Lors d'une interview accordée aux chaines de télévisions Al Watania 1, Hannibal Tv et Nessma Tv, dans la soirée du samedi 4 août 2012, le chef du gouvernement Hamadi Jebali revient sur l'information circulant il y'a quelques jours concernant son éventuel remplacement par Ali Lâarayedh, actuel ministre de l'Intérieur, et sa démission du gouvernement. Tout en démentant cette information, Jebali affirme que son souhait le plus cher est de « se reposer et qu'il n'a aucune ambition personnelle pour continuer à exercer cette fonction ». Il évoque le sujet des récentes démissions au sein du gouvernement [NDLR : Houcine Dimassi, ancien ministre des Finances, et Mohamed Abbou, ancien ministre de la Réforme administrative] et affirme que ces démissions « sont un phénomène très sain ». Au sujet de la polémique que suscite le dédommagement des anciens prisonniers politiques, Jebali affirme que cette indemnisation est faite selon la législation internationale et qu'il s'agit d'« un véritable droit » comme il a été le cas pour les blessés et martyrs de la Révolution. Il a également tenu à préciser que le montant avancé par l'ancien ministre des Finances n'est qu'une « estimation personnelle » et que les dédommagements ne feront pas bénéficier un seul parti politique [NDLR : Ennahdha] mais concerneront toutes les victimes de répressions, à commencer par les yousséfistes et se feront progressivenet en fonction des cas. Jebali s'est également exprimé sur la situation sanitaire déplorable dans le pays affirmant que cette recrudescence des saletés dans les rues tunisiennes est « un phénomène datant des 10 dernières années mais qui a été amplifié juste après la Révolution ». Il a expliqué que ce phénomène, entre autres, s'expliquerait par le conflit politique dans lequel sont entrées les délégations spéciales qui ont remplacé les municipalités et qui ne sont plus en mesure d'accomplir correctement leurs tâches, d'autant plus qu'elles manquent de moyens. Il a également appelé à la responsabilité des citoyens dans ce phénomène. Hamadi Jebali revient également sur les récentes pénuries en eau courante vécues par certaines régions du pays et appelle à une consommation plus rationnalisée de la part des citoyens. Dans un discours qu'il veut rassembleur et conciliateur, le chef du gouvernement appelle à « instaurer le dialogue » au sein de l'Assemblée Nationale Constituante mais également avec l'UGTT, et ce, afin de « remédier au climat de tension dans le pays ». « Nul ne peut imaginer l'avenir de la Tunisie dans un climat conflictuel avec la centrale syndicale et les grandes organisations, telles que l'UTICA, etc. », déclare-t-il. Concernant l'augmentation des salaires exigée par l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), le chef du gouvernement a affirmé que ces augmentations ne feraient qu'aggraver la situation économique, déjà alarmante, de la Tunisie et ne font pas partie des priorités actuelles, à savoir, l'emploi, l'infrastructure, le développement régional, etc. Hamadi Jebali a également tenu à préciser que les élections municipales n'étaient pas encore d'actualité tant que la Constitution n'est pas achevée et précise : « Nous sommes en train d'accélérer les travaux pour terminer la Constitution ». Pour conclure, un leitmotiv qui revient sans cesse à la bouche du chef du gouvernement n'est autre que la « grande légitimité » conférée à l'Assemblée nationale constituante, grâce au « pouvoir de la majorité élue par le peuple », notamment, en matière de constitution de la nouvelle instance électorale.