof…
Pas très convainquant tout cela. Si on annonçait 2012 année électorale, qu'on organisait une élection par jour, Ennahdha gagnerait 365 fois sur 365. Son inexpérience des rouages de l'Etat et de l'administration, son amateurisme insolent dans la conduite de la diplomatie, ses scandales provoqués ou réels n'y feraient rien. Elle jouit d'un capital sympathie qui lui servira encore pour quelque temps. Et ce n'est pas l'opposition qui, se réveillant lentement de sa sieste de trois mois pour nous proposer ce nouveau repositionnement foireux, qui la titillera un tant soit peu.
Le fiasco a été dur à avaler pour les partis autoproclamés progressistes et démocrates.Disqualifiés pour des idées progressistes qu'ils n'ont même pas défendues, une étiquette de laïcs qui leur colle à la peau alors qu'ils se sont couchés à la première seconde dès qu'a été provoqué le débat sur le premier article de la constitution abrogée, le PDP, Afek et compagnie n'en reviennent pas. Tant de concessions qui ne leur ont apporté que du mépris.
L'opposition aurait pu s'impliquer plus sur le terrain, aller au contact direct des électeurs, défendre des idées plus tranchées, chercher les partis à sa gauche (pour du même coup leur donner plus de respectabilité). Elle aurait pu avoir l'ogre nahdhaoui à l'usure. Mitterrand qui arrive au pouvoir dans un pays traditionnellement de droite est un cas d'école. A force d'obstination et de quelques manœuvres politiques de génie, il a été élu président quand on le pensait au crépuscule de sa carrière.
Mais on n'en est pas là. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Tous les programmes défendus pendant la campagne se ressemblent, lâche le franc du collier Yassine Brahim. Gauche, droite c'est du pareil au même. Aux deux axes classiques d'opposition des partis politiques (société et économie), il rajoute un troisième : islamiste/séculier. Mais vu le rapprochement convoité avec les islamistes soft, il aurait été peut être plus pertinent d'opposer islamistes et islamistes mous. Pourquoi défendre des idées, des valeurs quand on peut gagner des élections en jouant aux tartuffes ?
Nous sommes tentés au vu de tout cela de rajouter un quatrième axe : l'opposition opportuniste/ facho droit dans ses bottes. Personne n'aime la contrefaçon. Alors si on doit se payer un gouvernement d'islamistes autant choisir le savoir-faire d'Ennahdha. Propagande, embrigadement, sens de l'ordre et de la discipline, culte du secret, des services d'ordre qui pourraient évoluer en de très jolies milices, des militants violents qui n'attendent que faire éclater leur énergie créatrice… Ennahdha c'est du fait main depuis 35 ans.
Si Yassine Brahim estime que tous les programmes se ressemblent et qu'il faudrait que l'opposition s'islamise un peu plus pour correspondre aux attentes des électeurs, pourquoi ne pas simplement entrer dans le gouvernement « d'intérêt » national pour plus tard une éventuelle fusion entre tous les partis et la formation d'un nouveau parti unique ?
Sinon l'opposition islamisée c'est de la pacotille. Trois marques inondent déjà le marché par des produits d'une meilleure qualité. Pour un islamisme entrée de gamme : votez CPR. Pour un islamisme artisanal haut de gamme : votez parti Tahrir. Pour un rapport qualité/ prix intéressant : votez Ennahdha.
L'opposition devra trouver autre…


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