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Tunisie - Ennahdha, partisan d'un dialogue de sourds
Publié dans Business News le 30 - 07 - 2013

Privilégier le dialogue, ce mot est sur toutes les lèvres. Aussi bien celles de l'opposition que du pouvoir lui-même, et à sa tête Ennahdha, qui joue ses dernières cartes en prévision d'une décrépitude imminente.
Mais à l'heure où les discours se font plus diviseurs que jamais, où la confiance de la majorité des citoyens et des hommes politiques est en berne, rien ne laisse présager que le parti majoritaire soit réellement prêt pour le dialogue et qu'il sache faire preuve d'importantes concessions...
« C'est par le dialogue que la crise sera dépassée », avait affirmé Ali Laârayedh dans son discours, d'hier, 29 juillet, diffusé en simultané sur toutes les chaînes TV et les stations de radio tunisiennes et repris par l'ensemble des médias de la place. Depuis l'assassinat de Mohamed Brahmi, le 25 juillet, les manifestants ont investi le siège du Bardo, revendiquant une immédiate chute du régime, une dissolution du gouvernement et de l'Assemblée nationale. « Le gouvernement ne cédera pas et continuera à assumer ses fonctions », a-t-il tranché à l'adresse de ceux qu'il a qualifiés d' « anarchistes ».
« Ça ne se passe pas dans la rue, dans le chaos ou la violence », avait-il dit. Les mots « chaos » ou encore « vide », « inconnu » et « désordre » ont ponctué son discours. Des mots avec lesquels il a qualifié les revendications des mouvements populaires organisés partout en Tunisie depuis l'odieux assassinat de Mohamed Brahmi, le jour de la fête de la République. « Ces appels à manifester, à revendiquer la chute du régime et des institutions de l'Etat, bafouent la démocratie et la souveraineté du peuple », dit-il.
Le ton a été rapidement donné. Lors de cette apparition tant attendue et suivie par les Tunisiens, le chef du gouvernement s'enfonce dans la division. A l'heure où le pays semble scindé en deux et que la contestation contre le pouvoir est toujours aussi vive, Laârayedh n'a pas délivré le message digne d'un chef de gouvernement de tous les Tunisiens attendu pour désamorcer la crise. Il a ouvertement appelé, en revanche, dans un discours agressif, à ce que « le peuple » sorte dans la rue et chasse ces « profiteurs [manifestants] qui ne pensent qu'à leurs intérêts personnels ».
Alors qu'il aurait dû anticiper pour reconquérir la confiance perdue des Tunisiens, Laârayedh reste dans le déni et semble sous-évaluer la gravité de l'étape actuelle. De par la fragilité de sa position, rien ne laisse présager qu'Ennahdha soit prêt pour le dialogue, et qu'il soit disposé à accepter, d'entrée, des consensus, avant même de se présenter à la table des négociations, fait remarquer le politologue Slaheddine Jourchi.
Dans un ultime chant du cygne, les membres du pouvoir tancent et menacent sur les décombres de leur légitimité, désormais partie en vrille. Pas plus tard que quelques jours, le député nahdhaoui Sahbi Atig avait appelé les partisans du pouvoir à écraser dans la rue tous ceux qui s'aventureraient à remettre en cause la légitimité. La légitimité, argument sacro-saint du parti au pouvoir, brandi à tous les débats et mélangé à toutes les sauces. Ennahdha, et ses alliés au pouvoir, n'en ont que faire que cette légitimité soit juridiquement, politiquement et moralement obsolète, depuis le 23 octobre dernier, elle reste, dans le discours, leur bouée de sauvetage.
Toutes les manifestations appelant à la chute du régime sont accompagnées par une contre-manifestation, plus timide certes, mais bien motivée, défendant la prétendue légitimité. Les manifestants pro-Ennahdha, séparés des partisans de l'opposition par des barrières métalliques et des fourgons de police scandent souvent des messages haineux : « Ceux qui appellent à la chute de l'ANC trahissent la Tunisie », « le peuple est tunisien et n'abdiquera pas », ou encore, « communistes assassins », avaient scandé les manifestants partisans de ce qu'ils appellent la légitimité (donc pro-Ennahdha) appelant à la résistance. Nous résisterons jusqu'à la réalisation des objectifs de la révolution et il n'y aura pas de coup d'Etat dans ce pays », a déclaré le député nahdhaoui, Fathi Ayadi.
Les membres du pouvoir narguent et se vantent, en somme. Une autre manière de dire « moutou bi ghaydhikom ». Autant dire que toute confiance est consumée avec l'autre frange de la population.
Les appels à la chute du gouvernement et de l'Assemblée nationale constituante, à laquelle les Tunisiens ont voté le 23 octobre 2011, symbolisent la quintessence même de l'échec en cette seconde phase transitionnelle et catalysent toute la colère des protestataires. Près de deux ans après leur élection, le rendement des élus est de plus en plus critique, le projet de Constitution est loin d'être terminé et la prochaine date des élections n'a pas été fixée. Chaque apparition télévisée des gouvernants est annonciatrice d'une date d'élections aussi improbable que farfelue destinée à apaiser l'opinion publique et à la rassurer, mais rien n'y fait. La boîte de Pandore a été ouverte et la confiance a été davantage entachée par les derniers incidents en date et le deuxième assassinat politique, celui de Mohamed Brahmi, semble constituer un point de non retour.
Le parti, se disant prêt pour le dialogue, ne l'est certainement pas et ce malgré les discours et les effets d'annonce. Il suffit d'aller sur le terrain pour le constater. Les « bonnes intentions » affichées du parti islamiste ne tarderont pas à faire chou blanc. Autant de mauvaise foi et peu de volonté de changement que ceux affichés au lendemain de l'assassinat de Chokri Belaïd.
L'opposition se rappellera certainement des péripéties des deux étapes du dialogue national qui se sont soldées par un déni total de la part d'Ennahdha des engagements traités avec ses alliés. En effet, le parti au pouvoir avait affirmé, sans vergogne, que les accords passés entre les différents intervenants présents au Dialogue national, n'engageaient en rien Ennahdha. La solution de sortie de crise, celle d'un gouvernement de technocrates, s'est avérée être un simple maquillage.
En conclusion, rien ne laisse présager que les choses seront différentes aujourd'hui…
Sourires en coin, expression narquoises et discours hautains symboliseront les gouvernants en cette période de crise. « Je suis ministre que vous le vouliez ou non », avait lancé Mohamed Ben Salem, ministre de l'Agriculture et membre d'Ennahdha, au journaliste et chroniqueur Sofiène Ben Farhat lors d'une émission sur Nessma TV, dans la soirée du 29 juillet. « Je suis ministre issu de la légitimité et je le resterai donc ».
Et pourtant, l'option d'un gouvernement de Salut national semble être admise auprès de l'ensemble des intervenants de la scène politique…y compris au sein de la Troïka elle-même. Ettakatol, allié d'habitude taciturne et timoré, a réclamé la démission du gouvernement et la formation d'un gouvernement de salut national en menaçant de quitter la Troïka si cette démission n'est pas effective. Le départ du gouvernement Laârayedh semble inévitable mais risque d'être suivi d'un maquillage pour combler les lacunes et apaiser l'opinion publique et la pression de la rue. Ennahdha flanchera-t-il ? Rien n'est moins sûr…


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