Moncef Marzouki a prononcé, vendredi 6 juillet 2012 à 20 heures, un discours dans lequel on retrouve clairement le Moncef Marzouki, défenseur des Droits de l'Homme d'avant les élections du 23 octobre. Sur un ton assez grave, il a abordé le sujet de l'ancien Premier ministre Baghdadi Mahmoudi, extradé sans qu'il ne soit informé (il dément ainsi le chef du gouvernement), puisqu'il était en mission au sud du pays aux côtés de l'armée tunisienne. A ce propos, il a fortement critiqué son partenaire de la troïka, rappelant que la règle était le consensus. Les sujets pour lesquels la troïka était d'accord sont validés, alors que ceux où il y avait des différends étaient mis de côté pour négociation. Pour le cas de Baghdadi Mahmoudi, il y avait clairement un différend et Moncef Marzouki tenait à respecter la législation internationale en la matière. Contrairement au chef du gouvernement, et à plusieurs ministres, le président de la République n'a pas traité Baghdadi Mahmoudi de criminel, mais de présumé coupable. Moncef Marzouki a admis clairement qu'il y avait une crise au sein de la troïka, mais pour l'intérêt de la Tunisie, il est prêt à dépasser cette crise et à passer l'éponge, après les excuses présentées par quatre ministres, à condition que le consensus soit de nouveau la règle au sein de la troïka. N'empêche, le président de la République entend tirer les leçons qui s'imposent de cette crise. Après consultation des différentes forces politiques du pays, tout au long de cette semaine, il a conclu qu'il y a une peur de voir une volonté farouche d'accaparer tous les pouvoirs. Cette mainmise totale est la plus grosse crainte de Moncef Marzouki et de ceux qu'il a consultés. Et de citer les dépassements observés le 9 avril ou encore les menaces contre nos femmes. Autant de lignes rouges que le président tient à ce qu'ils ne soient pas dépassés. Autre sujet de discorde, le limogeage du gouverneur de la Banque centrale. Le président de la République indique qu'il n'y a rien de personnel, mais qu'il tenait à impliquer l'Assemblée nationale constituante dans la politique monétaire et la politique économique du pays. Mieux, il affirme qu'il tient à l'indépendance de la BCT et qu'il ne cherche pas à s'ingérer dans son travail. Il ne dira pas cependant pourquoi n'a-t-il jamais répondu aux demandes d'audiences du gouverneur. Moncef Marzouki a ensuite abordé les sujets liés à la précarité, aux figures de l'ancien régime qui tentent de revenir par la fenêtre après avoir été chassés par la porte et à l'endettement. Points déjà évoqués dans l'article publié hier sur Aljazeera.net.